Début d'écriture mi-décembre 2022
— Saleté de temps à la con ! Hurlait Alice en s'engouffrant dans le métro.
Son brushing qu'elle voulait impeccable avant d'aller au boulot était ruiné. Et pourtant elle y avait mis du sien pour dompter sa longue chevelure rousse et ondulée.
En s'immobilisant devant la vitre d'un distributeur de confiseries, la jeune vérifia son allure.
Si la coiffure était gâchée, elle priait pour que son maquillage, qui lui avait pris une plombe à réaliser soit intact.— Sananas ! Je vais te foutre un mauvais commentaire ! Cette technique de contouring est ultra naze. On dirait un travelos en fin de soirée ! Se lamenta t-elle avant de sortir une lingette démaquillante de son sac pour se débarbouiller tout en avançant vers le métro.
Assise sur un siège à demi poisseux, Alice songea à sa pauvre existence.
Vingts-six ans : pas de mec, pas de gosse, un léger surpoids, un studio ridicule qui sentait un jour sur deux le rat crevé( à cause de son voisin crasseux).
Certes elle avait un emploi, mais rien de très passionnant, alors qu'elle avait fait de brillantes études en architecture, elle se trouvait secrétaire de Clément Beaujois.Un homme brillant et très séduisant, sur lequel elle craquait depuis six mois. Architecte reconnus et riche à millions il ne s'était jamais réellement aperçu des talents de sa secretaire, voyant en elle, uniquement une employée compétente qui répondait à toutes ses exigences.
Une main posée sur le collant de sa
cuisse la fit frissonner. Elle leva les yeux pour croiser le regard répugnant d'un homme aux manières déplacées.— Retire ta main tout de suite ! Lui adressa t-elle avec colère.
— Oh fait pas la meuf ! Quand on porte ce genre de jupe, faut s'attendre à se faire palper ma jolie. Répondit-il sans se démonter.
Alice, furieuse, se leva d'un bond.
— Je vais t'en foutre des palpations petit con ! C'est vraiment pas le moment de me chercher des noises ! Tu sais depuis quelle heure je suis debout? Cinq heure du matin, mon grand ! Et tout ça pour lisser cette tignasse qui ressemble maintenant au paillasson d'entrée de la mairie. Sans compter que j'ai mis une heure à faire ce putain de make up pour ressembler à ma tante Béatrice. Et je peux t'affirmer que c'est pas une référence, pour l'avoir vu bourrée le lendemain de Noël. Alors c'est pas un merdeux comme toi qui va me faire chier !
L'homme l'observa les yeux ronds, complètement dépassé.
— Si t'as envi que je m'occupe de ta petite tronche de connard, bouge pas ! J'ai à mon actif plus de 30 heures de kick boxing réalisé avec la Wii U. S'emporta t-elle en attirant tout les regards vers elle.
— T'es vraiment chelou comme nana ! Finit par lui adresser le jeune homme en quittant le métro.
Enervée à ne pas savoir décolérer, Alice expira avec intensité avant de reprendre place sur son siège. Elle inspecta une dernière fois son reflet grâce à la caméra frontale de son téléphone.
Tout était ruiné. Elle qui avait réussi à camoufler les taches de rousseurs qui parsemaient ses joues et l'arrête de son nez... Elle regrettait amèrement d'avoir perdu son temps.Elle pianota sur son téléphone pour trouver le profil instagram de cette influenceuse qu'elle suivait depuis des années.
« Sananas ! Tu as gâché ma journée. Je vais pécho personne avec la tête de con que j'ai !! 😖😖 »
Ce commentaire lui apporta un sentiment d'exutoire... de courte durée.
Quand Alice quitta le métro pour retrouver le cabinet d'architecture de Clèment Beaujois, elle priait pour que la journée se passe rapidement. Elle n'avait plus le moral et pas non plus l'envie de se montrer ainsi devant son patron qu'elle admirait.
En pénétrant à l'intérieur des bureaux, elle comprit qu'il était déjà sur les lieux. La porte de son bureau restait entrouverte et elle pouvait entendre le son grave de sa voix.
Des semaines qu'elle miroitait d'avantage qu'une simple relation professionnelle avec lui. Des semaines qu'elle se maquillait et s'embellissait pour ses beaux yeux bleus. Des jours qu'elle riait niaisement à ses demi-blagues carambar.
Mais rien.
Clément ne voyait rien. Ou alors il feintait de ne rien voir.
Néanmoins, Alice ne baissait pas les bras. Elle voulait cet homme, car elle le trouvait à son goût physiquement et mentalement. Et la jolie rousse se persuadait qu'il finirait pas voir en elle, ce qu'elle voyait déjà en lui.
Après avoir poser ses affaires sur son bureau. Elle inspira puis se dirigea vers celui de son patron.
Elle frappa timidement sur la porte avant d'entendre sa voix l'inviter â entrer.
— Bonjour Alice. Dit t-il sans même la regarder.
— Bonjour Monsieur Beaujois.
Elle l'appelait toujours par son nom depuis six mois. Sa tentative pour le séduire était à son point mort.
Alice avait même l'impression de reculer tellement Clément ne lui montrait aucun intérêt plus que professionnel.La jeune femme s'était déjà assurée qu'il n'y avait ni femme, ni personne dans sa vie.
Et il semblait que c'était le cas.— Vous êtes en retard ce matin. Remarqua t-il sans animosité.
— Oui pardonnez moi. Un problème de métro.
— Voilà pourquoi je déteste les transports en commun. Vous devriez passer votre permis Alice. Cela vous faciliterez la vie. Ajouta le patron en levant enfin les yeux vers elle.
Clément fronça ses sourcils châtains devant l'apparence « inhabituelle » de son employé. Ses cheveux semblaient deux fois plus volumineux qu'à l'accoutumé, une ombre noir soulignait le dessous de ses yeux et ses vêtements étaient vraisemblablement trempés.
— Tout va bien Alice? S'enquit il en se redressant pour l'observer d'avantage.
— Tout va bien... Assura t-elle avec un large sourire.
— Vous semblez... différente. Dit il en pesant ses mots.
« Bingo! La machine est en marche...» songea t-elle.
— Vous trouvez? Souriait la jeune femme en recoiffant son épaisse chevelure de rousse.
— Êtes vous souffrante?
Alice perdit immédiatement ce sourire niais, et se contenta de racler sa gorge afin d'avancer vers le bureau de son patron, dans une confusion la plus totale.
— Tout va bien. Je me suis simplement fait surprendre par la pluie. Expliqua l'employé en lui tendant un dossier.
— C'est le projet Rousseau?
— Oui. Je l'ai complété hier soir.
Clément feuilleta brièvement le porte document avant de la congédier.
Quel tragédie ! Séduire un homme tel que lui semblait être une cause perdue, voir une utopie sans nom.

VOUS LISEZ
Un amour presque oublié
RomanceAlice est une jeune femme plus ou moins bien dans sa peau. Désespérée d'enfin trouver l'amour, le vrai, elle tombe sous le charme de son patron, un bel architecte qui ne semble pas s'intéresser à elle. Alice ne baisse pas les bras, et continue à e...