24- Revivre

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"Ben?

- Mmmh?

- Tu veux pas qu'on bouge?"

         Benjamin protesta, frottant son front contre le torse du blond contre lequel il était blotti depuis de longues minutes.

"Je ne veux plus bouger de là...."

Pierre rit doucement, attendri.

"Je t'assure que si tu me laisses me lever ça vaudra le coup!

- Je vois pas comment te laisser partir loin de moi peut valoir le coup," contesta immédiatement Benjamin en le laissant néanmoins bouger, se redressant sur la tête de lit.

          Pierre lui embrassa délicatement le front, avant de s'éloigner pour récupérer quelque chose sur sa table de nuit, puis il revint vers son brun, qui le regarda, interrogatif. Pierre attrapa délicatement son bras droit et lui accrocha le bracelet de Milo que Benjamin avait glissé sous la porte la veille pour lui faire comprendre qui était à la porte. Benjamin esquissa un sourire, avant de voir Pierre décrocher un bracelet de son propre poignet pour lui remettre également celui qu'il lui avait offert à leur un an.

"Il est bien arrivé jusqu'à toi finalement," constata Benjamin d'une voix cassée par l'émotion que lui procurait le souvenir de Rémi.

          Pierre hocha la tête, finissant de les accrocher, puis les caressa avec mélancolie.

"Je les préfère là..., avoua Pierre avant de remonter son regard pour le plonger dans celui de son amant, tu m'as tellement manqué Ben, c'était si dur de vivre sans toi et sans savoir ce qui t'arrivait... Je suis si heureux que tu sois là, j'ai enfin confiance en notre avenir, j'ai si hâte que tu retrouves une belle vie que tu mérites, que tu retrouves ton énergie et ta force pour me frapper quand je t'embête, pour porter Milo quand il court dans tout le salon en tentant d'échapper à tes chatouilles, pour jouer au basket avec nous même si tu n'aimes pas ça, pour lui apprendre à cuisiner parce que c'est clairement ce que j'ai le moins réussi à lui éduquer pendant ton absence. Tout ce qui compte c'est que tu guérisses, de ce que tu as subi physiquement et mentalement. Et je compte sur toi pour me dire ce que tu ressens, ce dont tu as besoin, de ce que tu veux pour aller mieux.

-Toi, répondit immédiatement Benjamin les yeux mouillés. Je n'ai jamais cessé de penser à toi et à Milo, pour me donner du courage. Je ne suis pas encore prêt à voir Milo dans cet état, mais je sais qu'avec vous je m'en sortirai, il me faudra du temps pour vivre avec tous ces souvenirs, mais j'y arriverai, assura Ben avec espoir en repensant à ce que Rémi lui avait affirmé.

- C'est si bon de te retrouver," conclut simplement Pierre, le cœur serré.

          Puis Pierre se pencha, venant embrasser son brun, ce contact entre leurs lèvres, ce transfert d'amour alors que leurs bouches glissaient l'une sur l'autre, ça lui avait tellement manqué. Puis il se leva, promettant qu'il revenait vite et quitta la chambre rapidement, avant même que Benjamin ne puisse protester. Mais il revint effectivement que quelques instants après, un plateau dans les bras avec jus de fruit, thé, viennoiseries, fruits, tout ce qui pourrait faire plaisir à son amant. A cette vue, Benjamin lui sourit tendrement, et lui fit instantanément de la place sur le lit. A peine le plateau posé, le brun attira Pierre contre lui, se blottissant de nouveau contre son torse, et l'embrassa avec amour.

"Comment tu fais pour être toujours aussi attentionné?

- C'est naturel quand on a un homme aussi parfait que le mien," lui répondit Pierre avec un clin d'œil, le sourire jusqu'aux oreilles de retrouver son Ben comme dans ses souvenirs.

          Il sentit Benjamin renifler l'air à plein poumons, et sortir un petit bruit satisfait.

"Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas bien mangé comme ça, je sais même plus faire! " plaisanta à moitié Benjamin en reluquant la nourriture.

         Pierre rit doucement, et se pencha pour attraper un croissant. De son autre main, il glissa ses doigts sur la bouche de son brun, lui caressant d'abord les lèvres, avant d'appuyer légèrement dessus pour qu'il les ouvre. Ce que Benjamin fit, bon élève, les yeux rieurs. Pierre fit alors voler le croissant dans les airs, comme un avion, à la manière d'un parent qui nourrissait un enfant, et l'apporta à sa bouche. Benjamin mordit alors dedans, en riant en même temps. Le cœur de Pierre se réchauffa alors qu'il croquait lui-même dans le reste du croissant, ce rire lui avait tellement manqué.




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"Je suis prêt à le voir dimanche, si ça te va? déclara Benjamin depuis le canapé alors que Pierre refermait la porte derrière le médecin.

- Dimanche?

- Je sais que tu as demandé à Fred de le garder, et j'aurais quand même besoin d'encore une autre journée qu'avec toi demain, mais dimanche si tu penses que c'est une bonne idée je veux bien revoir notre fils, expliqua Benjamin d'une voix enjouée quoique peu rassurée.

- Je pense que c'est une très bonne idée mon cœur, " confirma alors Pierre en le contemplant.

         Benjamin avait déjà une bien meilleure mine que lorsqu'il était arrivé la veille. Rien que manger lui avait redonné beaucoup de couleurs et d'énergie. Il était aussi passé une nouvelle fois sous la douche, il avait l'impression d'avoir beaucoup besoin de se laver, se sentant sale de ce qu'il avait vécu là-bas. Pierre l'avait aidé à se couper les cheveux et la barbe, lui redonnant encore une nouvelle fraîcheur. Et le médecin était venu, lui prescrivant des anti-douleurs, des pommades, et lui bloquant son bras dans une écharpe pour immobiliser son épaule qui n'avait pas été correctement soigné par ses ravisseurs. Benjamin ressentait même l'effet du premier médicament qui apaisait déjà ses nombreuses douleurs, il se sentait revivre. Et Pierre rayonnait de le voir ainsi, alors qu'il comprenait petit à petit que son amant avait très certainement été torturé. Il le voyait là, devant lui, se montrant plus fort qu'il ne l'avait jamais été, et son cœur ne battait que pour cet homme.

"Dis donc, réfléchit Pierre, la voix espiègle, si t'es immobilisé comme ça, je crains plus rien! Plus de coups sur l'épaule si jamais je dis que le Babybel est le meilleur fromage du monde, ou si je fais une blague beauf!

- Interdiction de profiter de l'état d'un homme blessé Pierrot! protesta Ben en riant, heureux que le blond le vanne là dessus aussi et ne le prenne pas simplement pour un assisté.

- Au contraire, le médecin a dit, tu as besoin de repos, donc à moi la cuisine et la confection d'une pizza kiwi chorizo pour ce soir!

- Fais attention à ce que tu dis ou je repars!!! prévint Ben, le menaçant de son doigt.

         Et ils rirent ensemble, heureux d'être enfin réunis, et de pouvoir revivre ce genre d'échanges entre eux qu'ils aimaient tant.

"Tu peux venir t'occuper de ton malade au lieu de dire des bêtises? demanda finalement Benjamin, lui souriant largement.

- Il veut quoi encore celui-ci?" fit semblant d'être ennuyé Pierre en retournant auprès de lui.

         Il s'assit où Benjamin lui indiquait sur le canapé, attendant la suite. Ben se redressa alors, et s'assit sur ses genoux, les jambes de part et d'autre de son blond. Il laissa son corps glisser contre celui de son amant, posant sa joue contre son torse pour entendre les battements de son cœur.

"Il paraît que j'ai besoin de repos, alors fais au moins l'effort d'être un bon coussin!

- Avec plaisir, ria doucement Pierre en l'entourant tendrement de ses bras.

- Je t'aime Pierre, je te le dirais jamais assez, et j'ai plus d'un an à rattraper alors prépare-toi à ce que je te le répète constamment mon cœur, je t'aime."

VERRECROCE - Il revient quand?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant