Chapitre 22 : Délicieux

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Nous sommes assis sur les marches de l'église, tout ça pour me faire comprendre qu'un vampire peut aller prier sans finir en poussière. Je suis presque sûre qu'Aaron y est allé plusieurs fois, alors que pour moi prier c'est espérer qu'une simple prière puisse changer les choses. Au point où j'en suis, je ne crois plus en grand-chose et remet toute mes croyances en questions.

Après un long silence, qui me fait l'effet d'une crème apaisant une blessure, Aaron prend la parole avec beaucoup de sérieux.

-Si tu veux rentrer, tu n'as qu'à le dire.

-Non, j'aime trop cet endroit pour partir maintenant.

-C'est toi qui décide.

-Dis-moi, pourquoi avoir choisi cette ville plutôt qu'une autre ?

-Parce que c'est la plus proche de notre repère et parce qu'il fallait que tu affrontes ce genre de situation. Tes avis de recherche sont étalés un peu partout dans la région. Je n'aurais pas pu te le cacher bien longtemps.

-C'est dur, j'ai l'impression d'être dans une cage transparente. J'ai beau leurs crier que je suis là, juste devant eux, mais il passe devant moi sans me voir.

-Je suis aussi passé par là, sauf que j'étais à l'époque un adolescent turbulent. J'en ai fait voir de toutes les couleurs à mes parents, au final ils ont cru à une fugue, même après plusieurs années je n'ai pas eu le droit à autant d'avis de recherche que toi.

-Il doit y avoir un dossier spécial, rien que pour nous, jeunes adultes disparues.

-Pas forcément, certains vivaient dans les rues, abandonnés à leur propre sort et d'autres comme Léon, qui ne se souviennent pas de leur vie d'humain. On n'a jamais su pourquoi, c'est peut-être dû à une enfance difficile.

Léon aurait été un enfant battu ou bien abandonné dans un orphelinat ? Seul son créateur doit le savoir mais est-ce Jake qui a transformé Léon ?

Aaron se lève et s'étire les bras vers le ciel. Il me tend la main avec un petit sourire. Je le vois différemment, son visage est moins dur et ses cheveux en bataille, brille sous le clair de lune.

-Allons manger !

J'hésite, regardant sa main puis j'y plonge quand même la mienne, ce qui me donne l'impression de renforcer notre lien.

-Je sens que je ne vais pas aimer ça.

-Nous ne massacrons personne, dit-il avec un petit rire.

Nous marchons l'un à côté de l'autre lorsqu'il s'arrête devant une maison.

-Nous nous nourrissons tard dans la nuit car la plupart des gens dorment à cette heure-là et aussi parce que le soleil nous rend vulnérables, mais ça tu le savais déjà, dit-il un tant soit peu pour m'agacer.

Il s'approche de la porte d'entrer qui s'ouvre sans même faire de sienne.

-Les humains se croient en totale sécurité dans des petites villes comme la tienne.

Alors que nous rentrons dans la maison, je me sens mal alaise de rentrer chez des gens comme des voleurs. Aaron ne prend pas la peine de marcher sur la pointe des pieds, il est totalement détendu et je comprends qu'il ne fait aucun bruit lorsqu'il passe sur le parquet du salon.

La télépathie sert aussi de communication silencieuse comme dans cette situation.

Je suis effrayée rien qu'à l'idée que quelqu'un se lève et nous surprend dans leur salon, surtout si c'est gens ont vu mes photos placardées sur les panneaux ou même dans les journaux.

Mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant