19- Les rejoindre

198 23 8
                                    

Benjamin était vide. Il était encore allongé, à même le sol, sans plus aucune énergie ni vie à l'intérieur de lui. Ses ravisseurs lui avaient bien fait comprendre leur rage de savoir Rémi en liberté. Cette fois-ci, ce n'était pas un interrogatoire, ce n'avait pas été pour lui soutirer des informations, mais seulement pour décharger tout leur énervement et le faire payer pour l'avoir aidé à s'enfuir. Il n'y avait même pas eu Pietro, c'était seulement les hommes de main qui sur le moment après l'avoir rattrapé, avait décidé de se venger sans plus attendre. Et Benjamin ne comprenait plus comment il faisait pour être encore en vie après tout cet acharnement, il sentait encore les coups de pied dans son dos, même si ses agresseurs y mettaient moins de force, comme s'ils se lassaient, comme si frapper un homme presque mort n'avait plus aucun intérêt. Benjamin n'en pouvait plus, il n'arrivait même plus à penser.

Pietro entra dans la pièce, et leur cria d'arrêter, laissant le corps meurtri de Benjamin au sol. Ils discutèrent rapidement en italien, le ton haut, Pietro avait l'air très énervé, et Benjamin dut rassembler le peu de forces qu'il lui restait pour comprendre ce qu'ils se disaient. Pietro s'interrogeait sur ce qu'il pouvait faire maintenant que Rémi n'était plus là. Et ses hommes de mains lui demandèrent ce qu'ils devaient faire de leur dernier prisonnier, voulant savoir s'ils pouvaient le tuer puisqu'il était déjà presque mort et qu'il n'y avait plus d'intérêt de torturer un homme aussi passif. Benjamin ne le voyait pas mais il sentait dans le ton de Pietro qu'il était un peu perdu sur ce qu'il devait faire. Il acquiesça sur le fait que si Ben n'avait pas lâché d'informations depuis le temps il ne le ferait pas, et ne savait pas quoi en faire. Ses hommes de mains avaient bien une idée, sauf que ça l'embêtait de supprimer un membre de sa famille qui devait servir initialement à continuer les affaires familiales. Benjamin ressentait une sorte de quiétude à l'idée d'enfin être achevé par une simple balle, de stopper toutes les souffrances qu'il endurait depuis si longtemps, et la douleur qu'il ressentait constamment dans tout son corps. Il voulait être libéré. Mais quand Pietro évoqua le problème du manque de jeune membre dans l'équipe, le cerveau de Benjamin se réveilla d'un seul coup. Il pensa à Rémi, qui avait été récupéré enfant et entériné alors qu'ils avaient tué ses parents. Et son esprit fit directement le lien avec Milo, son jeune fils. S'ils décidaient de tuer Benjamin, là, maintenant, il n'aurait pas protéger assez sa famille, il les imaginait aller se venger de Benjamin qui n'avait pas coopérer, aller chercher sa famille à Paris, tuer Pierre qui tentait de protéger Milo, et récupérer leur fils pour le kidnapper et le faire rejoindre le gang. Benjamin refusait de penser à un tel avenir pour sa famille après sa mort, il ne pouvait pas, rien que l'imaginer lui donnait envie de vomir. Il repensa à Rémi, et à sa vie horrible au sein du groupe, et une idée lui vint. Il ne pouvait pas laisser possible la probabilité qu'une telle chose se produise, il devait se sacrifier jusqu'au bout avant de mourir. Il essaya alors de parler, mais sa voix mourut dans sa gorge, ça lui faisait si mal. Il tenta de bouger pour attirer leurs attentions, mais il n'en avait pas la force et son corps ne suivit pas son ordre mental. Il ouvrit difficilement les yeux, et croisa finalement le regard de Pietro, qui vit ses lèvres bouger sans rien entendre. Pietro fit instantanément taire les autres, et s'approcha de lui, le plus proche possible pour entendre son murmure.

"Je veux vous rejoindre...."

La voix cassée de Benjamin s'éleva si doucement que les autres hommes n'entendirent rien, et Pietro lui-même n'était pas sûr d'avoir bien entendu tellement il n'y croyait plus.

"Je préfère être avec vous que subir ça..."

Cette fois-ci, Pietro était sûr d'avoir compris, et un sourire apparut sur son visage. Il avait réussi finalement, il avait réussi à casser Benjamin, à lui retourner le cerveau, et à le faire changer d'avis. Il avait presque envie de sauter de joie, enfin il allait être plus reconnu auprès de ses chefs, et enfin il aurait un compagnon, un binôme de missions, qu'il pourrait transformer comme il voulait. Il savait que vu tout ce qu'avait enduré Benjamin, il ne devait plus avoir le même esprit qu'avant, et qu'il lui serait facile de le manipuler pour qu'il pense comme lui le voulait. Il félicita Benjamin, lui assura qu'il ne le regretterait pas. Puis il fit signe à ses hommes de mains de récupérer avec le plus de délicatesse possible Benjamin pour l'amener se faire soigner. Benjamin hurla de douleur quand ils le touchèrent, et Pietro put constater que ses hommes n'y étaient pas allés en douceur après la fuite de Rémi. Il comprenait mais il était frustré, plus Benjamin était blessé et plus il mettrait du temps à s'en remettre pour faire des missions avec lui! Rémi avait tellement hâte de l'emmener tuer, il voulait le voir heureux de poignarder quelqu'un, pendant que lui se souviendrait du "non" catégorique de Benjamin quand il était arrivé ici. Il était fier de lui, et de sa technique de torture, quelques instants auparavant il pensait ne jamais réussir à le faire changer d'avis, et le voilà finalement à sa merci.

VERRECROCE - Il revient quand?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant