Jawhar
Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi obstiné et têtu qu'elle. Elle avait la capacité de me rendre fou, et elle savait très bien comment jouer avec ma patience. Mais malgré cela, ce petit démon persistait, et j'avais l'impression que cela lui plaisait de me voir en colère.
Cet entêtement l'avait conduite sur ce lit, complètement épuisée et affaiblie.
Lorsqu'elle tomba sur le sable, le cœur faible et le corps gelé, un sentiment étrange s'éveilla en moi. La vision de son visage pâle et la sensation de ses mains gelées sur ma peau, me rappelèrent la pire nuit de ma vie.
- Cours et ne te retourne pas Jawhar ! Fais ça pour moi...
Une douleur affreuse serra mon cœur déjà meurtri.
Je pris Zaina dans mes bras, mon chèche encore sur sa tête, mais sa position laissait entrevoir des courbes interdites de son corps.
- Baissez vos yeux et sortez tous d'ici, criai-je aux hommes rassemblés devant la maison.
- Manel, apportez-moi un verre d'eau, dis-je à la vieille femme dans la cuisine.
Arrivé dans la chambre, je l'allongeai sur le lit avec une douceur qui ne m'était pas habituelle, et retirai le chèche qui recouvrait son visage d'ange.
Je posai une main sur son cœur et constatai qu'il battait trop lentement.
Il fallait à tout prix qu'elle se réveille pour manger et reprendre des forces.
Sans plus attendre, je m'assis sur le lit, et la redressai de façon à ce que sa tête soit au niveau de ma poitrine.
- Merci, dis-je à Manel qui me tendait le verre d'eau.
Je le posai sur ses lèvres délicates et laissai quelques gouttes redonner de la couleur à sa bouche aussi rose que la fleur matinale.
Elle fronça des sourcils après quelques secondes, puis elle ouvrit avec difficulté ses yeux bruns clairs.
- Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-elle difficilement, encore un peu étourdie.
- Je vous donne à boire, et s'il le faut, je vous donnerai à manger aussi. Regardez dans quel état vous vous êtes mise ! dis-je sur un ton de reproche.
Ses yeux de chat me regardaient avec incompréhension. La couleur de ses iris était semblable à l'ambre, d'un brun rougeâtre assassinant.
Je remarquai qu'elle avait une cicatrice sur le sourcil droit, et un instant, j'eus envie d'y passer mon doigt.
- Je sais prendre soin de moi, dit-elle en essayant de se relever.
- Oui, je vois ça...
- Mon foulard ? demanda-t-elle paniquée, en passant une main sur ses longs cheveux bruns.
Elle était d'une véritable beauté avec ou sans son voile. Même un aveugle devinerait sa splendeur délicate. Elle embellissait le jour et irradiait la nuit.
- Vous n'êtes pas obligée d'être voilée devant moi, dis-je, indifférent.
- Mais j'y tiens. À mes yeux, vous n'êtes pas mon mari. À vrai dire, vous n'êtes rien du tout.
Cela me mit en colère mais je ne dis rien. Sa voix pleine d'amertume me rongeait intérieurement. Son souhait était de se préservait pour quelqu'un qu'elle aimerait et chérirait, quelque chose qui, dans cette vie, je le savais, ne m'était pas destiné.
- Mon regard sur vous ne sera jamais celui de la convoitise, dis-je pour blesser son ego.
Un sourire ironique étira ses lèvres tentatrices du mal.
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Les ombres du désert [Terminé]
RomanceUn secret qui remonte y a longtemps va faire rage sur les enfants maintenant devenus adultes. Zaina va voir sa vie changer du jour au lendemain lorsque des hommes la prendront de force sur la route alors qu'elles voyageaient avec sa famille. Sa vie...