Aaron me ramène dans ma chambre, la main posée sur ma hanche tout en m'aidant à atteindre le lit. Je m'assoie au bord, contente de retrouver un certain confort. Il enlève sa main avec délicatesse, une certaine douceur que je ne lui connaissais pas. Je cherche un simple regard, mais je vois que son visage n'exprime que de la peine ainsi que de la souffrance. Celui qui me regardait avec de l'espoir tout à l'heure s'est volatilisé.
Je tourne la tête et aperçois le collier posé sur la table de chevet. Je le prends bien décidée à lui tirer les vers du nez. Il est interpellé par mon geste et se rend compte de ce que je tiens entre mes doigts, ses sourcils se froncent, je le sens se renfermer sur lui-même.
-Pourquoi une horloge ? C'est en rapport avec ta faculté ou bien avec notre durée de vie qui est quasi éternel ?
Il me l'arrache des mains, comme si je n'avais pas le droit d'y toucher.
-Tu es bien trop curieuse.
-Ce n'est pas une raison pour tout me cacher, tout le monde répète sens cesse que tu ne fais pas ton travaille, que tu ne m'informe pas sur certaines choses.
-Alors maintenant tu vas m'accuser sur ton indifférence. Rappelle moi, il n'y a pas si longtemps tu te moquais de tout ça, me dit-il rapprochant son doigt de mon front.
-Normal, j'étais humaine ! La colère me monte chaque fois que je me bute au mur qu'il bâtis entre nous deux.
-Et alors, moi aussi je l'ai été humain !
Je me sens impuissante devant son entêtement. Mon sang ne fait qu'un tour. Il fait tout pour dévier la conversation sur autre chose.
-Ça devait être jolie à voir ! Hurlai-je.
Calme-toi, maintenant.
Un horrible frisson me parcours le corps. Je comprends pourquoi il me parle par télépathie quand j'aperçois tous les objets autour de nous suspendu dans les airs. Même la grosse armoire flotte avec le bureau et ça chaise qui l'accompagne. Non ! Je ne pas faire cela !
Je suis effrayée par ce que je peux faire rien qu'en étant un peu en colère. Si j'arrive à soulever une chambre entière, alors de quoi suis-je capable si j'éclate de fureur ?
Ma frayeur est tellement soudaine que tous les meubles retombent dans un horrible fracas. Je reste pétrifiée sur le lit, alors que Léon est déjà là aidant Aaron à remettre les meubles en place sans vraiment de difficulté.
J'ai envie de plonger dans l'oreiller et pleurer toutes les larmes de mon corps. Je ferme les yeux faisant comme si les larmes coulaient le long de mes joues même si rien ne se passe. Je me sens moins frustré. Tout est là pour me rappeler que c'est une autre partie de mon humanité que j'ai perdue, c'était peut-être mon côté faible mais qu'est-ce que je la regrette. Je suis pétrifiée sur le lit j'ai peur de mes gestes, j'ai peur de ne plus me contrôler. Aaron me voit dans cet état et pourtant il s'en va, alors que je ressens des sentiments de profonde compassion à mon égard. Est-ce ça façon de me montrer qu'il me comprend ?
C'est finalement Léon qui joue le rôle de celui qui me réconforte. Il m'allonge sur le lit et je m'agrippe furtivement à ses vêtements plongeant ma tête dans son torse.
-Pourquoi moi ? Arrivai-je à articuler.
-On est tous passé par là ma belle, me dit-il d'une voix sereine en me caressant les cheveux. Tu sais, Aaron est lui aussi puissant, il savait qu'en te transformant tu pourrais être aussi puissante que lui.
- Alors, pourquoi s'en va-t-il quand j'ai besoin de lui ?
- Il te voit te détester et avoir peur de toi-même. Il culpabilise à chaque fois que tu lui en veux, n'oublie pas qu'il souffre avec toi.
Ses mots résonnent dans ma tête et je m'endors finalement épuisée par cette affreuse journée. Justement, je ne sais pas comment j'arrive à m'endormir avec un sentiment de bien-être.
Je me réveille surprise de voir Aaron à mes côtés et non Léon. Je n'ai que son dos en gros plan quand je le vois en train de trifouiller le collier dans ses mains. Il sait que je suis réveillé et il sait que je l'écoute.
-Tu as raisons, le pendentif de l'horloge représente ma faculté. Je voyageais dans le temps. Un jour, j'ai été trop gourmand en retournant sans cesse dans le passé, à force j'ai voulu y rester rongé par la tristesse. Puis je m'y suis perdu ne sachant plus si j'étais dans le présent ou dans le passé.
-Comment tu en es sortie ?
-Blaise a fait cesser le fonctionnement de mon cerveau.
Voyant que je ne comprends pas tout il continue.
-Je voyage dans le temps avec l'esprit, mon corps reste dans le présent mais mon esprit va où je lui demande d'allé. C'est un peu comme si j'étais dans un coma.
-Peux-tu changer les choses quand tu es dans le passé ?
-Non, ou du moins pas vraiment, j'ai essayé mais tout à un prix. J'y ai appris qu'une fois ton destin scellé il en est ainsi. J'ai essayé de sauver des vies, mais je ne faisais que retarder leurs morts car ils mourraient dans d'autres circonstances. Je ne faisais que me torturer l'esprit et le cœur. Tu ne joues pas aussi facilement avec le mort. Je peux juste modifier certains actes.
-Et le futur ?
-Jamais je ne suis allé voir ce que me réservait le futur. C'est bien trop dangereux.
-C'est pour cela que Léon dit que tu as un pouvoir puissant.
-Oui, parce que je suis capable de modifier le passé pour que le présent soit différent et aussi parce que beaucoup voudraient connaitre leur futur. Mais toi c'est bien pire, c'est pour cela que plus tu te contrôleras, moins tu te feras remarquer ainsi personne n'essayera de t'utiliser à de mauvaises fins.
-Tu vas m'aider ? J'ai vraiment besoin de savoir qu'il est là pour moi.
-Ais-je vraiment le choix ? Me demande-t-il. Je suis sérieusement choquée par sa question qui n'en est pas une ! Il se lève (alors que j'ai la bouche grande ouverte toujours stupéfaite) et se retourne en me souriant pour la première fois depuis ma transformation.
Je lui souris en retour même si le sien a déjà disparu. Est-ce que me parler lui a fait du bien ? Je sais qu'il ne m'a pas tout dit mais que c'est un énorme pas en avant. Pourtant, j'ai toujours le sentiment que l'on me cache quelque chose de bien plus important.
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Mon double
ParanormalTu n'as pas le choix Jenny, tu es maintenant mon double. Aucun retour en arrière n'est possible. Dit adieu et oublie tous les gens que tu as aimée car tu es maintenant morte à leurs yeux.