Je me réveille avec un affreux goût de cuivre dans la bouche. Lorsque j'ouvre les yeux, je découvre avec stupeur que j'ai un bras en travers de la bouche.
Du sang ! Je suis en train de boire du sang ! L'homme aux yeux rouges me bloque son avant-bras plein de ce liquide chaud et âcre qui se déverse dans ma gorge. Une envie de vomir intercepte le sang qui coule à flots à l'intérieur de mon corps.
J'attrape son avant-bras, toujours aussi glacial. Je le serre le plus fort possible tout en le repoussant vers son visage. Il me fixe d'un regard de prédateur : ses yeux son rouge vif, pupilles dilatées comme si le fait que je boive son sang lui faisait éprouver du plaisir. Je lui mords le bras pour lui faire mal, mais encore plus de sang coule dans ma bouche. Je lui pince le bras, il ne réagit toujours pas. Je donne des coups de pied, mais son corps me plaque un peu plus contre le mur. C'est un animal, un monstre, il ne peut pas être humain. Je me sens si faible face à cette brute.
Soudainement il me pince le nez, parce qu'il sait que je garde tous son sang dans ma bouche pour pouvoir le recracher, et en me bouchant le nez je ne peux plus respirer. Pourquoi me faire avaler du sang ? Prise au dépourvu, je panique tout en gardant le sang, seulement l'air me manque déjà. Il continue de me fixer de ses horribles yeux de prédateur, alors que mes oreilles commencent à bourdonner. Je vois quelques taches noires qui apparaissent devant mes yeux. Je n'ai finalement pas le choix que d'avaler tous ce liquide épais. Mon corps frissonne tellement je suis écœurée. Il enlève ses doigts de mon nez et son bras de ma bouche. Il me reste encore un peu de sang que je lui crache à la figure. C'est en parfaite harmonie avec ses yeux de monstre.
-Qu'est-ce que vous êtes ? Marmonnai-je tremblante.
-Un vampire, dit-il sérieusement en s'essuyant le visage.
Je rigole jaune. À croire que je suis devenue folle.
-Arrête de te foutre de moi, criai-je au bord de l'hystérie.
-À ton avis, pourquoi je te donne du sang ? Pourquoi ai-je bu ton sang ?
Je me touche le cou où je sens deux trous de petites tailles et creux. Comme des traces de crocs. C'est tout simplement impossible, les vampires n'existent pas. Je réfléchis sans le lâcher du regard. Je n'arrive pas à ignorer ses paroles. Dois-je vraiment le croire ? Il m'a mordu, il m'a fait boire son sang et le plus terrifiant sont ses yeux rouges. J'ai encore du mal à le croire, mais n'importe quel taret faisant partie d'une secte peut reproduire ce qu'il vient de se passer. Je suis quelqu'un de rationnel et je sais que les vampires n'existent pas. Il délire, c'est tout !
Il sent ma réticence.
-Tu veux voir mes canines ? Il ouvre la bouche et m'attrape l'index qu'il presse sur sa dent très pointue.
-Aïe, criais-je.
Je veux retirer ma main, mais il la tient si fermement que je me fais mal au poignet. Du sang coule de mon doigt, il le lèche comme si c'était un simple coulis de fraise. C'est de plus en plus écœurant et glauque. N'importe qui peut se faire limer les dents.
Dans la cellule flotte l'odeur de sang, j'entends chaque bruit de pas, même un simple chuchotement. Mon bras qui me faisait mal après l'avoir percuté ne me fait plus mal. Mon ouïe semble plus développée, j'ai l'impression d'avoir deux cents personnes qui respirent près de moi. Le bruit est tellement fort que j'en ai mal à la tête.
-Qu'est-ce que tu m'as fait ? Hurlai-je, paniquée. Pourquoi j'ai l'impression que mes sens se sont développés ?
-Parce que je t'ai transformée.
-Je ne comprends pas. Bon sang ! Mais qu'est-ce que tu racontes ?
-J'ai vidé ton corps de tout le sang qu'il pouvait contenir. Je t'ai tuée, en quelque sorte. Ensuite, pour que tu renaisses je t'ai donné mon sang de vampire. Maintenant, tu es mon vampire, ma progéniture, mon double.
Plus il parle et plus il semble dégoûté par ses paroles.
-Je ne te crois pas ! Dis-je, complètement déboussolée.
-Parce que tu restes butée sur le fait que notre espèce n'existe pas. Tu ne t'en rends pas compte étant donné que je ne t'ai pas donné beaucoup de sang. Tous les jours, je viendrais te donner mon sang, comme tous ces gens autour de nous. Tu deviendras un vampire et tes sens se développeront encore plus.
-Si je refuse que tu me nourrisses ?
- Plus tu refuseras de te nourrir et plus t'a transformation sera lente et douloureuse. Je t'obligerais quoi que tu fasses.
-Et si je ne me nourris plus ?
-Arrête d'être bornée, dit-il froidement, comme tout être sans nourriture tu ne vis pas, donc sans mon sang tu mourras.
J'ai cru apercevoir pendant une seconde de la tristesse dans ses yeux de monstre.
-Je ne veux pas devenir un animal comme toi. Dis-je en ayant l'impression de divaguer et de parler avec un extraterrestre. Mon corps est à bout, je suis à la limite de hurler tout en m'arrachant les cheveux que je suis devenue paranoïaque.
-Je veux sortir d'ici, je veux rentrer chez moi. Criais-je, en tapant sur lui de mes petits poings.
J'ai envie de pleurer, je devrais pleurer. Je touche ma joue, mais rien ne coule, pourtant j'ai encore l'impression de sentir les larmes glisser sur mes joues.
-Un vampire ne pleure pas, me dit-il tout bas lorsque nos regards se croisent. J'ai perdu tellement de sang que je dois être trop fatigué pour pleurer.
Son visage est crispé par la douleur et la culpabilité.
Il se retourne tout en ouvrant la porte rouillée de ma prison. Il s'avance hors d'elle et referme derrière lui. Je ne vois plus que son dos comme s'il ne voulait plus voir la terreur sur mon visage. Cela ne m'étonne pas, car ses dernières paroles me font l'effet d'une gifle.
-Oublie ta famille, la seule qu'il te reste aujourd'hui c'est moi. Tu es mon double et moi le tien, je t'expliquerais plus tard. Bonne transformation et surtout ne lutte pas.
Il remet sa capuche noire et sort en même temps que les autres personnes habillées comme lui : sans doute des monstres eux aussi !
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Mon double
ParanormalTu n'as pas le choix Jenny, tu es maintenant mon double. Aucun retour en arrière n'est possible. Dit adieu et oublie tous les gens que tu as aimée car tu es maintenant morte à leurs yeux.