Chapitre 33 : Quand tout s'effondre

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J'ouvre les yeux difficilement, et comprend vite que je suis toujours bloqué derrière les barreaux. En m'asseyant, j'aperçois sur le sol une tâche de sang séché. Instinctivement je touche l'arrière de ma tête et trouve vite l'endroit où elle a percuté le sol. Je tente d'arranger mes cheveux poisseux de sang, lorsque la voix d'Aaron me rappelle sa présence.

-Comment tu vas ?

Mon corps malgré la fatigue se réchauffe au son de sa voix.

-Je ne sais pas, dis-je perdu. J'ai mal partout. Je n'en peu plus, j'ai envie de sortir d'ici, je...

L'angoisse commence à prendre le dessus, tout se brouille dans ma tête, j'ai l'impression de suffoquer derrière ces barreaux.

-Regarde-moi, Jenny.

Je me retourne et m'aperçois que son visage est inquiet. Lui ne perd pas une seconde lorsqu'il voit dans l'état où je suis. En une fraction de seconde, il se mord le bras, là où les veines sont apparentes. Aussitôt, je sens cette douce odeur de sang me donnant l'eau à la bouche. Mes crocs sorte automatiquement, n'arrivant plus à contrôler mon corps devenue en partie animal, je saute sur le bras d'Aaron tel une panthère. Une fois le sang dans la bouche mon corps s'apaise et se détend. Je me sens soudainement plus proche de mon double.

Ça va aller maintenant, tu avais simplement faim.

J'arrive à contrôler ma soif pour ne pas l'affaiblir plus qu'il ne doit l'être. Je lève mes yeux et croisent les siens.

-Je ne me nourrirais jamais comme eux.

-Je sais me dit-il, me laissant entrevoir un petit sourire fière de moi.

-Comment finissent les vampires qui cesse de se nourrir ?

-On en revient toujours au même stade; ils perdent toute conscience humaine, devenant complètement fou. Des bêtes sauvages.

-Même complètement dingue, je ne veux pas tuer des innocents pour me nourrir.

Il m'attrape le visage de ses mains douces. Je retiens ma respiration prise de court car jamais nous n'avons été aussi tactiles. Est-ce qu'il essaye de se faire pardonner ?

-Je sais, Jenny, je suis venue pour t'aider.

Je le repousse à contre cœur mais je ne peux pas le laisser dire ça.

-Non, tu n'aurais pas dû venir. Il va utiliser nos facultés à sa guise, il va décimer l'espèce humaine.

La colère monte alors que mon double reste calme, pourquoi ?

-Mais bon sang ! Aaron, tu ne te rends pas compte de ce qui va se passer, dis-je énervé.

Il attrape ma main à travers les barreaux et je le regarde interrogé.

-Écoute-moi, j'ai utilisé ma faculté et je sais comment tout ça va finir. Toute gaieté disparaît pourtant de son visage. Il me cache quelque chose, j'en suis certaine.

-Dis le moi.

-Tu risques d'être surprise. Il hésite. Je ne peux rien te dire, ça pourrait modifier le futur. Tout ce que je peux te conseiller c'est d'être forte.

-Non, criais-je en retirant sa main. Comment peux-tu encore me cacher ce genre de chose ? Je suis ton double !

-Je peux juste te dire que tout se finira bien.

-Jusqu'où est tu allais dans le futur ?

-Jusqu'à ce que nous sortions d'ici.

Il ne m'en dira pas plus, et cela m'agace. J'ai envie de lui dire qu'il n'est pas un bon double parce qu'il ne fait pas les choses dans le bon ordres. Et je vois la déception du faite que je ne capitule pas autant qu'il le souhaiterait.

Un bruit nous interrompt, quelqu'un entre dans la pièce et rien qu'à l'odeur de sang pourrie, je sais qui arrive.

-Bon, j'en ai plus qu'assez d'attendre, il est temps de changer le monde, hurle Samaël, théâtralement, les yeux luisant de cruauté.

C'est deux sous-fifres jamais bien loin nous font sortir de nos prisons. Je sens le regard de mon double cherchant le mien, mais je préfère fixer le vide, de peur de lâcher prise. Je me sens tellement seule. Je ne sais même pas si je peux compter sur Aaron, jamais il ne sera franc avec moi. À partir de maintenant je ne peux compter que sur moi-même. J'ai cette impression de porter la vie de l'espèce humaine sur mes épaules.

Les mains du chef se posent soudainement sur mes épaules qui se crispent automatiquement à son contact. Aaron s'agite à côté de moi, je continue à fixer le vide déterminé et pourtant effrayé. Samaël se rapproche de mon visage pour me susurrer à l'oreille.

-Maintenant que tu es en pleine forme, je vais pouvoir utiliser tes pouvoirs à ma guise.

-Vous avez juste oublié un petit détails, crachais-je, mes pouvoirs sont trop puissants pour être tel que vous.

Son rire est si cruel que mon corps se paralyse sur place.

-Je vois que tu n'ai pas au courant de la surprise de Léon. Apparemment il nous aurait ramené un certain humain; je crois qu'il s'appelle Tommy.

Tout cela l'amuse mais jamais il ne mentirais. Je réalise mot pour mot et j'ai l'impression de tomber d'un immeuble de dix mètres de haut. Je me retourne vers Aaron et croise enfin son regard, il ne nie pas et je me prend un poing en plein dans le ventre. Comment peut-il me dire que tout va bien finir, alors qu'ils ont trouvé le chantage parfait ? Pourquoi ne rien me dire ? Doit-il y avoir des morts pour que tout finisse bien ? Je n'en peux plus de toute cette mascarade, on me ment, on me manipule depuis le début. On joue avec mes sentiments pour m'utiliser. Léon n'aurait jamais dû me trahir et encore moins ramener Tommy, je veux qu'il souffre. Non, je veux que tout ces monstres souffres.

À l'intérieur de moi tout est en ébullition. Mon corps tremble et certaine vitres explosent autour de moi. Des chaises valdingue pour s'éclater contre les murs, je sens que ma rage prend le dessus lorsqu'une voix que je pensais ne plus jamais entendre, m'aide à reprendre le contrôle. Mes tremblement ralenti et je cherche d'où peut venir sa voix. Jamais je ne lui ferait de mal, pas à lui.

Il est derrière moi et j'hésite lorsque j'entends un mélange de surprise et de peur dans sa voix.

-Jenny ? C'est toi ?

Un flot soudain de questions m'empêche de me retourner vers Tommy. Dois-je vraiment le faire ? Je l'ai quasi abandonné, il risque de m'en vouloir. Et puis je suis différente maintenant, va-t'il seulement me reconnaître? Va-t'il être effrayé de voir que son amie est devenu un monstre ?

Je sais que pour y répondre il ne me reste qu'une seule chose à faire : me retourner.

Son visage se crispe d'effroi et il chuchote:

-Oh, mon Dieu !

Mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant