Chapitre 39

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— Qu'est-ce qui se passe, laird ? demanda Monroe en avançant jusqu'à lui. Ah.

Oui, « ah ». Catriona s'était visiblement occupée du garde elle-même. Lachlan était partagé entre la peur qui lui nouait l'estomac et la fierté qu'elle n'ait pas eu besoin de lui. Aux commentaires admiratifs qu'il percevait sans vraiment les écouter, ses hommes avaient déjà tranché. Le laird soupira tandis qu'il passait une main dans ses cheveux. Pour sa part, la peur l'emportait davantage.

— Nous devons trouver Catriona, souffla-t-il. Allons-y.

Ils n'eurent pas le temps de s'y opposer que, déjà, leur chef les dépassait, le pas raide. Dire qu'il aurait pu la serrer entre ses bras à ce moment. Il espérait au moins qu'elle se trouvait en sécurité.

— Que comptez-vous faire ?

La voix de Cailean l'interrompit dans le flot de scenarii qu'il créait l'un après l'autre dans son esprit.

— Improviser. De toute façon Alistair ne tardera pas à s'en rendre compte lui aussi.

Il devrait bientôt le confronter, il le savait. L'adrénaline pulsant dans ses veines, il ne prit pas la peine de retenir la puissance de ses pas alors qu'il montait les marches de pierre. Le dessous de ses bottes frappait le sol bruyamment et résonnait dans le silence de l'étroite cage d'escalier. Quand Lachlan eut atteint les cuisines, il fut surprise de voir de la lumière filtrer depuis la porte qui menait à la grande salle.

Duncan avait pris une torche avec lui pour rejoindre les cuisines et il l'avait ensuite accrochée au niveau de la première marche. Elle y était toujours, alors cela signifiait-il que quelqu'un s'était relevé ? Ou peut-être qu'ils avaient rêvé et que dans la grande salle subsistait déjà une lumière. La main prête à sortir son arme, Lachlan avança précautionneusement en direction de la porte close. Ses pulsations cardiaques cognaient contre ses oreilles dans une manifestation désagréable de son inquiétude grandissante.

Il avait l'impression de perdre le peu de contrôle qu'il avait eu sur la situation. Alors quand il posa la main sur la poignée et ouvrit le panneau qui les séparait peut-être d'une menace, Lachlan retint son souffle. Avant qu'il n'ait le temps de mettre plus d'un pied dans la pièce, une lame se glissa à proximité de sa gorge tandis que Alistair effectuait une petite rotation pour lui faire face, son épée toujours levée. Le fourbe s'était caché sur la gauche, contre le mur, pour s'assurer qu'il ne serait pas vu à la seconde où la porte les dévoilerait.

Deux de ses hommes se placèrent derrière lui, leurs armes dégainées, Euan en retrait. Paré à se battre, il se tenait pourtant derrière l'une des grandes tables, le visage couvert d'un masque de pierre. Impossible d'y lire la moindre émotion ou une quelconque hésitation. Il se contentait d'observer ce qu'il se passait, comme un spectateur peu désireux d'agir.

— Lachlan, sourit Alistair sans cesser de le dévisager, quelle surprise de vous trouver ici ! Ne manque-t-il pas l'un des membres de votre clan ? Je vois vos trois hommes, qui feraient mieux d'avancer sans montrer un seul signe d'offensif s'ils tiennent à votre tête.

Lachlan n'eut pas besoin de tourner la tête pour sentir ses trois comparses obtempérer avec prudence. Pas le besoin ni la possibilité, d'ailleurs. La pointe piquante du fer lui griffait la gorge, avertissement qui l'empêchait d'esquisser un mouvement.

— Vous devriez pourtant le savoir, répondit Lachlan en tentant de ne laisser paraître ni sa crainte pour Catriona ni sa fureur de se voir ainsi menacé, ce ne sont pas mes hommes les incompétents.

Le visage de son opposant se tinta de rouge.

— Que voulez-vous dire ? Vous ne me ferez pas croire que vous êtes déjà parvenu à la faire disparaître. Nous la retrouverons.

L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant