Chapitre 10

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Aldébaran, 1969

Zaina

Avez-vous déjà voulu vivre dans un rêve ?

Je rêvais tous les jours avant de venir ici. Cela pouvait paraître anodin, mais mes songes me donnaient de la force au quotidien. Ils pouvaient me rendre heureuse lorsque ça n'allait pas, et quand j'avais une dure journée, mes rêves me permettaient de m'échapper en me faisant voyager dans un monde où le mal n'existait pas.

Parfois, quand quelque chose me rendait triste, je m'enfermais dans ma chambre, m'allongeais sur mon lit, fermais les yeux, et ensuite je laissais mon imagination faire le travail.

Mon rêve préféré était la rencontre avec un homme sur la plage. On discutait ensemble d'un tas de choses intéressantes pendant des heures, jusqu'au coucher de soleil.

J'aurais découvert un homme aimable, franc, intelligent, bienveillant, charismatique, et surtout un homme pieux et qui craignait Allah.

Mais à mon réveil, tout disparaissait.

La mer, le soleil, et l'homme...

La réalité rattrapait toujours l'imaginaire.

Ces deux dernières nuits, des yeux dangereusement noirs et aussi brûlants qu'une fournaise, envahissait mon esprit.

Je me réveillais à chaque fois en sueur, comme si de la fumée se disséminait dans la pièce, laissant mon corps aussi chaud qu'une braise. Mais impossible de me souvenir des actes cruels de Jawhar dans mes songes...

(...)

Le lendemain matin, nous étions prêts à partir pour le palais d'Aldébaran.

Je n'arrivais toujours pas à y croire.

Jawhar était le fils du roi.

J'aurais dû m'en douter avec tous ces hommes de main, cette immense demeure au milieu du désert, et de son impitoyable caractère.

Sans parler de son allure magistrale.

Je n'avais rien pris avec moi, Jawhar m'avait assuré qu'il y avait tout ce dont j'aurais besoin au Palais.

Je m'en fichais royalement. Moi, tout ce que je désirais c'était qu'il me conduise à Altaïr, mon pays.

- Je peux avoir mon propre cheval ?

Je réclamai en caressant la tête du sien.

- Non ! Et même si j'acceptais, les chevaux ne t'écouteraient pas.

- Pourquoi ? Cela a-t-il un lien avec les ombres du désert ? Je demande curieuse.

Il me fixa un instant, le regard froid.

- Que savez-vous sur nous ?

- Pas beaucoup de choses à part ce que ma sœur m'a raconté. Je réfléchis quelques secondes puis je repris :

- Je sais que vous pouvez passer des mois seuls au milieu du désert. Que vous vous habillez toujours en noir, laissant croire que vous n'êtes que des ombres, mais aussi que vous possédez une force qui dépasse l'entendement.

Les ombres du désert [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant