Chapitre 53

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- Innie, dépêche-toi ! S'écria Sumin en courant vers moi.

Il se plaça derrière mon dos, avant de me pousser, priant pour qui je passe la seconde.

- C'est bon, c'est bon... Soupirais-je. J'arrive.

Le bleuté me fit un grand sourire, avant de trottiner pour rejoindre nos deux colocataires qui entraient déjà dans le bâtiment principale. Je soupirais lourdement.

Depuis quelques jours, j'étais vraiment fatigué. J'avais beau faire des grosses nuit, je me réveillais le matin comme si je n'avais pas fermé l'œil. Je ne voulais pas l'admettre, mais pour une raison que j'ignorais, j'étais indéniablement exténué.

- Bon appétiiit ! Sourit Sumin en saisissant ses baguettes, avant d'entamer son petit déjeuner sans se faire prier.

Je souris, avant de moi aussi me saisir de mes couverts, me penchant vers mon bol de riz. Mais après seulement quelques bouchés, je n'avais plus faim.

- Tu manges pas ? S'inquit Chunso à ma gauche.

- J'ai pas très faim... Soupirais-je en reposant mes baguettes.

- Tu devrais quand même manger. Sourit doucement le noiraud.

- Oui, surtout qu'on a danse, après. Ajouta Sumin en se penchant vers moi. Il faut que tu prennes des forces !

J'affichais une mine interrogative, tandis que le bleuté attrapait un bout de mon omelette entre ses baguettes, avant de le lever devant mon visage.

- Tiens ! Sourit-il.

- Sumiiiin... Me plaignais-je, n'appréciant pas les regards qu'on nous lançait et n'ayant de toute manière aucune envie de manger.

- Alleeeeez ! Insista le garçon d'océan. Juste cette bouchée !

Je soupirais, avant de m'approcher, gobant tout de même cette pauvre omelette. Sumin eut l'air satisfait et il se rassit, finissant à la hâte son copieux déjeuner.

°°°

- Bon ! Fit madame Han en posant ses mains sur ses hanches rebondies une fois qu'on fut tous réuni au centre de la salle de danse. Ça fait maintenant un moment que nous nous voyons dans ces cours de danse, et vous avez tous fait d'énormes progrès. C'est pourquoi, aujourd'hui, j'aimerai que certains d'entre vous présentent leur petite chorégraphie devant tout le monde.

Aussitôt, ses chuchotements s'élevèrent au sein du groupe, et je sentis mes muscles se crisper.

- Bien sûr, je vais désigner les quelques heureux élus au hasard ! À moins qu'il n'y ait des volontaires ?

À ma droite, Sumin trépignait d'impatience, faisant inconsciemment tourner les multiples bracelets qui emprisonnaient ses poignets. Madame Han dirigea sont regard vers lui, avant d'esquisser un sourire.

- Sumin ? Tenta-t-elle.

À peine avait-il entendu son nom que le bleuté sauta sur ses pieds, se dirigeant en sautillant près des grands miroirs. Je pouffais doucement, avant de ramener mes genoux contre ma poitrine, observant avec attention ce garçon qui me rendait fou et heureux à la fois.

Sumin se mit en position, ses bras levés soulevant légèrement son court t-shirt blanc. Il jeta un regard vers notre animatrice de danse, avant de hocher la tête, lui donnant le feux vert pour lancer la musique.

À peine les premières notes eurent-elles raisonnés dans la salle aux murs de miroir que le bleuté se mit en mouvement, exécutant à la perfection ces pas qu'il avait tant répétés.

À cet instant, alors que ses cheveux ondulaient doucement autour de son visage à cause la transpiration, son t-shirt dévoilant un peu plus son torse à chaque seconde et son visage souriant concentré sur sa performance, je le trouvais beau. Infiniment beau.

Je souris inconsciemment, ne manquant pas une miette de ce spectacle qui faisait s'agiter mon cœur. Et quand Sumin cessa tout mouvement, ce fut bien trop rapidement à mon goût.

- C'est très bien, Sumin ! Le félicita madame Han en ramenant ses fines tresses blondes près de son cou.

Et le bleuté revint, tout content, s'asseoir près de moi.

- Alors ? Demanda-t-il tandis que je détournais le regard. C'était comment ?

- T-très bien... Répondis-je vaguement. Mais la prochaine fois, mets un t-shirt plus long...

Sumin pouffa, avant de me donner un petit coup dans les côtes. Je lui lançais une grimace, et il se contenta de me tirer la langue. J'allais riposter, mais il s'était à nouveau concentré sur le cour, et je n'insistais pas, me contentant de rediriger, moi aussi, mon attention vers madame Han.

°°°

- Bien, c'est très bien, tout le monde ! Nous félicita notre animatrice de danse, tandis qu'une énième élève partait regagner sa place après sa petite performance. Allez, je vais piocher encore deux noms qui seront les derniers pour aujourd'hui, et vous pourrez aller vous changer !

Un soupir de soulagement parcourut notre groupe, tandis que je fermais les yeux, me concentrant sur ma gorge qui se serrait de plus en plus. Mais le pire fut lorsque madame Han prit la parole.

- Ah, enfin un garçon ! S'exclama-t-elle. Jeongin !

Aussitôt, une décharge parcourut tout mon corps, et je mordis violemment mes lèvres, avant de me lever, manquant de perdre l'équilibre. Je me dirigeais d'un pas tremblant devant notre groupe, tordant mes mains entre elles tandis que j'avais de plus en plus de mal à respirer.

- Quand tu veux, Jeongin. Résonna la voix de notre animatrice dans ma tête.

Mais à vrai dire, je n'entendais presque plus rien. Seulement un bourdonnement intense qui floutait ma vision et me faisait mal à la tête. Je ne pouvais plus bouger. Alors, je restais là. Les bras ballants et la respiration sifflante.

Soudain, une intense douleur me transperça le cœur. J'amenais ma main sur ma cage thoracique, appuyant fortement dessus dans l'espoir de faire entrer de l'air et de libérer mon cœur blessé. Partout autour de moi, le monde tournait. Je n'entendais plus rien. Et le sifflement se fit plus fort, me vrillant les tympans et serrant mon crâne dans un étau.

J'ouvrais la bouche, mais aucun flux d'air ne s'y glissait. Mes jambes tremblaient, et j'avais du mal à comprendre ce qu'il m'arrivait. Et alors qu'une intense douleur se propagea dans mon ventre, une seul pensée me vint en tête.

Fuir.

Je devais partir.

Alors, prenant mon courage à deux mains, j'ouvris les yeux, avant de me mettre à courir. Certains essayaient de me retenir, mais je me dégageais violemment de leurs prise, avant de repartir aussi vite que je le pouvais, même si cela n'était pas bien plus rapide qu'une marche rythmée.

Et alors, au bout d'un temps qui me parut infiniment long, je m'écroulais. Je ne savais pas vraiment où j'étais. Je ne voyais même pas ce qui m'entourait. Mais ça ne m'importait que très peu.

Appuyant aussi fort que je le pouvais sur mon ventre douloureux, je ramenais mes genoux contre ma poitrine, enfouissant ma tête dans ceux-ci. J'avais envie de fermer les yeux et de partir. Pourtant, je ne le fis pas.

Et après de longues minutes, le sifflement dans ma tête se fit un peu moins fort. Ma poitrine se dégagea, et je pus enfin prendre une douloureuse inspiration, calmant mon cœur et freinant les larmes sur mes joues.

Puis, tout redevins normal. Lentement. Douloureusement.

Et alors, je me relevais. Marchant lentement vers notre prochain cour, et vers ce monde qui me faisait si peur. 

𝐈𝐧 𝐦𝐲 𝐡𝐞𝐚𝐝 ° Jeongin 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant