Chapitre 29

14 6 4
                                    

Le chemin était long et épuisant, je me sentais fatiguer alors que je ne courais même pas. Cela devait faire plus d'une heure que nous étions partis en longeant le ruisseau. Le soleil descendait de plus en plus dans le ciel jusqu'à bientôt nous dépasser et illuminer le chemin qui nous devançait pour nous guider à l'étable. Iris marchait à quelques mètres devant moi et cueillait quelques pâquerettes qui parsemaient l'étendue d'herbe. La forêt était loin derrière nous et nous paraissait vaguement comme un amas d'ombres noires. Nous semblions avoir distancé les clones, mais je savais qu'il ne fallait pas crier victoire trop tôt. Harry avançait d'un pas toujours aussi énergique, en tête du groupe. Quant à Dylan, il marchait à mes côtés et veillait régulièrement à mon état. Il s'était proposé à de multiples reprises de me porter mon petit sac, ce que je refusais constamment en le remerciant.

Mon estomac grondait, mais je n'avais rien emporté à manger. Nous n'avions ni déjeuné, ni goûté – Iris s'en plaignait beaucoup –, et le diner se rapprochait à grands pas. Mon attention fut retenue par de petites fraises des bois qui étaient cachées derrière un amas de feuilles et de ronces. Je fis signe à mes amis de s'arrêter en cueillir et j'en récoltai une bonne dizaine. J'en tendis à ma petite sœur qui les avala tout rond, contrairement à moi qui décidai de profiter des saveurs pour faire durer ce moment le plus longtemps possible.

- Nous devons repartir, lança Harry l'air renfrogné, le plus vite nous arriverons à cette étable, le mieux ce sera.

Je jetai un coup d'œil un peu exaspéré à Dylan. Depuis la mort de Sébastien, – qui, même si nous n'avions pas de preuves, devait l'être –, Harry se comportait différemment. Il paraissait lassé, énervé, et même exaspéré de nous. Je ne lui avais pas fait de remarques, même si je pensais réellement qu'une ne lui ferait pas de mal. Mais après tout, la perte d'un ami était très dure à traverser, et j'étais très bien placée pour le dire.

Mes jambes fléchissaient régulièrement, et mes muscles brûlaient sous l'effort. Le petit ruisseau qui nous guidait continuait de couler avec douceur et rapidité, et j'aurais bien aimé me rebaigner dedans, mais, comme nous l'avait fait très bien comprendre Harry, nous n'avions pas le temps. Le chemin était très long et aucune étable ne paraissait à l'horizon, ce qui me valut de douter à de multiples reprises sur le chemin que nous prenions. Et si je m'étais trompée ? Et si je nous avais écarté de la bonne trajectoire ? Si c'était le cas, je ne pouvais plus rien y faire, alors je me contentai de continuer d'avancer avec l'espoir d'arriver à l'étable.

- Oh ! Agathe ! s'écria Iris. Il y a l'air d'avoir une cabane tout là-bas ! On pourra s'y arrêter !

Je regardai dans la direction indiquée par ma petite sœur, et sentis mon cœur battre en vitesse dans ma poitrine. L'ombre d'un petit bâtiment se dessinait au loin, mais je doutais que ce soit une cabane.

- Non Iris, s'émerveilla Dylan, c'est l'étable !

Iris cria de joie tandis qu'Harry se mit à courir vers l'étable. Dylan et moi l'imitâmes, suivis d'Iris qui trottinait rapidement. L'étable se dressait enfin à l'horizon devant nous. Le soleil tombait à l'horizon et éclairait de sa couleur orange l'étable encore noire. J'avais si hâte d'y arriver que je me mis à songer à autre chose que ma course et tombai violemment le nez contre la terre. Secouée, je saisis la main que me tendait Dylan. Ce dernier m'aida à me lever et s'inquiéta de mon état.

- Que s'est-il passé ? Comment vas-tu ?

- Bien, vraiment, lui assurai-je. Je ne sais pas, j'ai juste pensé à autre chose, j'ai dû me prendre les pieds dans quelque chose...

Dylan hocha la tête et insista pour me prendre par la taille afin de me soutenir. Iris courait aux côtés d'Harry devant nous et n'avait pas été alertée de ma chute. Le ruisseau devenait de plus en plus étroit jusqu'à ne laisser plus qu'un mince filet d'eau couler. L'air frais me faisait frissonner mais le contact de la peau de Dylan sur la mienne me réchauffait. L'étable devenait de plus en plus grande et semblait se rapprocher au fur et à mesure que nous avancions. Iris gambadait dans le champ qui entourait l'étable sous la surveillance d'Harry tandis que Dylan et moi étions en retrait.

CondamnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant