Chapitre 51

40 8 1
                                    

- Oui, ça va. Répondit finalement la voix de Sumin de l'autre côté du grillage.

À ces mots, un énorme poids libéra ma poitrine et je soupirais de soulagement. Je fis signe à Minki d'y aller, et il se pencha, passant à travers le grillage tandis que j'éclairais ses pas.

- Innie, à toi ! M'appela le bleuté de dehors, tandis que j'étais à présent le seul encore à l'intérieur.

Je jetais alors un regard panoramique au jardin qui m'entourait, m'assurant que personne ne nous suivait, avant de me pencher, traversant moi aussi le grillage envahi de mauvaises herbes.

De l'autre côté, Sumin m'attendait à côté de la brèche, tandis que Minki s'occupait de Chunso quelques mètres plus loin.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demandais-je au bleuté tandis qu'il couvrait vaguement le passage que nous venions de franchir.

- Chunso a eu peur. Répondit-il simplement. Il s'attendait à ce que je sois en face de lui alors que j'étais sur le côté. Donc quand j'ai voulu lui attraper le poignet pour l'aider à se relever, il a crié. Heureusement qu'on est assez éloigné des dortoirs...

Je soupirais de soulagement, enfilant ma veste que j'avais jusqu'à présent porté sous mon bras.

- Bon. Souffla Sumin en s'approchant des deux autres. C'est bon ? Tout le monde est là ?

- Oui. Affirma Minki.

- Vous avez rien oublié ?

- Nan, on a tout. Répondis-je en les rejoignant.

- Parfait. Alors on y va ! Sourit le garçon d'océan, prenant la tête du groupe, sa lampe illuminant notre route.

Je me plaçais, pour ma part, en dernier, fermant la route et m'assurant que tout le monde était là.

Alors qu'une petite semaine auparavant nous avions remonté la route côtière, cette fois, nous la descendions. On passa donc rapidement devant le portail principal du centre, priant pour que personne ne nous voie.

On avait ensuite descendu la route qui longeait la côte, Sumin chantonnant doucement d'excitation, mais peut-être aussi pour casser le silence pesant de la nuit.

- À droite ! S'écria soudainement le bleuté, bifurquant sur une petite route à droite.

J'éteignis ma lampe, la lumière des lampadaires éclairant à présent nos silhouettes tandis qu'on entrait petit à petit dans la ville. Les maisons qui nous entouraient se faisaient de plus en plus nombreuses, et une légère musique vint bientôt lécher nos oreilles.

Aussitôt, Sumin se retourna vers nous, les yeux brillants, avant d'accélérer le pas, pressé d'arriver dans la rue principale. Je souris, inspirant une grande bouffée d'air marin et salé. Qu'est-ce que cette ville m'avait manquée... Mais le plus nostalgique fut lorsqu'on arriva au bout de la ruelle.

Perpendiculaire à nous s'étendait une grande rue peuplée de gens souriants. Partout, des lumières multicolores illuminaient les stands pleins à craquer. Une joyeuse musique résonnait entre les maisons, tandis que les éclats de rire fusaient entre les étalages. C'était comme si on venait de franchir une porte interplanétaire, nous projetant dans un autre monde, rempli de couleurs et de chaleur.

À cette vue, mon cœur se réchauffa, tandis que je sentais ma gorge se serrer. Ce marché, je l'avais foulé tellement de fois, en compagnie de mes parents... Sans que je ne sache pourquoi, mes yeux s'embuèrent soudainement, mes mains se mettant à trembler frénétiquement.

- Innie ! S'écria soudainement Sumin en entrelaçant ses doigts avec les miens. Viens !

Et alors, sans que je ne puisse rien ajouter, il me tira avec lui, m'entraînant à travers la foule.

- Mais... Et les autres ? M'inquis-je en essayant tant bien que mal d'éviter les passants autour de moi.

- Je leur ai dit qu'on se retrouvait là dans deux heures ! T'inquiète pas pour eux !

Il me lança un lumineux sourire, avant de se retourner, accélérant encore plus sa course au milieu de la foule. Et tandis qu'on s'élançait sur les pavés délavés, les milliers de petites lumières qui nous entouraient se transformant en de jolis courbes sous le coup du mouvement. Je sentais tout mon corps s'alléger. J'avais comme l'impression de voler. D'être intouchable, comme dans une autre dimension.

Soudain, Sumin ralentit, resserrant sa prise sur ma main pour nous guider vers les stands. Lorsqu'il s'arrêta, je pus enfin me placer à ses côtés, souriant à la vue de son visage rougie et de ses cheveux en bataille. Il tourna la tête vers moi, les yeux brillants d'excitation et de joie.

Je sentis doucement mon cœur pétiller, avant de détourner le regard, ayant d'un coup un peu trop chaud. Alors, sans rien dire, je me contentais d'avancer doucement, le bleuté suivant le mouvement. On déambula alors lentement entre les étalages illuminés, main dans la main, souriant comme des imbéciles.

- Oh, Innie ! S'écria soudainement le garçon d'océan, me tirant avec lui vers un petit stand à la nappe mauve. Regarde !

Je suivis son bras tendu, découvrant une petite paire de boucles d'oreille suspendu à un fin portique en métal. Au bout de chacune d'elle pendait une délicate aile de papillon d'un bleu céleste qui semblait complètement irréel. Accroché au même maillon tombait avec précision une fine chaîne en argent qui tenait fermement en son bout une petite perle d'un azur profond. Le tout était suspendu à une seconde perle parfaitement ronde, sa couleur pur en tout point similaire à la première.

Je tournais la tête vers Sumin, ses yeux pétillant tandis qu'il observait le fin bijoux sous toutes ses coutures.

- Ouaaaaa... Souffla-t-il, avant de relever la tête. Elles sont vraiment jolies... Dommage que je n'ai pas amené d'argent...

Il soupira bruyamment, avant de complimenter la marchande et de reprendre sa route, m'entraînant avec lui. Mais dans ma tête tournait en boucle le regard emplie d'émerveillement et d'envie qu'il avait eu en voyant cette paire de boucles d'oreilles.

Je me pinçais lascivement les lèvres, avant de secouer la tête, trottinant de quelques pas pour rattraper Sumin.

Mais à peine avait-on marché cinq minutes que le garçon d'océan s'arrêtait encore une fois.

- Innie, regarde ! S'exclama-t-il en levant le bras, un grand sourire creusant de petites fossettes sur ses joues.

Je suivis du regard son bras tendu, avant de repérer un petit stand de toile rouge illuminé de petites lumières chaudes. Je plissais les yeux. '' Ramyeon et tteokbokki à emporter '' était inscrit en grosses lettres vermeilles sur la planche de bois qui décorait le haut du comptoir. J'ouvris de grands yeux.

- T'as encore faim ?!

Il me regarda avec des yeux de chien battu, avant d'esquisser une petite moue.

- Mais on vient de manger !

- C'était y'a quatre heures... S'il te plaît... ?

Je soupirais bruyamment, avant de finalement accepter, ne pouvant pas résister à cet adorable estomac sur pattes. Il sauta de joie, avant de s'élancer vers le stand, m'entraînant à sa suite.

- Deux tteokbokki, s'il vous plaît ! Lança-t-il à la vieille femme qui se tenait derrière le comptoir.

- UN tteokbokki. Rectifiais-je en sortant les quelques billets que je prenais toujours avec moi.

On était jamais trop sûr de rien, alors je préférais avoir toujours un peu d'argent avec moi, en cas de nécessité immédiate. Et cela s'était avéré très utile.

Je regardais lascivement les billets décolorés qui gisaient dans ma paume, perdu dans mes pensées. Puis d'un coup, je revins de ma léthargie, attrapant le poignet de Sumin. Je fourrais un billet dans sa main, avant de reculer de quelques pas.

- Je reviens ! Bouge pas d'ici ! Lançais-je par-dessus la musique, avant de me retourner, partant en courant dans la foule de passants.

𝐈𝐧 𝐦𝐲 𝐡𝐞𝐚𝐝 ° Jeongin 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant