Chapitre 24

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Ses yeux étaient rougis par les larmes, et ses traits tirés par la souffrance. Il arborait un air crispé qui durcissait son visage. Ses joues étaient mouillées par les pleurs, ses cheveux ébouriffés et sa barbe mal rasée. Je le reconnaissais difficilement, quelque chose en lui avait changé à tout jamais, quelque chose dans son âme s'était brisé pour toujours. Ses yeux reflétaient sa douleur et une étincelle à ma vue les alluma.

Il me regardait, muet, comme paralysé d'émotions. J'étais exactement dans la même position. De lourdes larmes vinrent s'écouler le long de mes joues tandis que ma mâchoire tremblait.

- Papa... laissai-je échapper en un souffle.

Je me précipitai dans ses bras, et j'enfouis mon visage contre son torse. Sous l'effet de l'émotion, il ne réagit pas tout de suite, puis plaça une main derrière ma tête comme il le faisait depuis toujours, et me serra dans ses bras. Je sentis son soulagement se mêler à sa douleur et son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine. Mes larmes se mélangeaient aux siennes tandis que nos cœurs battaient à l'unisson.

Lorsqu'il m'avait étreinte, j'avais ressenti une vague de calme et de douceur m'apaiser. Ce contact qui m'était à une époque familier m'avait donné des frissons tant je l'avais oublié et tant il m'avait manquée. Stevenson me dévisagea d'une expression neutre. Il ne semblait ni étonné, ni particulièrement joyeux que je sois là.

- Je vous l'avais bien dit, monsieur, lâcha-t-il avant de se reculer un peu.

- Agathe... Comment ? commença-t-il.

- C'est compliqué, papa. Mais pour l'instant je veux juste t'enlacer.

Il déposa un baiser sur mon front et me serra un peu plus fort contre sa poitrine.

- Tu m'as tellement manqué ma puce, me murmura mon père en déversant quelques nouvelles larmes.

- Tu m'as manquée aussi, papa...

- Je suis tellement fier de toi, tellement...

Je sanglotai doucement, mon visage enfoui au creux de son cou.

- Je t'aime Agathe, pleura mon père.

- Je t'aime aussi papa, murmurai-je en essuyant mon visage.

Je reculai de quelques pas pour sécher mes larmes et reprendre une respiration posée.

- Papa... murmura une petite voix.

- Oh ! Iris ! pleura de joie mon père en se précipitant vers elle.

Il la serra si fort contre elle que j'en ressentis un pincement au cœur. Un nouveau flux de larmes se déversa sur les joues de mon père, à tel point qu'il s'y noierait presque.

- Oh ma Iris, je t'aime tellement... sanglota mon père en lui passant une main dans les cheveux.

- Je t'aime aussi papa, de tout mon cœur ! répondit-elle en essuyant ses propres larmes d'un revers de manche.

J'avais tellement rêvé de ces retrouvailles que les vivre me paraissait irréel, comme si ce n'était qu'un rêve paradisiaque. Iris avait ses bras enroulés autour du cou de notre père et ses jambes enlacées contre son torse tandis qu'il la portait. Nous voir lui avait fait briller les yeux et ranimer la joie de vivre qu'il avait égarée. Retrouver mon père après tout ce temps m'envahissait d'un sentiment de joie pure, de bonheur et... de doute. A quel point avait-il changé ?

Ce fut seulement après quelques minutes d'émotions que je me souvins que Dylan et Railey étaient toujours cachés sous les tables médicales. Je souris à cette pensée. Ils avaient respecté les retrouvailles d'Iris et moi avec notre père jusqu'au point de ne pas sortir de leur cachette.

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