Les ombres du désert [Terminé]

Chapitre 11

Zaina

(...)

- J'ai fait un serment avec votre grand frère, Zaina...

Mon cœur se figea, comme si le monde avait cessé de tourner. Un grand frère. Cette révélation semblait déconstruire tout ce que je croyais connaître de moi-même. Depuis toujours, j'avais vécu avec l'identité de fille aînée, porteuse des responsabilités et des attentes que cela impliquait. Et là, en un instant, tout basculait. J'avais un grand frère, quelque part, un frère dont on m'avait caché l'existence.

Un frisson glacial parcourut ma peau. Pourquoi ce mensonge ? Pourquoi m'avait-on enfermée dans une fausse vérité ? Combien d'autres secrets ma famille me cachait-elle encore ? Une vague de colère et de tristesse me traversa, entremêlée d'incompréhension et de trahison.

- Mon grand frère ? demandai-je la voix cassée, encore sous le choc.

Ses yeux perçants semblaient s'agiter d'un sentiment méconnu en me regardant. Il acquiesça faiblement en scrutant chacune de mes expressions.

- Mais comment c'est possible ! Pourquoi mes parents l'ont-ils abandonné ?

J'étais décontenancée, mais aussi révoltée par l'idée que mes parents avaient pu nous mentir pendant toutes ces années en agissant comme si de rien n'était.

- Je ne suis pas la bonne personne pour vous raconter ça. Quand le moment sera venu, votre frère vous contera tout depuis le début.

J'ouvris les yeux de surprise et mon coeur fit un soubresaut dans ma poitrine.

- Il est ici ? Il veut bien prendre contact avec moi ? Je peux lui parler ? demandai-je, agitée et prise d'un sentiment incongru.

- Zaina, calmez-vous...

Je sentis ma tête tourner et posai ma main sur ma tempe, alertant aussitôt Jawhar.

- Je savais que c'était une mauvaise idée. Vous n'êtes pas aussi forte que vous le pensez, dit-il sur un ton de reproche.

- Je veux juste le rencontrer...

- Ce jour-là arrivera le moment voulu ! Il y a tellement de choses que vous ignorez, mais si cette seule nouvelle vous met dans un état pareil, alors je ne vous dirai rien d'autre.

Son regard ne me lâchait jamais, et si je ne le connaissait pas, j'aurais même dit qu'il paraissait quelque peu inquiet.

- Parce qu'il y a d'autres choses que je ne sais pas ? m'exclamai-je, atterrée et le visage blême.

Nous nous regardions maintenant avec intensité. Je cherchais la vérité dans ses yeux ombrageux tandis que lui semblait lire en moi comme dans un livre ouvert.

Que pouvait-il lire en moi ? À quel point j'étais désespérée et honteuse des actes qu'avaient pu commettre mes parents ?

Je continuai de tenir ma tête d'une main. Jawhar serrait les poings et contractait sa mâchoire, comme s'il luttait pour ne pas faire ou dire quelque chose.

- Sayid et Sayidati, le repas est prêt !

C'était Manel qui nous avait interrompus dans notre échange silencieux.

Je tiquai en entendant comment elle m'avait surnommée.

Princesse ?

Je n'en avais rien d'une. Et le plus important, où se trouvait mon prince charmant ? L'ombre noire et imposante de Jawhar n'avait rien d'un prince, mais d'un luciférien cruellement et agacement beau.