Chapitre 9 : Sur sa trace

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     La mine de son crayon s'usait contre le papier, sans s'arrêter, et les bruits de frottements de celui-ci paraissaient résonner à cause du grand silence qui régnait dans la maison d'Alan, ces petits bruits d'écriture s'arrêtaient un instant lorsqu'il revenait à la ligne, au bout de quelques secondes. Le chef tentait de s'appliquer le plus possible pour que sa lettre d'excuse soit la plus recevable qui soit, pour que sa sincérité soit ressentie par la destinataire. En effet, la veille, il avait commis une erreur qu'il regrettait amèrement, celle d'avoir avoué ses sentiments pour Nell. Après y avoir mûrement réfléchi, il se rendit compte qu'il n'avait fait que la mettre mal à l'aise et la rendre plus distante vis-à-vis de lui, ce qu'il pouvait comprendre comme ces sentiments n'étaient guère réciproques. Cependant, Alan ne voulait pas perdre une amie aussi chère que Nell, il décida ainsi de lui écrire ses excuses, ce qui lui était plus simple de faire plutôt que de les lui dire de vive voix, en face. L'oncle ne cessait de se remettre en question sur ce qu'il ressentait depuis. Comment savoir concrètement ce qu'était l'amour lorsque l'on n'avait jamais expérimenté ce genre de relation ? Alan était véritablement amoureux, ou s'était juste emporté par les tourments contre lesquels ils luttaient en secret ?

     La matinée allait bientôt s'achever, les chants des oiseaux pénétraient par la fenêtre ouverte au bout de la pièce, et cela faisait deux jours qu'il n'avait pas croisé sa nièce, alors qu'ils vivaient sous le même toit. Il ne lui fallait pas être très perspicace pour comprendre que Lysia lui en voulait pour quelque chose, et qu'elle faisait tout son possible pour l'éviter depuis quelques jours. Néanmoins, il souhaitait mettre les choses au clair, car cela avait trop duré selon lui. Ce n'était pas dans l'habitude de la blonde de dormir aussi longtemps le matin, Alan commençait à se poser des questions. Ce fut pourquoi il décida de monter à l'étage pour aller la voir, même si leur échange était susceptible de ne pas être très jovial.

     Il posa son crayon et mis en pause son écriture pour aller s'assurer que tout allait bien pour Lysia. Alan se leva de sa chaise et traversa le rez-de-chaussée avec assurance et discrétion, pour ne pas se faire remarquer et comprendre ce que la blonde trafiquait dans son dos. Durant la fête de la veille, il l'avait juste entraperçue en train de danser, mais elle était absente lors du dessert, ce qui était plus qu'intriguant. Loin de lui l'idée de vouloir l'espionner, il restait néanmoins vigilant et très protecteur envers l'Hylienne, c'était plus fort que lui. Arrivé au pied des escaliers grinçants en bois, il se fit davantage silencieux pour tenter de percevoir du son venant de la chambre de la jeune femme, mais rien ne vint interpeller son attention, ce qui le laissait de plus en plus perplexe. Le chef commençait à craindre le pire, il s'efforçait de ne pas y penser mais la situation laissait supposer ce dont il ne voulait pas à avoir affaire.

- Lyly ? finit-il par prononcer à haute voix pour que celle-ci l'entende.

     Il n'obtint aucune réponse. Le silence persistait. Alan monta quelques marches de l'escalier en douceur, sans se précipiter. Il savait pertinemment comment monter sans faire le moindre bruit alors que le bois des marches avait la fâcheuse réputation de beaucoup craquer lorsque l'on marchait dessus. Plus les secondes à n'entendre aucun autre son que ceux produits par son corps passaient, et plus l'oncle peinait à croire qu'il était seul dans sa demeure.

- Je peux savoir pourquoi tu me fuis depuis deux jours ? insista-t-il.

     Son cœur sauta un battement lorsque toujours personne ne lui répondit. Ses appels déchiraient à chaque fois le silence mortel qui régnait dans la maison. L'Hylien commençait à s'énerver, à penser qu'elle ne l'avait pas écouté et avait fui en secret. Enfin arrivé à l'étage, il n'eut besoin que de quelques secondes pour comprendre qu'il avait vu juste. La chambre était bien vide, sans la moindre présence. Un lit défait, des vêtements sur le sol, une arme disparue. Sa lance qu'elle chérissait tant et que Lysia gardait précieusement dans sa chambre n'était plus là.

La Marque du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant