Chapitre 19 : Derrière le nuage

23 2 5
                                    

     Ses bottes résonnaient sur ces pavés carrés qui arpentaient le sol de ce couloir plongé dans l'obscurité. L'endroit ne semblait avoir aucune limite, il s'étalait sur plusieurs kilomètres sans problème et disposait de plusieurs portes sur les deux murs parallèles, menant à d'innombrables pièces. Il y avait également un silence pesant sans la moindre trace de vie, ce lieu était l'un des plus secrets de l'organisation qui en était le propriétaire, il avait été bâti pendant plusieurs années et permettait de relier deux endroits stratégiques pour mener à bien la mission qu'on lui avait confiée. Celle qu'il attendait depuis si longtemps et dont il craignait voir donnée à quelqu'un d'autre de moins compétent que lui. Même si pour le moment, l'homme ne pouvait pas dire qu'il s'agissait d'une grosse réussite, c'était même un échec total qu'il s'apprêtait à annoncer à son supérieur...

     Tous les dix mètres étaient dressées de lourdes poutres en bois solide contre les parois du tunnel pour le maintenir debout sur une distance remarquable. Et sur chacune d'entre-elles, un étendard mauve y était accroché, le même à chaque fois présentant un seul même symbole doré : deux tracés en serpent, l'un opposé à l'autre et qui se croisaient en leur centre commun. Stann ne connaissait cet emblème que trop bien désormais, un blason qui terrifiait des milliers de personnes à sa simple vue et qui en stimulait des milliers d'autres de la même manière. Le concernant, cela lui donnait la chair de poule en même temps de lui offrir une grande détermination. Chaque pas qu'il effectuait le dirigeait de plus en plus vers sa chute, peut-être. Il était incapable de prévoir la réaction de son chef vis-à-vis de ce qu'il allait lui dire, il était un homme bien trop mystérieux, imprévisible, et qui ne laissait rien transparaître pour pouvoir anticiper ses actes.

     Cet homme apparut en face de lui, sortant de la pénombre. Il était blond, les cheveux attachés derrière son crâne et vêtu d'un uniforme noir sur lequel était cousu le même symbole que sur les étendards du couloir. Il portait également des chausses bleu nuit singulières et très élégantes. Son statut dans la hiérarchie était notable grâce à la couleur or du talon de son épée, sanglée à sa ceinture. C'était un signe de puissance et de haut-rang que Stann osait convoiter malgré sa position. Sous sa capuche, il baissa les yeux avant de se retrouver devant son supérieur, le cœur battant. En signe de politesse et de soumission, il sortit sa dague à la lame lumineuse qui s'allongea pour devenir sa fameuse épée magique. Stann posa cette arme au sol en s'agenouillant, c'était la procédure pour saluer ses chefs, il devait s'y tenir même si cela le dérangeait. L'homme en face de lui le regarda se soumettre avec nonchalance et ne lui renvoya guère ses salutations, il attaqua directement avec le sujet qui l'intéressait. Les deux individus débutèrent leur conversation, dans une langue complètement différente de l'hyrulien.

- Verdict ? lança en premier le supérieur.

     Le genou toujours à terre, Stann se fit tout petit, en laissant quelques secondes de silence avant sa réponse qui décevrait l'inconnu bien vêtu. Sa patience paraissait réduite, l'Hylien aux oreilles coupées allait passer de très longues minutes.

- J'ai échoué, j'en suis navré, avoua le père de Leo et Lucas.

     Il perçut un long soupir peu rassurant, il n'osait plus relever la tête pour observer la réaction de l'homme. Ce dernier finit par s'accroupir pour se retrouver à la bonne hauteur et lui adressa des mots qui l'aurait révolté si son interlocuteur ne possédait pas autant de pouvoir face à lui. Il avait opté pour un ton sec et bas.

- Comment a-t-on pu te léguer la place de général adjoint...

     Ce sentiment de honte que Stann sentait l'envahir était très désagréable, les choses étaient bien trop injustes. Il avait fait tout son possible pour mener à bien sa mission, il avait même fini par mettre sa vie en danger ! Seulement, son supérieur ne lui offrait pas la moindre reconnaissance. Pas une félicitation. L'objectif était l'objectif, il fallait l'atteindre, ou c'était l'échec, point. Il s'empara de la capuche de Stann qu'il tira de sa tête pour dévoiler celle-ci à l'air libre. Cette allure de personnage mystérieux était pitoyable à ses yeux, l'Hylien se prenait pour un dieu avec les artefacts qu'on lui avait légués, alors qu'il restait un homme perdu à qui on avait donné une chance de vivre une nouvelle vie au lieu de mourir, comme tous les autres.

La Marque du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant