Pour l'amour d'un tyran | Eremika

Chapitre XXII : Révélations (partie 1)

Autour d'elle, tout était encore flou, déformé par d'affreux vertiges. Mikasa reprenait progressivement conscience ignorant totalement ce qui venait de lui arriver. Elle remarqua rapidement qu'elle était solidement attachée sur une chaise des plus inconfortables, mais elle était incapable de situer le lieu dans lequel elle était invraisemblablement captive. C'était une vaste pièce sans la moindre fenêtre, ni même une simple lucarne. Les murs bruts faits de pierres conféraient une ambiance des plus austères et l'importante humidité de l'endroit n'arrangeait en rien. Seules quelques bougies avaient été allumées et la faible lueur qui miroitait sur les parois humides, lui empêchait d'appréhender réellement l'immensité des lieux. Mikasa tenta de se remémorer les dernières images qui lui restait avant de se retrouver attachée au milieu de nul part. Elle se revoyait, encore hésitante devant la porte du bureau du souverain, prête à lui annoncer qu'elle était enceinte. Ce fut à cet instant qu'elle sentit une main sauvagement l'étouffer à l'aide d'un mouchoir imbibé d'une étrange substance. Il lui était impossible de se souvenir de l'identité de son ravisseur étant donné qu'il s'était appliqué à la surprendre discrètement de dos.

- Enfin réveillée....J'aurais peut-être dû y aller plus doucement sur le protoxyde.

- Vous êtes...

- Floch Forster, l'un des bras droit de votre "cher" souverain.

- Chef, vous devriez vous dépêcher ! On a déjà perdu assez de temps comme ça, s'écria un homme depuis la pénombre de la pièce.

- Qu'est-ce que vous me voulez ? Pourquoi m'avoir attachée ?! Relâchez moi tout de suite et je tairai toute cette histoire !

- Ne soyez pas inquiète, Mademoiselle Ackerman, je veux simplement discuter.

- Comment pouvez-vous rester aussi calme ? N'avez vous aucune crainte sur ce qu'il vous fera une fois qu'il me retrouvera ?

- Encore faudrait-il qu'il vous retrouve...

- Qu'est-ce que vous allez me faire !? s'inquiéta Mikasa  en s'agitant.

- Je vous l'ai déjà dit, discuter. Et je n'aurais rien besoin de faire pour que vous vous décidiez à partir de vous-même.

- Que voulez-vous dire ?

- Vous pensez vraiment que votre rôle de suivante résulte du plus grand des hasards ?

- J-je ne vous comprends pas.

- N'avez-vous jamais cherché à comprendre pourquoi le souverain était-il aussi attentionné avec vous ? Ni même à quel degrés, il vous avez déjà manipulé ?

- Vous vous trompez, Eren et moi nous sommes rencontrés à cause d'un stupide accident !

Un large sourire se dessina sur le visage du soldat qui semblait amusé de voir à quel point la jeune femme était crédule.

- Stupide accident ? Vous voulez dire, l'accident où Eren m'a ordonné d'aller mettre dans la tête de Mariah qu'il serait vraiment amusant d'empoisonner la nourriture pour oiseaux et de vous faire porter la responsabilité de ce crime ?

- Q-quoi...

- Ou bien la fois où Eren m'a gentiment donné la mission de faire en sorte que le père de votre amie tombe accidentellement afin que vous puissiez lui rendre visite ?

- V-vous mentez !

- Comment serais-je au courant de tous ces détails ? La vérité est bien plus simple que vous ne pouvez l'imaginer.

Le soldat à la chevelure de feu marqua une pause avant d'attraper une pile de documents qu'il avait emmené avec lui. Il prit soin de tous les attraper avant de les jeter sur une petite table située juste devant Mikasa. Ayant piqué sa curiosité, il était conscient qu'elle ne fuirait pas. Il sortit un petit poignard de son pochon, avant de détacher ses liens. Décontenancée, des larmes s'écoulèrent sur les joues de la jeune femme lorsqu'elle réalisa que ces documents étaient en majeure partie des ordres destinés à mener des recherches pour la retrouver. Les descriptions, les portraits la dessinant traits pour traits, tout portait à croire qu'Eren l'avait toujours recherché.

- Qu'est-ce que....Expliquez-moi ! hurla-t-elle en étouffant ses pleurs.

- La vérité, c'est que le souverain vous a toujours recherché et cela depuis que la souveraineté d'Eldia a été reconnue. Vous êtes un jouet qu'il manipule délibérément pour se moquer de la cour.

- Pourquoi...pourquoi...est-ce qu'il ferait ça...c'est insensé !

- Vous oubliez trop souvent qu'il n'a plus rien d'humain. Ses comportements ne sont pas toujours justifiés.

C'était impossible à croire et pourtant, toutes ces preuves étaient suffisantes pour condamner ses agissements. Pourquoi ne lui en avait-il jamais parlé ? Pourquoi avait-il préféré se comporter comme si tout cela avait toujours été spontané ? Tout portait à croire que Floch avait raison, le souverain se jouait d'elle. L'esprit de Mikasa était totalement embrumé par tous ses souvenirs passés à ses côtés, sans qu'elle ne parvienne à savoir s' il avait déjà été sincère avec elle. Mikasa se laissa tomber à même le sol, elle était complètement anéantie. Elle ne savait ni quoi faire, ni quoi penser, ni même où aller, sans parler du fait que ce même petit jeu l'avait conduit à tomber enceinte. Alors que Floch rangeait ses preuves accablantes, satisfait de lui avoir tout révélé, des cris de terreur vinrent résonner dans les quatre coins de la pièce. Les hurlements de douleur poussés par ses hommes certainement postés à l'entrée de la pièce, mêlés au craquement de leur os étaient à glacer le sang. Cette anarchie ne laissait aucun doute sur ce qui était en train de se passer et cette même ambiance laissait penser qu'un terrible monstre se tapissait dans l'ombre, prêt à achever son dernier pion.  Floch se tourna en direction de la pénombre où deux yeux émeraudes d'un vert presque luisant se rapprochèrent dangereusement. Quand soudain, le soldat fut brusquement attrapé par la gorge. Même si la lueur des bougies demeurait insuffisante, Mikasa reconnut indéniablement le visage du souverain, terni par la rage et la folie. Sa poigne était telle qu'il aurait pu facilement rompre le cou de Floch comme celui d'une vulgaire volaille. Pourtant, lorsqu'Eren remarqua l'état dans lequel Mikasa était, il relâcha immédiatement le soldat presque inconscient, préférant s'assurer qu'elle allait bien.

- Mi...Mikasa...Tout va bien ? Qu'est-ce qu'ils ont osé te faire ?!

Bienheureux d'avoir pu mener son plan jusqu'au bout, le soldat roux prit un malin plaisir à lui faire savoir ce qu'il avait fait malgré son faible souffle.

- Nous... lui... avons tout... révélé, vos... ordres, les... missions qui... nous ont été... confiées. Il... est... temps de... recentrer... votre gouvernance... sur les intérêts...de notre peuple...