Chapitre 16 : Le chemin qui nous attend

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     L'aube éclairait peu à peu Tabanta, le soleil imposa ses premiers rayons sur les étendues de la région lorsque la température grimpait déjà. Une journée plutôt chaude s'annonçait encore. Arthur et Lysia allaient devoir s'habituer à subir la chaleur estivale, car ils s'apprêtaient à se rendre sur des lieux bien plus élevés en température. Les deux Hyliens venaient de passer leur troisième nuit au relais du pont de Tabanta, où ils décidèrent d'effectuer leurs préparations pour leur grand voyage jusqu'à Alonnes, cité inconnue dont ils avaient encore très peu d'informations. Trois jours s'étaient donc écoulés depuis que le duo avait décidé de quitter le village de Labulat. Lysia n'était pas revenue sur ses pas et était restée au relais et ses alentours, tandis qu'Arthur avait pris soin de retourner quelques instants au village afin de prévenir ses proches qu'il partirait avec elle, sans savoir la date de son retour. Suzanne et Adrien ne comprirent pas immédiatement cette décision étonnante venant de leur neveu, mais ils finirent par le laisser faire tout en restant inquiets pour lui. De plus, Arthur ne leur avait pas donné de véritable choix.

     Ce dernier put dans le même temps récupérer deux chevaux qu'il amena au relais : un pour lui ainsi qu'Éclipse, le fidèle animal de Lysia qui l'accompagnerait une nouvelle fois. Laisser derrière lui sa maison et le reste de sa vie lui avait fait un pincement au cœur, mais il était d'autant plus excité de pouvoir se joindre à son amie dans sa quête. Leurs principales missions ces derniers jours avaient été avant tout de s'équiper convenablement et s'approvisionner en nourriture, soins et autres potions utiles en cas de problèmes. La veille, Arthur avait appris les bases du maniement de l'épée avec une très bonne professeure qui l'avait guidé, Lysia savait qu'il appréhendait ce point et put ainsi le rassurer. Désormais, il ne restait plus qu'à mettre la main sur divers aliments et le binôme serait enfin prêt à partir.

     Ce matin-là, le jeune homme s'était levé tôt. Il attendait avec patience dehors devant une marmite vide que son amie se réveille, celle-ci dormait encore à l'intérieur de l'enceinte du relais. Les deux dernières nuits avaient été très difficiles pour elle, Lysia avait beaucoup pleuré et ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle avait appelé à l'aide Arthur plusieurs fois au milieu de la nuit pour qu'elle puisse retrouver son calme, en prenant soin de ne pas déranger les autres voyageurs dormant au relais. Il fallait avouer que les doux câlins que le brun lui avait gentiment délivrés étaient très utiles pour se sentir en paix. Mais en contrepartie, celui-ci n'avait pas beaucoup dormi de son côté également, cela faisait depuis quatre heures ce matin-là qu'il était réveillé. Il profita de son réveil matinal pour aller chercher quelques champignons tempo, essentiels à la concoction de Vitalium dont Lysia avait besoin pour soigner sa cicatrice.

     En effet, depuis que son oncle avait brisé la dernière fiole, elle devait en refaire elle-même, avec ses seuls souvenirs pour reproduire la substance. Comme précisé par son amie, il fallait donc écraser ces champignons pour en faire une mixture peu attirante à vue d'œil, mais qui jouait un rôle important. Arthur s'était ainsi muni d'un bol en bois dans lequel il écrasait les champignons un par un, en évitant de trop respirer les spores qui s'en échappaient, certes inoffensifs, mais qui le faisaient parfois éternuer. Il n'était absolument pas au courant de la manière dont fonctionnait cette potion, ni pourquoi la cicatrice de Lysia en avait plus que besoin, mais il respectait le fait que la concernée ne souhaite pas encore lui en parler ouvertement, c'était son droit.

     Aux alentours de huit heures trente, la lancière se leva, éreintée par la nuit qu'elle avait passée, les cernes sous ses yeux en étaient les témoins. Dans le petit espace entre le mur et le rideau qui l'entourait et la gardait dans son intimité, elle vit le lit à côté du sien vide, et comprit qu'Arthur était déjà à l'extérieur. Le relais logeait une dizaine de personnes, toutes très silencieuses. Parmi elles, un homme qui écrivait une longue lettre sur une table bancale, d'autres voyageurs qui dormaient encore, ou un vieux couple semblant perdu qui mangeait un maigre petit-déjeuner. La jeune femme enfila ses bottes et se vêtit d'habits plus épais avant de tirer le rideau. Ce jour-là était le dernier passé en ces lieux, elle savait que dans la journée, ils partiraient pour de bon, en suivant le plan qu'ils s'étaient fixés sur leur carte. C'était cette vague d'excitation qu'elle ressentit en ouvrant les yeux qui la fit sortir du lit. Désormais debout, elle se dirigea vers le comptoir du relais ou son gérant faisait un peu la paperasse avant de démarrer sa journée.

La Marque du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant