Condamnés

Chapitre 19

J'avais encore le goût de ses lèvres sur les miennes et la sensation de sa main sur ma hanche. Je n'avais jamais éprouvé cela auparavant, pas même avec Maxime. J'avais ressenti une explosion de sentiments différents dans mon cœur, et des papillons dans mon ventre, aussi cliché cela puisse être.

Cela faisait maintenant près de trois heures que nous n'avions pas reparlé de notre baiser. Dylan dirigeait toujours notre canot vers les oiseaux qui volaient à l'horizon, et j'avais eu le temps de faire une courte sieste. Je m'ennuyais, faute de ne rien faire. J'en voulais à Dylan de m'ignorer, alors que nous venions d'échanger un baiser. D'autant plus que Dylan était celui qui m'avait embrassé.

Les garçons, je vous jure...

J'en venais presque à regretter. Si ce baiser lui était aussi égal, pourquoi avoir sous-entendu qu'il se passait quelque chose entre nous ?

J'avais aussi l'impression d'avoir trahi Maxime, lequel j'aimais toujours. Je ne voulais pas tourner la page tout de suite, je ne m'en sentais pas prête. Il s'était sacrifié pour moi, comment pourrais-je l'oublier ? Avoir embrassé Dylan revenait à tirer un trait sur lui. Je n'avais pas oublié Maxime, mais pourtant, Dylan hantait mes pensées. Les deux me trottaient dans la tête pour des raisons différentes.

Nous avancions de plus en plus mais, pourtant, je ne voyais toujours aucune terre à l'horizon. Il se faisait tard, le dîner était déjà prêt à être mangé.

- Viens Dylan, on va dîner.

- Vas-y toi, j'ai pas faim, me répondit-il sans m'accorder un regard.

Mon sang ne fit qu'un tour. Comment osait-il ?

- Dylan, ça ne va pas du tout, m'emportai-je. Déjà, tu vas lâcher cette foutue barre et me regarder dans les yeux. Tes parents ne t'ont pas appris que c'était mal élevé ?

J'étais si en colère que je n'avais pas réfléchi avant de parler.

- Je n'ai pas de parents, Agathe ! me cria Dylan en plantant son regard dans le mien.

- Oui, je... Je suis désolée, m'excusai-je à mi-voix.

Il ne répondit pas et détourna son regard du mien. Encore une fois.

- N'empêche Dylan. Tu m'ignores complètement depuis... Depuis tu sais quoi.

Il garda le silence, faisant mine de n'avoir rien entendu. J'étais sur le point de péter un câble.

- Dylan...

Toujours rien. D'accord, j'allais péter un câble.

- Oh et puis merde Dylan ! Prétends pas que je compte pour toi si tu réagis comme ça à un putain de baiser !

- Un putain de baiser, Agathe ? s'emporta-t-il. J'ai jamais rien ressenti d'aussi fort de toute ma vie, bordel ! Tu crois que je t'ignore ? J'essaie juste d'accepter ce que je suis en train de ressentir pour toi ! Tu te demandes pourquoi je te déteste ? Je te déteste parce que je t'aime, merde !
Je fus figée sur place, incapable de prononcer un mot ou de bouger le petit doigt. J'étais abasourdie par sa révélation. Rien n'avait d'importance à cet instant, excepté ses mots qui me restaient en tête tel un écho. Ce qu'il venait de me dire résonnait en moi. Venait-il de m'avouer m'aimer ?

J'aurais voulu lui crier que moi aussi, je l'aimais, mais aucun son ne sortit de ma bouche. J'étais contrainte de demeurer immobile, sur place, la bouche grande ouverte.

- D'accord, j'ai compris, murmura Dylan en baissant les yeux.

Il s'apprêtait à me dépasser lorsque je réussis à parler.