L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnon

Chapitre 38

Tous les trois réunis dans la chambre de leur laird, Cailean et Duncan le regardait faire les cent pas. Cela faisait au moins vingt minutes que Lachlan ne disait rien, se contentant de marcher de long en large plongé dans des pensées maussades. Ses traits contractés et les plis qui barraient son front ne laissait rien présagé de bon. Surtout couplé à son mutisme prolongé.

Les deux MacKinnon n'osait pas le déranger dans ses réflexions par crainte que la rage qui bouillonnait en lui ne s'extériorise trop violemment. Après tout, Cailean en portait encore quelques stigmates sur le visage. Duncan et lui échangèrent un regard. Cette passivité allait les tuer.

— Laird ? tenta Duncan sans se décoller du dossier de son siège.

Lachlan n'eut pas la moindre réaction. Son regard acéré restait fixé dans le vide. Les mots d'Euan allaient et revenaient dans son esprit, lame tranchante qui menaçait de le tuer de l'intérieur. Et si Catriona était réellement morte ? Et si, en la percevant comme une menace, Alistair avait décidé de s'en débarrasser de la plus radicale des façons ?

Il ne se le pardonnerait jamais. Non seulement parce qu'il tenait davantage à elle qu'à sa propre existence, mais aussi parce qu'il l'avait convaincue de céder à la tentation. Cela faisait de lui le responsable direct de tout ce qui aurait pu lui arriver.

Mais elle ne pouvait pas être morte, il le refusait. Alistair n'aurait pas pris un tel risque pour cette prétendue alliance. Il avait plus à perdre à tuer Catriona qu'à l'enfermer. Mais s'il lui avait fait quoi que ce soit, Lachlan le jurait devant Dieu, il torturerait le laird MacDonald jusqu'à ce qu'il le supplie de l'achever.

Cette pensée le remuant de part en part, il sursauta lorsque des coups furent portés contre la porte. Duncan se leva pour aller ouvrir, mais fit marche-arrière en voyant que son laird s'en occupait. Monroe entra dans la pièce, le souffle court. Lachlan l'observa, les sourcils froncés, tandis qu'il refermait la porte.

— Laird, je viens de parcourir tout le broch à votre recherche. J'ai découvert quelque chose.

Le cœur de Lachlan s'accéléra dans sa poitrine. Il espérait que cette découverte serait en lien avec Catriona. D'une main, il désigna le siège libre.

— Assieds-toi. Que se passe-t-il ?

— J'ai suivi MacDonald, comme vous le souhaitiez, répondit Monroe en s'asseyant. Ce matin, j'ai changé de cible pour filer l'un de ses hommes. Dès l'aube il l'a envoyé dans une partie bien moins fréquentée du château. Vous saviez qu'il y avait un couloir sous-terrain qui communiquait avec les cuisines ?

Son chef ainsi que ses camarades secouèrent la tête.

— Qu'as-tu découvert ? le pressa Lachlan.

— Ce matin, pas grand-chose, c'est pourquoi je ne suis pas venu directement vous voir. L'homme s'est engagé dans les sous-terrains et est allé échanger de poste avec un autre homme du clan. Il l'a relayé pour surveiller une porte. Cela m'a tout de suite interpellé, mais j'ai préféré attendre d'avoir des preuves pour vous transmettre l'information. Je suis remonté et MacDonald n'a pas eu l'air suspect, jusqu'à ce qu'il retourne dans ce couloir. Il est entré dans la petite pièce un court moment. J'ai préféré vous retrouver immédiatement. Je pense que nous avons retrouvé Catriona.

Lachlan croisa les bras. Comment être sûr qu'ils avaient bien retrouvé la piste de Catriona ? Il fallait qu'ils s'y rendent.

— Bien, allons-y, lança Cailean en sautant sur ses pieds.

Duncan s'apprêtait à le suivre quand le laird les arrêta d'un geste de la main.

— Nay, il nous faut attendre. D'abord parce que nous ne sommes pas sûrs, mais surtout parce qu'en pleine journée nous nous ferions trop remarqués. Nous allons vaquer à nos occupations, comme de coutume, et participer au dîner. Quand la plupart des MacDonald auront quitté le broch pour rejoindre leurs chaumières, nous partirons. Je préfère que nous prenions le moins de risque possible.