Chapitre 56

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Lorsque j'ouvris les yeux, une vive lumière m'agressa la rétine. Je frottais vivement mes paupières tout en me relevant tant bien que mal en position assise. Et à ma plus grande surprise, je me trouvais dans un lieux totalement inconnu.

Tout autour de moi, une petite pièce entièrement blanche brillait de mille feux, ne comportant pour unique mobilier qu'une commode, un lavabo et le lit sur lequel je me trouvais. Tout au fond, une petite porte simple servait sûrement de sortie, tandis qu'à ma gauche, le mur était percé d'une fenêtre aux vitres devancés d'une vénitienne à demi-fermée.

Je baillais bruyamment, avant de me tourner, posant mes pieds uniquement couverts d'une paire de chaussettes sur le carrelage froid. Je me penchais en grimaçant de douleur pour attraper mes converses rouges, avant de les enfiler à la va-vite, ne souhaitant pas passer plus de temps dans cette pièce qui me filait les jetons.

Mais lorsque je me relevais, je vacillais, ma vue se troublant pendant de longues secondes tandis qu'un sifflement résonnait dans mon crâne. Je restais donc immobile, attendant patiemment que ma vision revienne à la normal et que le sifflement ne diminue d'intensité.

Et lorsque tout fut revenu à la normal, je pus enfin avancer. À vrai dire, j'étais habitué à cela. Ces derniers temps, à chaque fois que je me levais, il me fallait bien six secondes avant de pouvoir faire quoi que ce soit.

Je pris une grande inspiration, avant d'appuyer sur la poignée, tirant sur la porte qui pivota doucement. La pièce donnait sur un couloir à peine éclairé. Je ne connaissais pas ces lieux, mais je restais étonnement calme face à la situation. Peut-être étais-je trop fatigué pour réfléchir à cela.

Je décidais donc de partir à gauche, vers le côté le plus éclairé de cet étrange couloir. À ma gauche, une porte entre-ouverte donnait sur un petit bureau lumineux. J'aperçus rapidement la silhouette d'une personne derrière le bureau de bois, et accélérais légèrement le pas. Je n'avais pas la force de parler à quiconque.

Je me contentais donc d'avancer, traversant plusieurs couloirs avant de tomber sur des escaliers. Je n'hésitais pas une seconde et les descendais doucement, grimaçant à chaque marches des faits de ma cheville douloureuse.

Lorsqu'enfin je sortis à l'extérieur, je me trouvais dans le jardin central, le bâtiment principal étendant son crépit blanc autour de la porte que je venais de franchir. Au-dessus de celle-ci était inscrit en grosses lettres blanches sur fond vert '' INFIRMERIE ''.

Je soupirais bruyamment, avant de me mettre en marche, prenant la direction du bâtiment des dortoirs, ayant on ne peut plus hâte de regagner mon lit en sécurité.

°°°

- Innie ! S'écria la voix inquiète de Sumin tandis que je sentais mon matelas s'affaisser près de mon dos.

Je grognais, avant de me retourner, tombant nez à nez avec le visage transpirant du bleuté. On aurait fait mieux, comme réveil...

- On nous a dit que tu étais à l'infirmerie, Repris Sumin d'un ton légèrement paniqué. Mais quand on y est allé, tu y étais plus ! Tu nous a fait peur ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

- Rien... Soupirais-je en me frottant les yeux. J'étais juste fatigué alors ils m'ont dit d'aller à l'infirmerie mais c'était pas confortable, alors je suis retourné dormir ici...

Le bleuté afficha une moue dubitative mais ne dis rien, se contentant de soupirer.

- Bon, tant que tu vas bien, c'est le principale ! Sourit-il doucement.

- Oh, Innie ! S'exclama Minki en passant sa tête pardessus l'épaule de Sumin. Tu sais pas quoi ?! C'est l'équipe de Chunso qui a gagné le festival sportif !

J'ouvris de grands yeux, tandis que j'entendais le noiraud râler quelque part derrière eux.

- Bravo Chunso ! Souris-je, sincèrement heureux que le petit noiraud arrive enfin à faire confiance aux autres.

- Merci... Répondit-il timidement.

Soudain, trois coups résonnèrent contre le bois de la porte de notre chambre.

- Le repas est prêt ! Nous parvint la forte voix de monsieur Kwan à travers le panneau de chêne.

Je baillais bruyamment, avant de me relever en position assise, glissant mas jambes hors du lit, juste à côté de celles de Sumin qui n'avait pas bougé, se contentant de me regarder. Je me levais, avant d'étouffer un juron, des taches noirs obstruant ma vue. J'attendis quelques longues secondes en me massant les tempes, avant d'enfin rouvrir les yeux.

Autour de moi, mes trois colocataires me regardaient avec de grands yeux.

- On y va... ? Demandais-je en baillant une énième fois.

Sumin hocha doucement la tête à l'affirmative, prenant appui sur ses jambes pour se relever sans me quitter des yeux. Il passa doucement sa main dans ma nuque, entremêlant délicatement ses fins doigts dans mes cheveux bruns, un fin sourire relevant doucement les coins de ses lèvres.

Puis, il descendit sa main dans mon dos, me poussant doucement vers la porte. J'allais saisir mon téléphone, mais décidais finalement de le laisser sur ma table de chevet. De toute manière, je ne répondrais pas aux messages, et les voire ne ferait que me faire sentir encore plus mal.

On sortit alors tous les quatre, prenant la direction du bâtiment principal pour manger notre dernier repas avant la nuit. Mais à peine était-on sortis du bâtiment des dortoirs qu'on gros coup de tonner déchira le silence, un torrent de pluie s'abattant devant nous.

Je m'approchais du rideau d'eau, un léger sourire soulevant mes lèvres.

- Heureusement que Changbin est pas là... Soufflais-je. Il déteste la pluie...

Les trois autres derrière moi me regardaient avec de grands yeux, mais je n'y avais pas fait attention. À vrai dire, je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais parlé à voix haute. Je ne me rendais plus compte de rien du tout. On aurait pu me dire que la pluie allait faire pousser des brocolis géants dans le jardin, je l'aurais cru sans hésiter.

Puis, sans prévenir, je me remis à avancer. Le perron du bâtiment ne me protégeant plus, un déluge glacé s'abattit sur mes épaules. Mais je ne sentais ni l'eau ruisseler sur ma peau, ni la brûlure du froid me mordre les os. Tout ce que j'arrivais à percevoir était la lourdeur de mes paupières et le coton qui embuait mon cerveau, m'empêchant de réfléchir.

Soudain, une chaude main se glissa dans la mienne. Je tournais la tête, souriant béatement lorsque mes yeux croisèrent les sombres pupilles de Sumin. Je relâchais alors ma nuque, ma tempe s'échouant sur l'épaule trempée du bleuté.

Et le garçon d'océan me tira doucement, me guidant silencieusement parmi les grands jardins humides. Sans prononcer un mot, il m'emmena, supportant le poids de ma tête fatiguée sur son épaule. Sans même que je ne m'en rende compte, il me protégea, prenant soin de moi comme jamais je ne l'avais fait. 

𝐈𝐧 𝐦𝐲 𝐡𝐞𝐚𝐝 ° Jeongin 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant