Chapitre 2

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- Ce n'est pas possible, je pensais que c'était une légende, murmura Hessa apeurée.

Je ne disais rien. J'étais tourmentée entre la peur, l'angoisse et l'incompréhension.
Cependant je ne pouvais m'empêcher de trouver tout ça fascinant.

Des hommes entièrement vêtus de noir, se dressaient devant nous, tels des statues de marbre : grands, imposants et magnifiques.

Nous ne pouvions voir que leurs yeux sous leurs vêtements qui les protégeaient du sable, mais la finesse du tissu laissait deviner des carrures massives, presque grotesques.

Les ombres du désert.

Leurs montures, des purs-sangs arabes, se tenaient aussi droits qu'eux. Les filets et les rênes en or contrastaient avec leurs pelages noirs et brun foncé. Adila nous racontait des histoires à leur sujet. Pour moi, ces récits n'étaient que des mythes destinés à alimenter l'imagination des enfants du pays. Pourtant je ne rêvais pas. Ils étaient bien là, majestueux et effrayants.

- Retournons à l'intérieur maintenant, pressai-je ma sœur en la prenant par le bras, alors que des hommes s'approchaient avec assurance, bien qu'ils n'avaient aucune arme en main.

Mais avant que nous ne puissions retourner dans la voiture, je sentis ma sœur s'arrêter brusquement derrière moi. Un homme vint se plaça soudain face à moi, comme une étoile filante qui venant bouleverser mon champ de vision. Sauf qu'ici, l'image était tout autre. La noirceur de son vêtement était si sombre, que j'eus l'impression de voir une éclipse.

- Ne faites pas un pas de plus !

À l'entente de sa voix et à la vue de son corps, j'eus un soubresaut. Un frisson de peur s'immisça dans mon échine. Mais lorsque je relevai la tête pour confronter l'homme en face de moi, je retins un cri d'effroi. 

Ses yeux étaient tellement sombres, que j'avais l'impression d'y voir le néant.

- Ne la touche pas ou je te tue, cria mon père, fou de rage, derrière nous.

Je ne l'avais pas vu sortir de la voiture. Un homme le retenait par le bras, et bien que mon père, qui était aussi un homme fort et grand, se débattait pour se dégager de son emprise, l'inconnu qui faisait une tête de plus que lui, ne bougea pas d'un centimètre.

- Si tu me menaces encore, je te planterais ma dague dans le cœur, dit l'homme en face de moi sur un ton calme mais menaçant.

Ses yeux me clouaient sur place. Il me fixait d'une manière si intense et inquiétante que les événements à venir ne pouvaient qu'être désastreux.

- Laissez mes filles, je vous en supplie... dit mon père, complètement désemparé.

J'ai toujours connu mon père comme étant un homme impétueux, sûr de lui et intransigeant. Et le voir dans une position de désarroi me faisait mal au cœur.

S'il ne pouvait pas me protéger, alors qui allait le faire ? Ma mère n'était même pas sortie de la voiture.

Est-ce que seulement elle s'inquiétait pour nous ?

Pour moi ?

- J'ai attendu trop longtemps.

Sa main frôla une mèche qui sortait de mon foulard.

Je le repoussai violemment.

- Ne me touchez pas ! Dis-je d'un ton ferme.

Les ombres du désert [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant