Chapitre 14

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- Branchez-la !
- Elle est en manque d'oxygène !
- Elle va s'étouffer !

J'entre-voyais vaguement des personnes masquées et gantées se pencher sur moi. Elles avaient toutes l'air paniquées, je ne comprenais pas pourquoi. Tout autour de moi était trouble, peut-être était-ce à cause de mes larmes ? Les personnes qui m'entouraient étaient agitées et faisaient tout si vite que cela me donnait le tourni. Je voulais leur crier de tout arrêter et de me laisser reposer dans cette atmosphère de calme infini. Sans jeu de mot. Sans que je ne m'y sois préparée, les personnes à mes côtés devinrent noires.

On me posa un masque à oxygène sur la bouche, par le biais duquel je pus à nouveau respirer. Mon entourage retrouva peu à peu ses couleurs. Cependant, je les voyais de manière floue, comme si tout était accéléré. A moins que je fus celle au ralenti... Soudain, une personne s'avança vers moi. Malgré tout, je reconnus avec facilité le docteur Stevenson grâce à son œil bandé. Il s'approcha de moi jusqu'au point de me murmurer à l'oreille quelque chose dont je ne compris pas tout. Les seuls mots qui parvinrent à mon esprit étaient les suivants : « Bonne sieste ». Le docteur Stevenson m'enfonça dans l'épaule le contenu d'une énorme seringue. Paniquée, je tentai tant bien que mal de m'accrocher, en vain. Je ne distinguais plus que de vagues formes qui s'estompèrent complètement peu à peu. Alors que tout devenait noir et que mes paupières se fermaient, je saisis le sens de ses propos qui me souhaitaient une agréable sieste.

***

- Comment te sens-tu, Agathe ? me demanda le docteur à un œil.

Amusant. Il me tutoyait à présent.

- Ça pourrait aller mieux, ça pourrait aller pire, répondis-je en un grognement.

Ma tête cognait toujours un peu et j'avais la nausée.

- Tant mieux, dit-il comme si je venais d'annoncer une bonne nouvelle.

- Que s'est-il passé, exactement ?

J'avais beau savoir qu'il m'était arrivé quelque chose de relativement grave, je n'avais pourtant aucune idée de ce que c'était.

- Tu as été victime de convulsions, après avoir subi une grosse crise d'angoisse. Tu as failli mourir étouffée.

Je ne répondis rien, le regard dans le vide. Peut-être qu'une infime partie de moi aurait voulu qu'ils me laissent m'étouffer...

- Agathe, fais-tu régulièrement des crises d'angoisse ? Après en avoir accumulé beaucoup, notre organisme peut générer une énorme crise qui se transforme en convulsions.

- Oui, ça m'est arrivé fréquemment ces derniers temps, répondis-je sans le regarder.

- Agathe, continua-t-il après avoir pris une grande inspiration, si tu n'arrives pas à les contrôler, il faudra que tu voies un psychologue, sinon ça risquerait de s'aggraver. D'accord ?

- Non, je ne veux pas voir de psy.

- Il le faudra si tu ne te stabilises pas. Tu sais, les psychologues sont là pour t'aider, en t'écoutant.

- Ce que j'ai à leur raconter ne les regarde pas ! répliquai-je en ayant haussé le ton sans le vouloir.

- Agathe, continua posément le docteur, je te comprends, tu traverses une période difficile mais ce n'est pas pour autant qu'il faut te renfermer sur toi-même...

- NON VOUS NE COMPRENEZ PAS !

J'avais hurlé si fortement que le docteur en était resté sidéré. Heureusement pour moi, nous étions seuls dans ce qui semblait être ma cabine.

CondamnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant