Chapitre 1

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- Bonjour à tous. Vous pouvez sortir l'étude de texte de la dernière fois, on va terminer de la corriger. Pour les absents, levez la main, je vous distribuerai les feuilles et-...

Je n'écoutais déjà plus le monologue incessant de ma professeure de coréen. Et alors que les cahiers s'ouvraient et que les bruissements de papier s'élevaient dans la pièce, moi, je restais là. La tête appuyée contre ma paume et le regard dans le vague, perdu au travers de la grande fenêtre de la salle de cour.

Comme souvent, mon esprit s'évadait.

J'observai lascivement les branches onduler au gré de la frêle brise au travers de la vitre devant mes yeux. Le cour que j'étais sensé suivre n'était à présent plus qu'un bruit de fond à mes oreilles. Seul pour moi importaient mes pensés vacantes.

- Dis donc, Innie ! Sourit un jeune homme aux doux cheveux blonds en se laissant lourdement tomber sur le canapé, me faisant sursauter. Tu devrais pas être entrain de travailler, jeune homme ?

- Oh, c'est bon. Fis-je en m'enfonçant dans le divan, observant le visage rieur de mon interlocuteur. On en a déjà fait des milliers, des études de texte. En plus, je l'ai déjà analysé le cour dernier. C'était pas bien compliqué...

- Vas-y jette-toi des fleures.

- Mais ! M'écriais-je, faussement outré.

Le rire du blond résonna dans la grande pièce, tandis qu'un grand sourire éclairait son visage, faisant remonter les centaines de taches de rousseur qui décoraient ses pommettes. Il ébouriffa affectueusement mes cheveux bruns, et je sentis mon cœur se transformer en guimauve. Un sourire ne put s'empêcher de relever les coins de mes lèvres.

Je ramenais mes jambes en tailleur sur le cuir brun de canapé, m'étirant bruyamment.

- Dure journée ? Me demanda le blond, une main passée entre les longues mèches qui parcouraient sa nuque.

- Oula, oui... Soupirais-je, la tête posée contre le dossier. Heureusement, c'est la dernière heure. Après, dodo !

Il sourit. Son regard sombre posé sur moi me rassurait au plus haut point et laissait dans mon cœur ce sentiment de douceur dont lui seul avait le secret.

- FELIIIIIX ! Retentit une voix depuis le couloir à notre gauche, nous faisant tous deux tourner la tête.

- QUOIIII ? Cria Félix à ma droite, amusé.

- VIENS M'AIDEEEER !

Le blond soupira, avant de se lever, prenant la direction du couloir, ses pieds frottant contre le sol à chaque pas. Je souris, me laissant glisser jusqu'à être allongé sur le divan. Là, je fermai les yeux, profitant du calme ambiant.

J'entendais les voix étouffés des deux jeunes hommes entrain de discuter, apaisant mon esprit de leurs présences rassurantes. J'inspirai longuement, mon corps se détendant enfin. J'étais soulagé d'enfin arriver à me poser et-

- YANG JEONGIN !

Je sursautai, me retrouvant nez à nez avec le visage on ne peut plus crispé de ma professeure de coréen. Mon cœur battait la chamade, alors que j'étais complètement perdu.

- Jeongin. Reprit la professeure en me fixant de ses yeux perçants. Peux-tu nous faire part de la conclusion de cette étude de texte ?

Mon regard parcourait les autres élèves derrière mon interlocutrice, espérant trouver en eux la réponse à la question. Mais hélas, aucun d'eux ne semblait savoir. Je redirigeais donc mon attention vers la femme d'âge mûre, un sourire plat sur les lèvres.

- Euuuu... Je ne pense pas en être capable...

La femme soupira, pinçant ses fines lèvres teintés de rouge entre elles.

- Peut-être qui si tu suivais mon cour, tu aurais la réponse. La prochaine fois que je te prends à divaguer, tu iras nous faire une analyse linéaire au tableau.

Et sur ces mots elle se retourna, ses talons claquants contre les carreaux du sol. Je soupirais, m'avachissant un peu plus sur ma chaise.

- Alors comme ça, on se fait reprendre ? Pouffa un jeune homme aux cheveux aussi noir que le charbon, les coudes appuyés sur le dossier du canapé.

- Yah, Changbin ! M'écriais-je en me retournant. C'est pas drôle !

Le noiraud gloussait sans retenue, sa tasse de café crème au caramel entre les mains.

- C'est à cette heure là que tu bois du café ? M'étonnais-je alors que Changbin contournait le divan pour venir s'y asseoir lourdement.

- Y'a pas d'heure pour le café !

Changbin adorait le café. Mais pas n'importe quel café. Seulement le café avec beaucoup de crème et de sucre. Car, malgré son apparence sombre et effrayante, Changbin, il adorait tout ce qui était doux et sucré.

Le tintement strident de la sonnerie me fit sursauter, et je m'empressai de ranger mes affaires, sortant de la classe sans me faire prier. En moins de 30 secondes, la pièce était déserte, tout le monde se ruant vers la sortie en poussant des cris de soulagement.

Moi, je marchais simplement dans les couloirs, mes inséparables converses rouges foulant le sol. Je n'étais pas vraiment pressé de rentrer chez moi. Alors, bien vite, je me retrouvais seul dans les couloirs. C'était fou de voir à quel point tout semblait plus grand quand les bâtiments étaient vides. J'avais l'impression d'être seul au monde. J'avais souri. C'était agréable. 

𝐈𝐧 𝐦𝐲 𝐡𝐞𝐚𝐝 ° Jeongin 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant