Chapitre 6

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Nous étions arrivés sur cette nouvelle terre. Je venais de poser le pied au sol lorsqu'Harry me confia une partie de notre liasse de billets. Nous ne pouvions voir personne. Les arbres étaient hauts et verts, il y avait de nombreux parterres de fleurs, une petite rivière ruisselait lentement et les oiseaux chantaient gaiement. Je me posai sur un banc fleuri en attendant les autres et en profitai pour me prélasser sous le soleil d'été. Je sursautai, un papillon venait de se poser sur mon doigt. Qu'il était ravissant ! Il avait des ailes bleues et jaunes, avec une pointe de rose. Il s'envola sans que je puisse le retenir plus longtemps. Iris arriva vers moi tout en rigolant. J'aimais l'entendre rire d'un son cristallin et contagieux. Je réprimai un sourire avant de rejoindre mes amis en tirant ma sœur par la main.

- Alors, nous adressa Harry, on va commencer par aller chercher de quoi nous nourrir. J'espère qu'on trouvera un panneau parce que je n'ai aucune idée de là où nous devons aller.

- C'est une île paumée, rechigna Railey, il n'y a pas de centre-ville ici, il faut grimper aux arbres chercher des noix de coco.

Elle avait lancé ça sans vraiment y réfléchir mais, avec du recul, elle n'avait pas tort dans le fond. Ne voulant pas lui laisser entièrement raison, je décidai autrement de notre plan :

- Je propose de d'abord vérifier s'il n'y a pas de magasins. Il y a peut-être une ville qui se cache derrière les arbres... Si nous n'en trouvons pas, nous appliquerons ton idée, Railey.

- Je suis d'accord ; nous pouvons d'abord remplir nos gourdes avec l'eau de ce ruisseau, avança Arthur en le désignant du doigt.

Nous ne perdîmes pas un instant. Une fois nos gourdes remplies, nous nous dirigeâmes vers un sentier à travers les arbres, afin de chercher une ville. Malheureusement, le sentier était très étroit, aussi décidions-nous de nous ranger deux par deux. Je me calai près d'Iris, Maxime avec Arthur, et Harry et Railey ensemble. Harry et Railey étaient de plus en plus proches, ce que je ne compris pas vraiment sur le coup.

Cette route n'avait rien de rassurante. Le feuillage des arbres couvrait le ciel, ce qui la rendait encore plus sombre qu'elle ne l'était déjà. L'ombre des arbres semblait vouloir nous attraper. Nous nous enfoncions de plus en plus dans l'inconnu. Au bout de plusieurs minutes supplémentaires de marche, nous aboutîmes sur une grande place aux mille lumières. Je n'exagérais pas, cette place était ensevelie sous la clarté. Je levai les yeux, intriguée, et fus éblouie par le soleil aveuglant. Je déconseillai vivement à mes amis de le regarder. Remise de ce choc, je parcourus des yeux la ville qui s'offrait à moi. A ma grande surprise, je ne vis personne. Tout semblait comme abandonné. Des journaux roulaient par terre et s'envolaient dans les airs. J'en attrapai un et lus rapidement l'article en une de couverture :

D'après des sources fiables, les clones arriveraient dans de brefs délais sur l'île de Sein. Je vous conseille vivement de fuir !

Je n'eus pas besoin d'en lire plus. Les habitants avaient dû fuir. Tout était désert. Une voix m'interpella.

- Venez ! Il y a un primeur ! Mais personne n'est dedans, nous avertit Arthur.

En effet, personne n'était là. Nous ne nous privâmes pas sur les quantités et en rassemblâmes le plus possible. Avant de sortir du magasin, je laissai quelques billets dans un tiroir car je me serais sentie mal à l'aise si je ne l'avais pas fait. Au fond du tiroir, quelque chose retint mon attention. Un flyer. Il y avait une affiche de mon père, ma sœur et moi avec un avis de recherche et une récompense élevée. Ma main trembla. J'étais donc recherchée. Je partis en courant de la boutique. J'embrasai du regard la place, et restai figée sur place. Mon sang se coagula. Mes jambes ne bougeaient plus, me privant de me sauver. J'étais paralysée de stupeur. Des dizaines et des dizaines d'habitants couraient vers le port. Tous fuyaient. Certains me dévisagèrent du regard, ils avaient dû voir mon avis de recherche. Des femmes portant leurs enfants, des hommes aidant ceux à terre, des adolescents paniquant et des personnes âgées abandonnant, m'encerclaient. Je voyais des larmes, j'entendais des cris. Cette situation m'était trop familière. Un petit garçon pleurait, il était tout seul. Il appelait désespérément son père. Je me rapprochai de lui et lui tendit une main afin de l'emmener sur le côté pour qu'il ne se fasse pas écraser sous l'émeute. Je lui avais demandé son prénom, Adrien, m'avait-il répondu. Il avait six ans. Je décidai de porter Adrien sur mes épaules afin qu'il puisse voir s'il repérait son père. Au bout de plusieurs minutes vaines, nous entendîmes une voix puissante beugler au désespoir.

CondamnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant