Chapitre 13

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Zaina

Après le petit incident, Jawhar m'avait aidé à me relever puis m'avait accompagné jusque dans la chambre. Il avait souhaité me porter au départ, mais je lui avais garanti que je pouvais marcher. Je fis une grimace lorsque je sentis un tiraillement dans la cheville, et il me lança un regard réprobateur.

- Vous êtes tellement têtue.

- Je vais bien ! dis-je en entrant dans la chambre.

Je m'assis sur le lit, tandis qu'il alla dans la salle de bain et revint avec une trousse de premiers soins.

- Je peux le faire toute seule, dis-je lorsqu'il s'assit à côté de moi sur le lit.

- Je veux être sûr que vous n'avez rien de cassé, dit-il sur un ton tranchant, ne me laissant pas le choix. Donnez-moi votre jambe ! Je l'observai avec de gros yeux, stupéfaite.

- Pardon ?

- Vous avez mal à votre pied, n'est-ce pas ? Alors tendez la jambe vers moi pour que je puisse regarder.

Mon cœur se mit à faire des soubresauts dans ma poitrine. Je n'avais aucune envie qu'il touche à mon pied, ni à quoi que ce soit d'autre. Ses yeux noirs d'une intensité troublante, me fixaient avec sérieux. Je tendis finalement ma jambe vers lui, et au contact de sa main sur ma peau, une décharge électrique traversa mon corps. Il palpait ma cheville en guettant mes réactions qui prouveraient une quelconque douleur, mais à ce moment-là, chaque parcelle de mon corps était anesthésiée. Je ne savais pas très bien ce que je ressentais, mais un frisson scandaleux m'empêchait de résonner correctement.

J'avais l'impression de glisser sur la glace avec lui, mais la chaleur qu'émanait de cet impitoyable homme m'enveloppait dans un feu incandescent et m'empêchait d'avoir froid.

- Ça ne vous fait pas mal ? demanda-t-il en me scrutant avec attention. Je secouai de la tête, incapable de prononcer le moindre mot.

- Je vais demander à mon père de déplacer la cérémonie à un autre jour. Dit-il convaincu.

Je fronçai des sourcils.

- De quelle cérémonie parlez-vous ?

- Une cérémonie a été organisée afin de vous présenter au peuple ainsi qu'à tout le royaume comme ma légitime épouse.

« Ma légitime épouse »

Une phrase si forte de sens, mais qui n'avait aucune signification pour décrire ce que nous étions réellement l'un pour l'autre.

Tout ceci n'était qu'une apothéose utopique.

- Ceci fait partie du plan ? demandai-je en faisant référence à mon père, car si la révélation de mon identité circulait à Aldébaran, elle arriverait très vite jusqu'à Altaïr.

Il acquiesça de la tête.

- Votre père sera au courant très vite et préparera sans doute un plan pour venir jusqu'ici vous reprendre, dit-il, l'air indifférent.

Ceci me blessa, car encore une fois, je me sentais comme un objet. Je n'avais pas de réelle valeur à ses yeux. Non pas que je voulais être importante à ses yeux, mais... quelque part, une part de moi-même espérait compter un peu plus, être autre chose qu'un simple pion dans cette guerre de vengeance. C'était absurde et sûrement insensé de ma part, pourtant, l'idée qu'il puisse voir autre chose qu'un moyen d'atteindre mon père faisait naître en moi un sentiment trouble, une étrange chaleur mêlée d'amertume.

Je n'étais qu'un outil pour piéger mon père.

Ni plus, ni moins.

- Je vais bien, ne dites rien à votre père, dis-je en m'asseyant correctement sur le lit, et en m'éloignant le plus possible de son incroyable prestance.

Les ombres du désert [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant