Les Testaments ( Margaret Atwood)

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Publiée en 2019, soit trente-quatre ans après « La Servante Écarlate » et relatant des faits qui se seraient déroulés quinze ans après les événements du premier tome, cette suite est racontée par trois personnages. Ou plutôt elle rapporte trois témoignages féminins lors d'un colloque sur les études gileadiennes, ayant lieu en 2197, soit plus de cent ans après Gilead. (L'auteure est décidément meilleure en rapports, en expertises, colloques et autres écrits plus académiques).
Des historiens ont retrouvé lors de fouilles les carnets intimes de Tante Lydia premièrement, puis deux témoignages recueillis au moment de la chute de Gilead : ceux d'Agnes, jeune fille de Gilead, fille naturelle d'une servante et fille officielle d'une épouse et d'un commandant, et ceux de Daisy, jeune femme née à Gilead mais ayant grandi au Canada parce que sa mère, servante, avait réussi à la faire sortir du pays.
J'avais espéré beaucoup d'explications, d'éclaircissements sur les fondements et fonctionnements de Gilead dans ce second tome. Non : on aura surtout des informations sur sa chute et, par l'intermédiaire de Tante Lydia et de manière partielle, sur la façon dont les tantes étaient choisies et renouvelées au sein de la dictature. Rien de plus, et peut-être parce que l'auteure ne sait pas elle-même, au fond, comment un tel régime peut prendre le pouvoir et le garder.
Lydia était donc, du temps des États-Unis, une juge divorcée. Première surprise : pourquoi Tante et non les colonies ou encore Martha ? On saura peu de choses sur cette sélection rigoureuse. Si elle ne pouvait être épouse (pas mariée à un Commandant) ni servante (pas eu d'enfants), quels critères pour les autres fonctions ? Il s'agirait peut-être d'érudition et de diplômes. Une ancienne juge. On n'en saura guère plus.
Le témoignage d'Agnes nous renseigne sur le renouvellement des tantes, qui commence à se poser quinze années après la création du régime. Agnès est une fille de commandant qui refuse le mariage. Elle, ainsi que l'une de ses camarades de classe, sont dégoûtées à l'idée de se retrouver au lit avec un époux. Voilà ce qui fait une bonne tante : une jeune fille issue de l'élite, qui a reçu une éducation et qui est pure. De préférence, elle déteste assez les hommes.
Les Tantes ont tout pouvoir sur ces jeunes filles issues de l'élite si elles sentent qu'elles ont reçu « l'appel », à la façon des religieux. Les parents n'ont plus de pouvoir là-dessus, la fille même promise devient Suppliante (future Tante), point.
Passées ces explications, s'ensuit une série de surprenants rebondissements, faisant intervenir Daisy, jeune fille plus jeune qu'Agnes et vivant au Canada, ayant grandi avec des parents adoptifs. Daisy est en réalité « Bébé Nicole », un bébé arraché de Gilead seize ans plus tôt par l'intervention de la résistance et de sa mère naturelle, une servante. Daisy, toujours réclamée et recherchée par les autorités de Gilead, au point qu'elle est devenue un symbole dans tout le pays, se retrouve propulsée à Gilead par la résistance, étant la seule à pouvoir mettre un terme au régime. Et toute cette résistance est orchestrée de l'intérieur par ... Tante Lydia. La même tante cruelle et gerbante du premier tome.
On apprend également qu'Agnes et Daisy sont soeurs, et peut-être même les filles naturelles de la Servante Écarlate, Defred. C'est bien pratique. Daisy, après avoir infiltré Gilead et en transportant des informations transmises par Tante Nicole, retourne au Canada avec sa sœur aînée. Les médias canadiens divulguent des informations confidentielles si scandaleuses qu'elles permettent un coup d'état militaire entraînant l'effondrement du régime et le retour des Etats-Unis. (Si facile, de faire tomber tout un régime, que ça peut être mené par une gamine de seize ans et une vieille Tante !).
Voilà un bon « page-Turner », c'est-à-dire un récit tout à fait dénué de vraisemblance et de finesse. Les intrigues sont médiocres, grossières. Les événements s'enchaînent de manière navrante. Aucune psychologie non plus : les personnages prennent des décisions irrationnelles, illogiques, ne servant qu'à mener le récit au dénouement favorable que l'auteure a prévu. Mais enfin, c'est bien moral : les méchants perdent, voilà. Et ce sont trois femmes seulement qui font tomber tout un régime patriarcal. Ah, que c'est beau !
Et cela m'apprendra a encore acheter des best-sellers.

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