21- S'en sortir

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         Lorsque que Benjamin retrouva enfin son lit blanc, il s'écroula difficilement dessus et fixa le plafond. Il n'avait même plus la capacité de pleurer. Il ne récupéra pas son cerveau. Il avait comme renfermé son cœur, il ne voulait plus ressentir quoi que ce soit, il avait déjà vécu trop de choses. Il ne ferma pas les yeux, la journée allait de toute façon bientôt commencer. Quand il se leva quelques heures après, le sentiment de dégoût qui avait envahi son corps était toujours là, il se détestait d'avoir eu cette idée et d'être maintenant dans une situation où il ne voyait plus d'issue. Finalement, il préférait la torture. Pietro fut ravi de le voir, ne manquant pas de le féliciter et Benjamin avait envie de lui éclater la tête contre le mur. Il ne bougea pourtant pas d'un centimètre. Même là, il ne se reconnaissait plus, il avait déjà été très énervé, mais il n'avait jamais eu des pensées aussi violentes avant, il avait l'impression qu'il n'était plus lui-même et ce sentiment ne le quitta pas non plus.

         Quelques temps plus tard, une alarme retentit alors qu'il traversait le labyrinthe avec Pietro et ses hommes de mains pour retourner dans une autre pièce, ce qui ne changeait rien aux yeux de Benjamin elles étaient toutes identiques et horrifiques. Les hommes sortirent immédiatement leurs armes et ouvrèrent la première porte à côté d'eux, poussant Pietro et Benjamin à l'intérieur. Benjamin regarda Pietro sans comprendre. Celui-ci sortit son arme personnelle de sa veste, et lui intima d'aller au fond de la pièce derrière lui. "On est attaqué" fut la seule explication que Pietro lui fournit. Benjamin détesta son cœur d'y voir un espoir. Il regarda la chaise devant lui, et le dos de Pietro, et se retint de toutes ses forces pour ne pas l'assommer, c'était si simple, à la portée de son bras, il suffisait d'un petit effort. Sauf qu'il ne savait pas qui les attaquait, il ne connaissait pas non plus les lieux, il n'y avait que très peu d'espoir qu'il réussisse à s'enfuir après avoir assommé la personne qu'il détestait le plus au monde actuellement. Et il restait le même problème, à part souffrir encore et encore, il n'avait toujours rien fait pour mettre à mal le gang donc il ne pouvait pas partir. Il devait continuer de leur faire croire qu'il était de leur côté pour y arriver. Que la souffrance serve à quelque chose.

"Qu'est-ce que je peux faire pour aider?" demanda Benjamin alors qu'il souhaitait tout sauf que Pietro lui passe une arme et lui ordonne de tuer la première personne qui rentrerait.

         Heureusement pour lui, Pietro n'eut pas le temps de lui répondre que la porte s'ouvrait et un homme de main entra précipitamment en refermant derrière lui. Il se posta devant Pietro, comme un barrage par son corps.

"Il se rapproche" annonça-t-il seulement.

         Benjamin vit la poigne de Pietro sur son arme se resserrer. Et il sentit également son rythme cardiaque s'accélérer, il avait peur, encore. Parce que qui que ce soit, s'ils venaient pour régler les comptes du gang, et que Benjamin faisait semblant d'en faire partie, il allait également en payer le prix, sans aucune manière de se défendre. Il ne pouvait pas se faire avoir maintenant, alors qu'il faisait tout pour sa famille. Benjamin eut le temps de se faire la cynique réflexion qu'il avait vraiment peu de chance. D'un geste nerveux, il attrapa son unique bracelet, le faisant tourner autour de son poignet, en attendant l'issue de la situation, sans rien pouvoir faire, juste subir, comme depuis déjà trop de temps. Il en avait marre. Surtout que la pièce était très isolante, et aucun bruit du couloir ne parvenait jusqu'à eux. Ce n'était que le silence, et les battements rapides de son coeur résonnaient dans ses oreilles. Il ferma les yeux, et ses lèvres se murent silencieusement en un "Je t'aime Pierre".

         Dans un timing parfait, la porte s'ouvrit sur un homme largement bien équipé par sa tenue, cagoule sur la tête, qui tira sans plus attendre sur l'homme de main avant de rouler sur le côté, derrière un bureau avec une facilité déconcertante. Benjamin sursauta, se plaquant par terre alors que le corps inerte de l'homme tombait au sol. Pietro cria en italien à l'individu de sortir de sa cachette. Benjamin tremblait, il en était sûr, il ne voulait pas mourir comme l'autre homme. Il vit depuis sa position Pietro se lever, brandissant son arme droit devant lui, et l'individu fit de même. Benjamin plissa les yeux en laissant son regard scanner l'inconnu. Il ne devait pas faire d'erreur, pas maintenant, pourtant il était pratiquement sûr de le reconnaître. Il le vit jeter un rapide coup d'œil en sa direction avant de reporter toute son attention sur Pietro, se menaçant toujours mutuellement de leurs armes. L'homme l'avait vu, mais n'avait pas l'air de s'inquiéter d'une autre présence dans la pièce qui aurait clairement pu tourner la situation en sa défaveur, deux contre un. Benjamin pria pour qu'il ne se trompe pas, et se releva rapidement, sautant presque sur Pietro, l'emportant avec lui et le faisant rouler au sol. Un coup de feu retentit, réflexe de Pietro, mais trop tard, Benjamin l'avait déjà largement déséquilibré et la balle toucha le mur. Une fois la surprise passée, Pietro récupéra rapidement l'avantage, déjà parce qu'il était bien plus expérimenté que Benjamin et ensuite parce qu'il connaissait toutes ses faiblesses, lui ayant lui-même fait subir toutes ses blessures actuelles. Il appuya avec son genou sur l'épaule blessée du brun de tout son poids, et l'intéressé hurla de douleur, sa vue se brouilla, il n'arriva même pas à tenter de se débattre. Puis il sentit que le genou de Pietro disparu, et vit entre ses larmes de douleur l'inconnu, une chaise à la main, alors que Pietro s'écroulait à ses côtés, assommé. Enfin l'inconnu baissa sa cagoule et Benjamin soupira de soulagement.

VERRECROCE - Il revient quand?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant