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Insupportable !

Voilà comment Aurelio qualifiait la situation qui se déroulait sous ses yeux. Alice se jetait littéralement sur cet homme et le beau brun avait pourtant tenté de l'en dissuader.
Sans compter qu'elle n'avait pas daigné le contacter depuis plusieurs jours, et la trouver là dans ce restaurant en train de rire aux blagues certainement vides de l'architecte faisait bouillir en lui un sentiment amère.

Ce français lançait des regards équivoques à Alice. Des yeux remplis d'un désir qu'Aurelio avait du mal à supporter.

Que lui prenait-il? La jolie Alice ne lui appartenait pas. N'était-ce pas lui qui avait fait une croix définitive sur les femmes?

Si.
C'était bien lui. Alors pourquoi un tel intérêt pour cette française à la chevelure ardente?

Il n'en avait pas la réponse.

Alors peut être le gout amer qui lui restait du passé.

Alice se leva gracieusement pour se diriger vers les toilettes. Les regards d'Aurelio vers elle, n'avaient eu cesse de réchauffer ses joues et de rendre ses mains moites.
Elle avait besoin de s'isoler un peu, pour reprendre ses esprits.

A peine c'était elle introduit dans les toilettes pour éponger son visage avec un peu d'eau, que la porte bâtante bascula pour laisser la silhouette carrée du bel italien apparaitre.

Prise de court, Alice eut un mouvement de recul en crispant son visage.

— Cet endroit est réservé aux femmes ! Lui asséna t-elle.

— Les femmes attendront ! Grogna Aurelio en s'approchant d'un pas presque menaçant.

— Que faites vous là Monsieur Giacobo?

— Je vous retourne la question Mademoiselle Germain? Que faites vous ici?

— Ça ne vous regarde pas ! Je dine avec mon patron. Voilà tout. Dit elle en détournant le regard et en se dirigeant vers le distributeur à serviette en papier.

— Vous dinez avec votre patron dans cette tenue? La toisa t-il en scrutant les courbes de son corps.

Alice frissonna sans que cette sensation soit désagréable.

— La façon dont je m'habille ne vous concerne pas ! S'emporta t-elle.

La jolie rousse était furieuse. Et sa poitrine moulée dans cette robe envoutant ne faisait que se soulever avec la rapidité de son souffle.

— Vous allez beaucoup trop loin Monsieur Giacobo. Je ne tolérerai pas autre chose venant de vous ! Affirma t-elle sans se démonter.

Aurelio s'approcha alors franchement la forçant à reculer jusqu'à rencontrer le mur de la pièce.
Prise au piège, Alice ne ressentait cependant ni crainte, ni insécurité.
Le bel italien à l'accent ensorcellant plaça ses deux mains contre le mur de part et d'autre de son visage.
Allant presque jusqu'à froler son visage avec le sien.

Il pouvait la sentir frémir devant sa carrure athlétique, la sentir trembler devant sa parfaite constitution.
Aurelio observa ses lèvres avec attention, avec cette envie folle de les capturer avec fougue.

Aurelio approcha ses doigts pour effleurer cette joue douce parsemée de ravissantes taches de rousseur, descendant jusqu'à sa bouche ardente.

— Vous êtes incroyable ce soir Alice. Murmura t-il en lui adressant un regard brulant.

Il venait de l'appeler par son prénom.

Pour simple réponse, la jolie rouquine ferma ses fines paupière, l'invitant à presser ses lèvres contre les siennes.

Mais il ne fit rien.

— Cet homme ne vous plait pas. J'en ai désormais la conviction. Dit il d'un ton froid avant de se dégager brutalement.

La chaleur avait disparu d'un seul coup. Et Alice du faire un effort colossal pour reprendre ses esprits.

— J'exige que vous me donniez une réponse Mademoiselle Germain. J'attend votre coup de fil depuis des jours.

— Je ne veux pas travailler pour vous. Se persuada t-elle.

— Vous me craigniez?

— N-on. Bafouilla t-elle.

— Alors acceptez et cessez de jouer à ce jeu là avec moi.

— Je ne peux pas. Je suis la secrétaire de Monsieur Beaujois. Je ne peux pas me montrer déloyale envers lui alors que vous ne souhaitez pas faire affaire avec lui.

— Encore ce satané Beaujois ! Quand comprendrez vous que cet homme ne vous veut pas votre bien !

— Parce que c'est le cas pour vous?! Le défia t-elle avec audace.

— Vous vous trompez clairement sur mes intentions Mademoiselle Germain.
Je ne cherche pas à vous nuire.

C'était bien le contraire.

— Alors cessez de m'importuner. Cingla t-elle en se dirigeant vers la poubelle pour jeter la serviette en papier.

Elle passa tout proche d'Aurelio sans lui lancer un seul regard.

— Prenez garde Mademoiselle Germain. Le loup n'est pas toujours celui que l'on croit. Siffla Aurelio avant de disparaitre avec colère.

Alice resta tétanisée par ce qu'elle venait de vivre. Cet homme avait le chic pour la rendre dingue. Et son coté intrusif n'avait pas lieu d'être.

Elle attendit de regagner ses esprits avant de retrouver Clément, elle jeta un oeil vers la table d'Aurelio et elle s'aperçut qu'il n'était plus là. 

Clément s'empressa de l'inviter à goûter au dessert mais elle n'avait plus faim, l'appétit s'en était allé en même temps que le bel italien.

Sentant que la soirée s'éternisait, Alice pressa son patron pour qu'ils quittent ce bel endroit.

La secrétaire toujours bouleversée par ce qu'elle avait ressenti devant la présence d'Aurelio, ne parvenait plus à se réjouir.

— Vous êtes étrangement muette Alice. Lui adressa Clément en se garant devant son immeuble.

— Je suis fatiguée c'est pour ça.

— Moi qui espériez que vous m'invitiez boire un verre chez vous. 

Alice écarquilla ses grands yeux noisettes. Elle n'y avait pas songé une seconde.

Lui, dans son studio ridicule? Que s'imaginait il? Qu'elle laissait les hommes montaient chez elle aussi facilement?

— Je suis navrée. Ne m'en voulez pas. Une prochaine fois.

Clément baissa la tête avec déception avant de la relever avec un grand sourire.

— Je peux vous embrasser au moins? Demanda t-il alors qu'elle s'apprêtait à quitter la voiture.

Prise de court, Alice resta les bras ballants ne sachant pas comment se sortir de cette situation embarrassante.

Avait-elle envi qu'il l'embrasse? En avait-elle envi là tout de suite?

Alice n'en savait rien.

Mais elle n'eut pas le temps de répondre que Clément l'avait attiré vers lui pour l'embrasser expressément.

Ce baisé froid et maladroit ne lui apporta qu'un malaise profond.
Gênée elle se recula avant qu'il tente d'approfondir ce rapprochement.

Elle lui sourit par politesse avant de lui souhaiter une bonne nuit.

Grand sourire, Clément s'éclipsa, persuadé de l'avoir conquise ce soir, satisfait qu'elle ai succombé à son charme.

Un amour presque oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant