Chapitre 15 : Éclatante vérité

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Tous les regards étaient tournés vers lui, en le jugeant profondément. Le soleil tapait avec force ce jour-là sur la colline, et les bruits de corruption menaçant les champs et habitations se faisaient désormais entendre jusqu'à la place du marché, ne pouvant plus se faire ignorer. Alan s'était absenté plusieurs jours et les habitants de Labulat le regardaient d'un mauvais œil, Suzanne avait certainement dû alerter la population sur la situation critique de leur lieu de vie, chose qu'il n'aurait jamais été capable de faire. Les paysans ne se retrouvaient plus dans les idées de leur ancien chef, du fait de son absence et de son manque de communication. Ainsi, tous se réfugièrent dans les directives de Suzanne depuis qu'elle avait pris les choses en main. Désormais, tous savaient qu'ils devraient partir ailleurs et que leur vie était en danger en ces lieux, et ils faisaient bien comprendre à l'oncle qu'il portait ce lourd fardeau sur ses épaules. Ce fait lui trottait tant dans la tête qu'il en avait oublié son allure morbide qui devait être la principale raison de ces jugements multiples dans les rues du village.

Quand certains s'attardaient sur son apparence, d'autres cachaient les yeux de leurs enfants en le croisant. L'homme n'avait pas fait attention à sa tenue salie et les taches de sang séché dessus qui attiraient l'œil des passants. Son excursion au Château d'Hyrule fut sombre et barbare, il en portait les marques sur lui. Sa blessure à la joue – qu'il n'avait pas eu le temps de traiter correctement – donnait à son visage un air plus redoutable et dangereux à fuir. Comme un intru dans sa propre maison, Alan s'arrêta au milieu de la place peu fréquentée et observa les paumes de ses mains, tachées d'un pourpre distinctif elles aussi. Il était peu fier d'avoir tué ce groupe de Yigas, mais son désir de vengeance était bien trop grand pour renoncer à cet acte impardonnable. Pour lui, ces traîtres ne méritaient que la mort. En conséquence, il se retrouvait à passer pour un meurtrier sans cœur dans son village, avec le sang de ses victimes qui avait repeint la couleur de sa peau par endroits.

Revenir ici sans rien, pas un seul rubis comme il le souhaitait, était de trop. Ses prières ne semblaient pas fonctionner et le désespoir avait fini par le ronger dans son entièreté. Il s'empressa de rejoindre sa maison pour épargner les autres personnes de cette vision d'horreur qu'il transmettait par sa seule présence. Ce combat avec lui-même avait trop duré, il s'enfermerait chez lui sans la volonté d'en ressortir, en laissant se détruire tout ce qu'il avait bâti sur cette colline autrefois prometteuse, et lui avec.

La porte claqua dans un bruit assourdissant lorsqu'il la referma derrière lui. Alan était de retour chez lui, il put constater cette même poussière omniprésente qui remplissait toujours l'air ambiant. Des rideaux à chaque fenêtre empêchaient la lumière de pénétrer dans la pièce, et son matériel de concoction de potions était étalé sur la table centrale, exactement comme lorsqu'il avait quitté Labulat. L'homme en profita pour y dénicher un soin rapide qu'il pourrait appliquer à sa joue pour s'occuper de la profonde coupure qu'il avait reçu de son ennemi. Sans un mot, il s'assit et prépara ce dont il avait besoin et appliqua un épais coton imbibé d'un liquide de guérison sur son visage. Alan le frotta délicatement contre sa peau fendue et sentit la substance pénétrer dans sa chair, ce qui ne lui procura cependant aucune douleur. Une fois la coupure traitée, il retira le coton et vit que de la corruption se trouvait dessus et était en train de le ronger dans sa main. Ce fait fit soupirer l'oncle qui posa celui-ci sur la table. Soudain, des sons se firent entendre depuis l'étage, comme des pas lourds sur le sol.

Alan s'immobilisa en refusant de croire que la personne qui se trouvait également chez lui était sa nièce, revenue de son voyage improvisé. Il n'était absolument pas prêt à la revoir de sitôt, il n'avait toujours pas pris assez de recul sur la situation et cela le plongeait dans un stress épuisant qui le rendit nerveux de manière instantanée. Une soif grandissante se manifesta lorsqu'il aperçut un verre d'eau en face de lui. Il l'attrapa et décida de nier ce qu'il venait d'entendre en se focalisant sur autre chose, pour rester calme.

La Marque du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant