VERRECROCE - Il revient quand?

11- L'infiltration

" C'est bon la voie est libre Théo!

         Benjamin passa la porte que Rémi tenait ouverte. Ça y est, ils étaient à l'intérieur, ils s'étaient infiltrés. Rémi referma doucement la porte avant de lui faire signe de le suivre. Le bâtiment était plongé dans un silence complet, très pesant, ils n'entendaient que par moment leurs pas qu'ils essayaient de faire le moins bruyamment possible. Benjamin suivait Rémi, sur ses gardes, attentif à tout ce qu'il pouvait voir autour de lui. Son cœur battait fortement dans sa poitrine, et pour la première fois depuis son départ, il ne pensait plus à sa famille mais était entièrement concentré sur leur avancée dans le repère. Au détour d'un carrefour, Rémi l'intima de s'arrêter d'un bras, alors qu'il guettait. Ils entendirent des bruits de pas. Rémi ne bougea pas, regardant toujours si le chemin était libre. Benjamin derrière lui, se colla au mur, comme s'il pouvait fusionner et s'y cacher. Il ne voyait rien à part le dos de Rémi qui ne montrait aucun indice sur l'ampleur du danger planant actuellement sur eux. Il avait l'impression que les pas résonnaient dans son crâne, et que son cœur allait exploser. Sa main moite se resserra sur la hanse de son sac à dos. Il ne comprenait absolument pas comment Rémi pouvait préférer ce genre de moments, lui il appréciait davantage les nuits dehors caché, à regarder les étoiles. Soudain, les pas s'arrêtèrent, et Benjamin ferma les yeux, comme pour éviter d'affronter la réalité. Quelques secondes qui semblaient être des heures pour lui passèrent, et il sentit brusquement une poigne sur son avant-bras qui le tira violemment. Ses yeux s'ouvrirent automatiquement, et heureusement qu'il avait réussi à contenir son cri de surprise parce que ce n'était finalement que Rémi qui les avait fait traverser le croisement. Benjamin reprit son souffle, tentant encore une fois de ne pas respirer trop bruyamment. Il mima de ses lèvres sa question "tu l'as vu?" à Rémi, qui sembla réfléchir quelques instants avant de désapprouver d'un signe de tête. Benjamin ne comprit pas pourquoi il avait pu hésiter sur une question pareille, mais il ne réfléchit pas plus que ça, il ne pouvait pas se permettre de douter de son allié maintenant, et il suivit Rémi pour continuer leur infiltration.

         Sauf que plus ils avançaient, et plus Benjamin se faisait la réflexion qu'ils s'enfonçaient beaucoup sans certitude de savoir où ils allaient, il trouvait Rémi confiant, lui commençait à être complètement perdu dans tous ces couloirs blancs et vides. Ils n'avaient au moins pas croisé d'autres personnes, ni entendu d'autres bruits inquiétants. Enfin, Rémi s'arrêta à côté d'une porte tout aussi blanche que les murs. Il lui intima le silence, le doigt sur la bouche, alors que cela faisait déjà plus de dix minutes qu'ils avançaient sans un mot. Benjamin l'observa coller son oreille à la porte, il retint d'instinct son souffle. Rémi entreprit ensuite d'abaisser doucement la poignée, jetant un coup d'œil à l'intérieur. Et il fit signe à Benjamin d'y entrer. Celui-ci le regarda, méfiant, ne bougeant pas. Rémi l'interrogea du regard, sentant bien que quelque chose avait changé dans l'attitude de son coéquipier. Ben chuchota, presque imperceptiblement :

"C'est quoi?

- Leurs archives

- Et comment tu sais?" voulu s'informer Benjamin, toujours douteux.

         À la place d'une réponse, Rémi l'attrapa par l'épaule sans un mot, et le poussa à l'intérieur. Il referma rapidement la porte, et avant que Benjamin ne puisse réagir, il plaqua sa main sur sa bouche pour l'empêcher de parler.

"Théo, c'est vraiment pas le moment de ne plus te fier à moi! Je sais que ce sont les archives, parce que je connais le repère, c'est pour ça que je te suis utile! Et toi en échange tu fais tes trucs, tu fous le bordel dans leur organisation pour que le gang s'effondre!" rappela Rémi, sa main toujours sur les lèvres de Ben.

         Benjamin dégagea sa prise sans difficulté, et reposa calmement sa question, impassible :

"Comment tu sais que les archives sont ici?"