Chapitre 28

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Lachlan avait du mal à en revenir. Dès qu'Euan lui avait serré la main pour signifier leur accord, il s'était empressé de chercher ses hommes. Cette tâche n'avait pas été bien dure puisqu'ils aidaient des MacDonald à porter des sacs de grains. S'il avait été touché de les voir si serviables, il n'avait pas pris le temps de les en féliciter. D'un signe de tête, le laird leur avait demandé de les suivre et il avait envoyer Craig trouver sa sœur. En temps normal, il aurait apprécié y aller seul même si cela retardait leur entretien. Mais puisqu'il se faisait violence pour laisser Catriona un peu tranquille, il avait décidé de s'en abstenir.

C'était pour cette raison qu'ils se retrouvaient tous les cinq à attendre les deux personnes manquantes. La chambre paraissait tout de suite bien plus exigüe, ainsi remplie par la présence des highlanders. Alors que Cailean, Monroe et Duncan s'étaient assis sur les quelques sièges disponibles, Guillaume et Lachlan était nonchalamment appuyé contre un pan de mur, l'un face à l'autre. Enfin plus exactement, Lachlan était perdu dans ses pensées et Guillaume l'observait.

— Tu as l'air moins taciturne que tout à l'heure, lâcha-t-il l'air de rien en remuant le verre de vin qu'il s'était servi.

Quand il porta le breuvage rougeâtre à sa bouche, le Français plissa le nez, comme il avait coutume de le faire à chaque fois qu'on lui servait un alcool de piètre qualité.

— Vraiment, reprit Guillaume, le jour où je t'emmènerai en Bourgogne sur le duché de mon père, je te ferai goûter quelque chose qui ressemble vraiment à du vin.

Lachlan, qui tentait pourtant de rester sérieux, ne put s'empêcher de ricaner. Ce genre de remarque lui rappelait sa première rencontre avec son ami, alors qu'ils venaient tout juste de vaincre les forces anglaises après la bataille de Baugé. Alors qu'il se baladait dans leur campement, le Français s'était vu proposé un verre de vin écossais. Pour fêter leur victoire et surtout par attrait de l'alcool, il l'avait accepté... et avait recraché sa gorgée sur les chaussures déjà tachées de sang de Lachlan.

Une première rencontre qu'ils ne pourraient jamais oublier.

— Tant que tu ne me le craches pas dessus, tout va bien.

— Je t'ai déjà dit que je cherchais à nettoyer tes chaussures. Elles heurtaient mon bon goût.

— Bien sûr.

Lachlan leva les yeux au ciel, amusé. Par quel maléfice arrivait-il à lui faire oublier ses tracas ? En tant que laird, il aurait dû être grave et renfrogné. Pour montrer à ses hommes le sérieux et l'importance de ce moment. Ou peut-être qu'il en avait juste une image déformée parce qu'il n'avait aucun modèle à suivre et que Darren n'était pas là pour le conseiller.

Alors qu'il commençait à s'impatienter, on frappa délicatement à la porte avant que Craig ne l'ouvre. Visiblement, la politesse de Catriona l'agaçait.

— On nous attend, rentre.

— Ne me donne pas d'ordre, claqua-t-elle en tournant la tête dans sa direction.

De là où il se tenait, Lachlan ne pouvait pas voir son expression, mais il ne doutait pas qu'elle était féroce. Malgré lui, son regard dérapa sur ses formes, subtilement soulignées par sa robe écru, resserrée à la taille. Dire que seulement trois jours auparavant, il la tenait dans ses bras. Catriona se tourna vers lui, la tête basse, et se pencha légèrement pour le saluer.

— Laird.

Sa mâchoire se crispa. « Laird » ? Sérieusement ? Il avait envie de la saisir par les épaules et de la secouer comme un prunier pour comprendre ce qui lui prenait. Et vu les froncements de sourcils de Craig, Guillaume et Monroe, il n'était pas le seul.

L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant