Chapitre 8

1.3K 91 24
                                    

Zaina

Après ma discussion avec Jawhar dans la cuisine, j'étais allée dormir, l'esprit ailleurs. L'histoire de Zahir et Kheilane m'avait un peu embrumé l'esprit. Je ne voulais pas être la cause d'une querelle entre deux amis d'enfance.

Kheilane semblait éprouvée pour Zahir un amour profond, mais quand était-il de lui ?

« C'est parce qu'elle est de ton rang que tu prends sa défense ? »

Serait-ce parce qu'ils n'appartenaient pas à la même classe sociale ?

La religion ne faisait pas la distinction des classes lorsqu'il s'agissait de mariage.

Mais j'avais bien peur que leur amitié d'enfance soit maintenant menacée par une troisième personne :

Le diable.

Je ne savais pas si l'amitié entre une femme et un homme puisse exister hors mariage. Je n'avais jamais eu beaucoup de contact avec des hommes dans ma vie à part certains de mes professeurs, puisque j'étais dans une école pour filles uniquement.

Cependant, il était indéniable que l'amitié entre deux personnes de sexes opposés ouvrait la porte à la tentation. Il y avait juste à écouter les récits de ma petite soeur Adila pour le comprendre.

Qu'Allah leur facilite cette épreuve

L'amour était incontrôlable et Allah ne nous interdisait par d'aimer, au contraire.

Dans un hadith, Ibn al-Qayyim (Puisse Allah le Très-haut lui accorder Sa miséricorde) a dit : «On ne saurait reprocher à personne d'aimer les femmes. C'est même une marque de perfection. »

J'ai déjà lu des histoires sur des amours passionnels, mais l'amour pouvait aussi être destructeur, ravageur. Et parfois il était sublimé par le diable juste pour nous mener à ce qui était blâmable et illicite.

Et Allah est plus savant.

(...)

Le lendemain matin, je me réveille à l'heure du fajr.* (à l'aube)

Encore un réveille sans mes sœurs et mes parents.

Je fais ma prière et demande à Dieu de me faciliter les épreuves dans cette dunya* (la vie d'ici-bas). Je prie pour retrouver ma famille saine et sauve, qu'ils soient en bonne santé et que ma disparition ne leur ait causé aucun tort. Je prie pour retrouver ma liberté mais surtout pour qu'Il pardonne mon père.

Des larmes tombèrent sur mes joues à cette image insoutenable.

Une femme et un enfant mort... des mains de mon propre père...

Et moi est-ce que je serais capable de le pardonner ?

****

Il était encore tôt, et tout semblait calme dans la grande demeure. J'en profitais pour faire un tour dans les autres pièces de la maison. Les portes étaient toutes en bois avec des arabesques dessus. Elles contrastaient étrangement avec les murs en terre cuite et le carrelage beige.

Une en particulière attira mon attention. Elle était plus grande et plus large, et surtout elle était noir à l'inverse des autres.

Je tournais la poignée doucement, mon instinct me disait que je n'avais pas le droit d'être ici mais tant pis, je mourrais d'ennuie.

Les ombres du désert [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant