Pour l'amour d'un tyran | Eremika

Chapitre I : Aube

Il était tard. Bien trop tard pour qu'elle ne puisse songer à trouver le sommeil.

"Rah de toute façon, ça ne changera rien si j'essaie de m'endormir maintenant" pensa-t-elle.

L'aube surplombait déjà l'horizon et Mikasa savait que d'ici quelques heures tout au plus, le jour se lèverait. Un jour nouveau sous lequel ses pas allaient à présent se confondre avec ceux du souverain. La jeune femme se leva discrètement de son lit afin de ne pas réveiller les autres jeunes servantes avant de diriger ses pas en direction de la cour pour pouvoir admirer les premiers rayons du soleil refléter contre les ornements en silice de la cité. Le palais dynastique était un lieu immense dans lequel il était relativement facile de se perdre. La particularité du palais résultait de sa construction qui s'apparentait à une micro cité. Le palais, a proprement parlé, était l'édifice abritant les appartements et la salle du trône du souverain. La cité, quant à elle, était articulée par de nombreux bâtiments à l'architecture travaillée logeant d'importants représentants du parti ou autres invités. A cela, il fallait rajouter plusieurs cours et autres jardins luxuriants, une volière abritant plusieurs espèces d'oiseaux différents, une grande écurie ainsi qu'un potager et une ferme afin d'alimenter les cuisines du palais. Les domestiques et autres employés logeaient quant à eux dans une partie qui leur était proprement consacrée. De petits pas intrépides vinrent soudainement sortir la jeune femme de ses pensées.

- Tu n'es pas discrète Sasha.

- EHHHH...Comment est-ce que tu as su que c'était moi ?!

- Peut-être parce que tu es là seule capable de te faufiler n'importe où sans que personne ne te remarque ?

- Tu dis ça parce que j'ai volé dans les réserves de la cuisine la nuit dernière ?

- En partie oui, estomac sur pattes ! lança-t-elle en riant doucement.

Sasha était également l'une des nombreuses servantes du château. Elle était la seule à estimer un tant soit peu Mikasa contrairement aux autres servantes du palais. La plupart d'entre elles se contenter de l'ignorer en raison de son affiliation avec le continent de Mahr. Elle était simplement l'esclave étrangère qui venait ternir la prestance des Eldiens du palais. Pourtant, Mikasa n'avait sa place nulle part et elle n'avait plus de chez elle. Vivre en tant qu'esclave au sein de ce palais donnait un semblant de sens à sa vie depuis que l'empire Mahr était parvenu à décimer l'ethnie toute entière dont elle tirait ses origines. Sa vie sur le continent ne s'était résumée qu'à vivre cachée, recluse aux côtés de sa mère dont le chagrin l'avait emporté lorsque son père avait été condamné à combattre pour la grandeur de Mahr. Il ne lui restait plus rien avant même que le souverain ne foule les terres ennemis de sa macabre armée de titan.

- Tu comptes t'enfuir ?

- Je n'ai nulle part où aller et puis tu sais vivre entre ses murs n'est pas la pire chose que j'ai pu être amenée à vivre.

- Tu ne peux pas penser comme ça Mikasa, contrairement à toi, je n'ai pas été achetée comme esclave, je suis venue ici de mon propre gré ! Tu ne peux pas continuer de supporter cette situation infiniment et accepter tout ce qu'on t'inflige.

La jeune femme aux cheveux noirs de jais laissa échapper un long soupir avant de tenter d'expliquer à Sasha qu'elle devait cesser de s'inquiéter autant pour elle.

- Combien de fois il faudra que je te le répète ? Ce n'est pas parce que je me fais malmener par quelques écervelées que je dois forcément trouver un moyen de m'enfuir.

- Quelques écervelées ? Cette pourriture de Mariah ne te laissera pas en paix avant d'avoir ta peau et tu ne pourras jamais rien faire contre elle !

- Comme je te l'ai dit, ce n'est pas insurmontable.

- Rahhhh, tu m'agaces à subir de la sorte, soupira Sasha.

- Tu dis cela alors que le simple fait de te tenir à mes côtés risquerait de te causer des ennuis...pourtant tu n'hésites jamais à venir m'aider.

- Bien évidemment ! Je trouve ça stupide de te considérer comme une moins que rien tout cela parce que tu es une esclave fraichement débarquée de Mahr ! Et puis franchement t'en connais beaucoup des Mahrs qui ont ta tronche ?

- Ma tronche ?

- Bah ouais quoi ! T'es la plus jolie fille que j'ai jamais vu ! Une des seules que je connaisse avec des traits d'une telle finesse, un teint si parfait et des cheveux aussi soyeux !

- Ne dis pas de bêtises...

- Et toi arrête de sans cesse refuser d'accepter la réalité ! Je suis sûre que tout se mêle à un peu de jalousie. Et la jalousie est un sentiment néfaste.

- Jalouse de moi ? Décidément, ma pauvre Sasha, te lever tôt ça ne te réussit vraiment pas...

"Jolie ? Au point d'en rendre certaines jalouses ? Quelle ironie ! " pensa Mikasa à réprimant une expression de surprise.

À ses yeux, ses traits n'étaient que synonymes de souffrance. A cause de ces mêmes traits, elle n'avait connu que le sentiment de peur que de les dévoiler sous peine d'être injustement exécutée. Mikasa observa ainsi naïvement le reflet de son image dans l'eau vacillante de la fontaine sur laquelle elle était assise. Son teint était particulièrement laiteux et il contrastait avec sa longue chevelure noire qui retombait parfaitement raide dans le creux de son dos. Ses grands yeux tirés en amandes étaient d'un gris irisé et ses lèvres charnues arboraient une charmante couleur rosée.

Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle entendait quelque chose d'aussi absurde. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un lui formulait de tels propos.