Chapitre 12 : L'héroïne du relais

31 2 38
                                    

     La vie qui animait autrefois cette ville avait disparu, remplacée par un silence dans lequel les pleurs des âmes déchues pouvaient être entendus selon certains. Près de ces ruines, en arrière, s'élevaient d'immenses murailles de pierres solides et épaisses, de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Autrefois, elles offraient aux passants une entrée somptueuse et imposante reliée directement à la ville en contrebas, mais un éboulement l'avait condamnée. Le plateau du Prélude que renfermaient ces hauts murs, n'était plus accessible par personne désormais. En faisant volte-face, la Plaine d'Hyrule dominait tout le paysage, et le château à l'horizon instaurait une atmosphère de terreur qui effrayait les passants, se sentant trop proches de la mort et de Gardiens, ces machines à tuer corrompues.

     Elle reconnaissait cette pierre, ces restes de bâtiments autour d'elle qui lui rappelaient tant de beaux souvenirs. L'incendie provoqué par les sbires de Ganon avait ravagé la ville ce soir-là, et cette dernière était drastiquement différente. Il n'y avait plus rien, que du désespoir et la mort. Lysia devait se frayer un chemin sur ces terres désolées sur lesquelles elle vivait jadis, et ce en esquivant certains corps brûlés dont il ne restait plus que les ossements jonchant le sol de l'ancienne rue principale de l'Étape d'Hyrule. La blonde sentait son estomac se soulever lorsqu'elle croisait des cadavres en putréfaction de voyageurs bien trop aventureux qui s'étaient fait tuer en amont ici-même. Elle savait que sa présence ici ne devait pas être trop longue, car il n'était pas rare de faire de mauvaises rencontres. Mais son chemin du retour passait par sa ville natale, elle ne pouvait point ne pas y faire une légère halte.

     Comment ne pas se sentir chanceuse d'avoir survécu à cette tragédie ? La voyageuse ne comptait plus le nombre de squelettes humains qu'elle trouvait, et qui devait appartenir à des personnes qu'elle avait dû côtoyer durant sa vie à l'Étape. Cette large rue aux pavés cassés par endroit proposait dans le passé un grand marché très connu dans le royaume, un lieu de vie dynamique et prospère qui avait accueilli des centaines de personnes. Les anciens habitants étaient des personnes souvent aisées, vivant dans des demeures imposantes voire secondaires pour certains riches Hyliens venant de l'entourage royal. Il n'était donc pas étonnant pour Lysia d'apercevoir des ruines de grandes maisons, parfois encore debout, ou même d'un manoir. Pourtant, à travers toutes ces résidences, elle n'en cherchait qu'une seule et unique, celle dans laquelle elle avait vécu. Celle de laquelle elle s'était enfuie avec son père avant qu'elle n'explose.

     Lysia descendit de son cheval pour poser pied à terre, et respirer cet air dans lequel des cendres voyageaient encore. Elle mit à l'abri l'animal pour le garder en sécurité et éviter qu'on ne l'attaque ou qu'on ne lui vole. En fermant les yeux, elle inspira et crut sentir de nouveau l'odeur alléchante du restaurant qui se tenait non loin de là. Se tenir vivante ici représentait beaucoup pour elle, mais un Bokoblin à la peau rouge perturba son moment de nostalgie, il se présenta tout à coup à quelques mètres devant elle, en arrivant en face en train de renifler le sol. La créature aperçut Lysia et la prit en chasse après avoir émis un cri déconcertant, dans ce paysage d'apocalypse plongé dans un calme total. Seul, il avait une batte en bois dans sa main droite et s'excita à l'idée d'attaquer sa proie humaine. Tandis qu'il courait dans sa direction, la blonde accéléra sa marche vers lui, optant pour une allure plus rapide qui définissait son absence de peur face à un monstre de si petite taille et perdu. Pendant qu'elle s'approchait, elle s'empara de sa lance accrochée dans son dos et visa le Bokoblin à distance. Sans plus attendre, la lancière fit fuser son arme tel un javelot dans l'air qui opta pour une trajectoire droite et proche de la terre, jusqu'à venir traverser le corps et se planter dans ses entrailles du monstre qui cessa de grogner.

     La distance à laquelle elle avait lancé son arme n'était pas très grande, elle put atteindre sa cible sans difficultés. Une fois le corps de la créature à ses pieds, elle récupéra sa pique en l'arrachant brutalement au Bokoblin, sa pointe dorénavant ensanglantée la fit grimacer, cela devrait être nettoyée avant son retour au village.

La Marque du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant