Pour l'amour d'un tyran | Eremika

Chapitre IX : Manipulation

Cela faisait presque trois jours que Mikasa était partie dans le village forestier de Dauper afin de venir en aide à son amie. La présence de la jeune femme semblait manquer au souverain qui manifestait une humeur exécrable. Néanmoins, il avisait de prendre sur lui lorsqu'il repensait au merveilleux sourire que Mikasa avait daigné lui offrir. Au-delà de ce sourire, il savait que l'éloigner du palais pendant quelques jours était une cause nécessaire. En effet, il savait que l'un de ses missionnaires allait bientôt rentrer au palais et il ne souhaitait en aucun cas que son regard ne se pose sur sa protégée. Tandis qu'Eren s'appliquait à terminer la rédaction d'un traité, une serveuse s'annonça avant d'entrouvrir la porte.

- Majesté, monsieur Kirshtein vient de rentrer et demande à vous voir...

- Oh...Il est déjà là ? Faites le entrer.

- Bien majesté.

La jeune disciple se retira avant de laisser place au dénommé Kirshtein. Il s'agissait d'un jeune homme du même âge qu'Eren dont l'état des cheveux et de son rasage laissaient deviner qu'il revenait d'une longue expédition. L'homme semblait quelque peu agacé et s'affala en toute impolitesse dans l'immense canapé de la pièce sans attendre la permission du souverain. Il balança ensuite une pile de documents froissés sur la table basse, visiblement lassé de les avoir consultés un nombre incalculable de fois.

- Moi aussi Jean, je suis ravie de te revoir, lança Eren avant de s'installer en face de lui.

- Pas la peine de jouer de tes sarcasmes Jaeger ! Je sais très bien que tu m'as pris pour un con !

- Moi ? J'aurais fait ça ?

Jean serra les dents visiblement énervé par les taquineries du souverain.

- Elle est déjà ici, pas vrai ? Celle que tu m'as missionné d'aller trouver sur le continent !

- Peut-être bien, oui...

- Tu le savais n'est-ce pas ?! Tu le savais qu'elle se retrouverait ici ! Alors pourquoi m'avoir envoyé sur le continent, hein ?!

Eren afficha un regard sombre et les commissures de son sourire s'élargir distinctement lui octroyant ainsi un air des plus malicieux.

- Parce que je savais très bien que tu l'aurais regardé avec appétit...

- Q-quoi ?!

- Voyons Jean. Je ne suis pas dupe, le peu de portrait que j'ai pu faire dresser d'elle te rendait déjà ivre. Je souhaitais simplement t'éloigner quelque temps pour que ton regard ne se pose pas sur elle au moment où je savais qu'elle arriverait.

- Tu as menacé d'exécuter ma famille si je ne trouvais pas cette fille rapidement et tu m'as envoyé sur le continent pendant presque 6 mois !

- Ta famille se porte comme un charme. Elle n'est ni enfermée et n'a jamais été menacée. C'était simplement un prétexte pour que tu daignes quitter Paradis.

- Tss ! J'aurais dû m'en douter ! Pourquoi prendre toutes ses mesures alors que je ne la connais même pas !

- Parce que même si tu n'en as pas conscience, je sais très bien qu'elle risquerait de devenir l'objet de ta convoitise. Je n'avais donc d'autre choix que de prendre les mesures nécessaires pour orchestrer sa venue ici.

- Tu manipules cette fille comme si ce n'était qu'un simple jouet ! Et je suis sûre que tu ne lui as jamais dit que tu étais à sa recherche !

- Elle n'a pas pour le moment nullement besoin de le savoir...

- Où est-ce qu'elle est ?!

- Elle n'est pas ici. Je l'ai envoyé dans un village près des montagnes rejoindre l'une de ses amies. Mais, si ça peut te rassurer c'est elle qui à demander à y aller.

Jean serra les dents et agrippa son bras afin de ne pas se laisser dépasser par son envie de mettre son poing dans la figure d'Eren.

- Tu t'es arrangé pour que cela arrive, n'est-ce pas ? Tu as fait en sorte qu'elle te formule cette demande, hein ?

- Tu penses que je suis un si fin calculateur ?

- Je sais de quoi tu es capable pour arriver à tes fins !

- Alors peut-être bien que oui, encore faudrait-il le prouver.

- Kss ! Tu ne pourras pas cacher ton vrai visage éternellement et quand elle découvrira l'ampleur de ta folie, elle te fuira !

Eren frappa son poing sur la table basse avant de violemment saisir Jean par le col de sa chemise qui se déchira légèrement. Il plongea son regard sombre dans les yeux de celui qu'il considérait comme une simple victime collatérale. Lentement, Eren resserra sa main avec une telle simplicité qui lui aurait été facile de briser le cou de Jean d'une aisance à faire pâlir.

- Tu ne sais pas tout ce que j'ai enduré pour faire en sorte que rien qu'une seule fois je puisse me tenir à ses côtés et faire en sorte que nous soyons réunis. J'ai bien trop sacrifié pour me faire moraliser par le petit merdeux de déserteur que tu es. Je te permets d'être familier avec moi, car tu n'es rien. Mais tu devrais commencer à vivement peser tes mots où je risque de te faire la peau.

Le souverain relâcha Jean comme s'il n'avait été qu'une vulgaire proie. L'homme aux yeux rougis par la force de la strangulation s'échoua à même le sol, haletant bruyamment pour tenter de reprendre de l'air. Eren quant à lui s'installa à nouveau derrière son bureau en veillant à faire disparaître les marques de sa rage qui s'étaient creusées sous ses yeux. 

- Regagne ta province et ne t'avise pas d'entraver mon chemin.