Chapitre 40

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- Les Orannnnnges ! Venez ici ! Allez, dépêchez vous !

Je levais les yeux au ciel face aux cris désagréables de madame So. Suivant les personnes qui m'entouraient, je me dirigeais vers notre animatrice référente qui se tenait au milieu du jardin de l'entrée. Cet après-midi là, le ciel était couvert et la température était encore plus étouffante que d'habitude. Et c'était bien sûr ce moment qui avait été choisi pour notre première balade balnéaire.

- Ah, Innie, te voilà ! Sourit Sumin en accourant vers moi.

Il était vêtu d'une large chemise blanche striée de fines rayures bleu grises, ouverte sur un simple t-shirt clair. Ses jambes étaient couvertes d'un léger jean azur aux ourlets découvrant ses chevilles, se terminant par son inséparable paire de converse. Comme toujours, une ribambelle de bracelets étaient accrochés à ses poignet, tandis que ses yeux étaient joliment fardés d'azur. Mais le plus extraordinaire, c'était ses longs cheveux nouvellement bleue qui ondulaient sous le soleil couvert. Toute sa tenue avait été mise en œuvre pour que l'on ne voie que ces derniers. Et ça marchait. De toute manière, leur couleur était tellement marquée que même au milieu de la foule la plus dense, on n'aurait vu que lui.

Dès qu'il arriva, notre animatrice référente lui lança un regard de feu, comme tous les animateurs le faisaient depuis le matin même, lorsque leurs yeux étaient tombés sur le bleu profond qui ornait désormais les cheveux de Sumin. Et ce dernier s'en amusait, souriant de toute ses dents aux animateurs, et faisant malicieusement voler ses mèches azurés en leur présence.

- Bon alors ! S'écria madame So en posant ses mains sur ses hanches. Maintenant que vous êtes tous là, on va pouvoir partir ! Suivez moi en restant bien sur le bord de la route et ne vous éloignez pas du groupe ! C'est parti !

Elle se retourna, et on se mit tous en marche, sortant de l'enceinte du centre. Sumin se plaça à côté de moi et je levais les yeux au ciel, avant de m'écarter un peu de lui.

- C'est trop cool, on va à la mer ! S'écria le bleuté en se rapprochant de moi. T'as pas hâte, toi ?

Je ne répondis pas, me contentant de fixer la route devant moi.

- Ça va être trop bien ! Bon, je crois pas qu'on va se baigner aujourd'hui, mais c'est pas grave ! Rien que voir la mer de près, c'est génial !

Je soupirais, avant d'accélérer le pas. Mais Sumin fit de même, restant à côté de moi et continuant de parler à tous vas durant tout le trajet. J'avais beau lui faire comprendre qu'il m'agaçait et qu'il n'était pas le bienvenu, c'était comme si il ne le voyait pas. Et il continuait, inlassablement, à me parler et à me sourire. Alors, petit à petit, j'avais arrêté de me battre. Je me contentais de marcher, écoutant à moitié ses propos ininterrompus. Et c'est ainsi que le trajet était passé.

- Ouaaaa ! S'écria soudainement Sumin. On y est ! OnyestOnyestOnyest !

Je suivais son doigt tendu du regard, mes yeux brillants se posant sur l'immense étendue bleu qui recouvrait la moitié du paysage derrière les rambardes de fer qui nous séparaient de la plage en contrebas. Là, sous la chaleur étouffante, les vagues venaient doucement lécher le sable couleur d'or. Roulant dans une pluie d'écume blanche, elles ronronnaient bruyamment jusqu'à nos oreilles. La plage était déserte des faits des gros nuages noirs qui peuplaient le ciel. Mais ces derniers ne rendaient le paysage que plus magnifique.

Je sentis mon cœur exploser, tandis que mes yeux devenaient de plus en plus humides. Elle m'avait tant manqué. Cette mer aux douces couleurs et au parfum salé. Qu'est-ce que j'avais rêvé de la revoir. Et cet après-midi-là, elle avait enfin pu se refléter dans mes yeux brillants. Et dieux sait que si j'avais été seul, je me serais sûrement effondré au sol, en sanglot. Mais je n'étais pas seul.

Sumin se retourna vers moi, les yeux grands ouverts et son sourire grimpant jusqu'à ses oreilles.

- Viens ! S'écria-t-il.

Et sans même que je n'ai le temps de répliquer, il saisit mon poignet, avant de partir en courant, m'entraînant derrière lui. On dépassa sans s'en soucier notre animatrice référente qui nous cria de revenir, en vain.

Sumin dévalait la pente, serrant fortement mon poignet entre ses doigts, tandis que je suivais comme je pouvais le rythme effréné de sa course. Puis, il s'arrêta quelques seconde au bout de la descente, regardant à droite et à gauche, avant de repartir en courant dans les escaliers d'accès à la plage.

Lorsque nos chaussures entrèrent en contact avec le sable mou, Sumin s'arrêta. Il se pencha, retirant à la va-vite ses chaussures, avant de les jeter un peu plus loin. Il se retourna vers moi et, voyant que je n'avais pas bougé, leva les yeux au ciel. Il se pencha, avant de me retirer mes converse rouges, leur offrant le même traitement qu'à ses chaussures.

Moi, je ne pouvais rien faire. J'étais comme sur une autre planète, mes yeux ne pouvant quitter l'immensité bleue qui se mouvait à une cinquantaine de mètres de moi. J'étais dans l'incapacité de réfléchir. La seule chose que je savais, c'était que je ne savais plus rien.

Puis, Sumin se releva. Il glissa doucement sa main dans la mienne, avant de se remettre à courir, m'entraînant avec lui. Le sable chaud entravait notre course, mais on s'en fichait. On ne faisait que courir. Courir et courir encore. Plus rien n'avait d'importance. Tout ce qui comptait, c'était cette eau magnifique qui semblait fusionner avec les nuages à l'horizon. Alors, on courrait. Encore et encore.

C'est seulement lorsque nos pieds nus entrèrent en contact avec le liquide froid que l'on s'arrêta. Je fermais les yeux, prenant une grande inspiration. Je ne savais plus ce que je ressentais. Je ne savais pas si j'étais heureux à en pleurer ou triste à en mourir. Mon cœur remuait dans tous les sens, tandis que ma gorge se serrait. Et l'eau froide et salée ne cessait de remuer sur mes pieds, caressant mes chevilles.

Tout à coup, je sentis la main de Sumin doucement quitter la mienne. J'ouvris les yeux, le voyant avancer encore, son jean s'enfonçant dans la mer bleue et agitée. Quelque mètres nous séparaient, l'eau s'enfonçant jusqu'à ses genoux. Et il resta là, dos à moi, les bras le long du corps. Sa chemise glissait de ses épaules, découvrant le haut de son t-shirt clair, tandis que ses cheveux d'azur flottaient doucement sous le vent qui se levait.

C'est à ce moment que je me dis qu'il ressemblait vraiment à la mer. Sumin. Le garçon de l'océan.

Puis, il se retourna vers moi, ses cheveux bleue volant autour de son visage, tandis qu'un immense sourire étirait ses lèvres. Mais dès que ses yeux entrèrent en contact avec les miens, il fronça les sourcils. C'est à ce moment que je me rendis compte que mes joues n'étaient pas mouillés uniquement par les embruns. Mais Sumin se contenta de sourire.

- Innie ! S'exclama-t-il. Cris !

Je lui lançais un regard interrogateur, mais il insista.

- Cris !

J'hésitais un instant, avant de m'exécuter d'une voix tremblante

- Aaaah !

- PLUS FORT !

- AAAAAAAAAAH !

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

- AAAAAAAAAAAAAAH !

Tout à coup, un violent coup de tonner déchira le ciel, tandis qu'une pluie torrentielle s'abattaient sur nos épaules. J'éclatais de rire, tandis qu'on continuait de crier, inlassablement. On criait tout ce qu'on avait sur le cœur. On criait sur cette mer agitée par l'orge. On criait à s'en user les cordes vocales. On criait contre la vie. On criait.

Et tandis que la pluie nous trempait jusqu'aux os, faisant déteindre les cheveux de Sumin et colorer ses vêtements en bleue, on restait là.

Criant...





contre le monde entier.

𝐈𝐧 𝐦𝐲 𝐡𝐞𝐚𝐝 ° Jeongin 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant