Zaina
ALDÉBARAN, 21h00
Tic tac, tic tac...
L'heure tournait et avec elle ma patience diminuait.
Après que Faraj nous a révélé que Jawhar et les autres étaient partis voir mon père, tout ce que j'ai ressenti c'était de la colère, de la déception et de la peur.
Beaucoup de peur.
Qu'est-ce qu'un homme qui a déjà tué un enfant serait-il capable de faire d'autres ?
Je n'étais même pas sûre de vouloir connaître la réponse...
Jelila m'a incendié de questions à notre retour au Palais et j'ai dû lui mentir en disant que mon père n'avait pas accepté mon mariage avec son frère et qu'ils étaient en conflit.
Un mensonge plutôt vrai, même si elle était encore loin de la vérité.
C'est pourquoi j'étais ici, assise à son bureau entrain d'attendre son retour, plus énervée que jamais.
Quand la poignée de la porte s'enclenche, une vague d'appréhension me submerge, mais lorsque mes yeux se posent sur l'imposante carrure de Jawhar, entièrement vêtu de noir et aussi vertigineux qu'un gladiateur, une excitation incendiaire et insensée me fait tourner la tête.
Parfois, je souhaite qu'il soit moins beau pour le détester davantage mais c'est impossible. Sa beauté virile et ténébreuse semblait s'accroître de jour en jour.
- Comment va mon père ?
Ma présence inattendu dans son bureau semble le surprendre. Cependant, je reste maitre de mes émotions sur sa chaise en cuir, les bras posés sur les larges accoudoirs et les jambes croisées, alors qu'un feu incandescent brûlait au plus profond de moi sous son regard noir aussi chaud qu'une flamme blanche.
- Tu ne devrais pas être ici.
Sa voix grave et autoritaire hérisse les poils derrière ma nuque.
- Pourtant je suis bien ici, J'ai l'impression de posséder tous les pouvoirs. C'est comme ça que tu te sens toi aussi ? C'est pour ça que tu te crois tout permis comme utiliser ma petite soeur pour rencontrer mon père !
Ma dernière phrase résonne comme une reproche.
Jawhar avance dans la pièce, le dos droit et la tête haute, non pas comme un prince, mais comme un guerrier d'élite digne d'un Mubarizun*
(Les Mubarizun étaient des duellistes ou des champions au sein de l'armée musulmane. Elle était composée de guerriers d'élite, champions du combat à l'épée, à la lance et à l'arc.)
Il s'arrête à quelques centimètres du bureau, son regard aussi sombre qu'un trou noir encré dans le mien.
- Il fallait que je le mette en garde, il répond froidement.
Un petit rire nerveux s'échappe de mes lèvres.
- Le mettre en garde ? Je répète. Tu n'as donc toujours pas compris ? Mon père ne s'arrêtera jamais. Il n'a jamais renoncé à avoir ma mère, ni par la suite à vouloir tuer mon frère malgré les années qui ont passé. Tu penses vraiment qu'il va s'arrêter alors qu'il sait où je suis !
VOUS LISEZ
Les ombres du désert [Terminé]
Roman d'amourUn secret qui remonte y a longtemps va faire rage sur les enfants maintenant devenus adultes. Zaina va voir sa vie changer du jour au lendemain lorsque des hommes la prendront de force sur la route alors qu'elles voyageaient avec sa famille. Sa vie...