Chapitre 20

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Terre. Il y avait terre à quelques kilomètres seulement devant nous. Nous voyions une île se dresser au loin. Cette île devait s'avérer être l'île Ouessant. Dylan se redressa promptement pour aller à l'arrière du canot afin de saisir la barre. Heureusement pour nous, notre bateau n'avait pas été endommagé par les secousses. Dylan m'avait déclaré qu'il pensait que des rochers étaient à l'origine des secousses et que nous en avions heurtés certains. Je n'étais pas convaincue mais je n'avais aucune autre théorie à émettre sur le sujet. Je regardais Dylan tenir la barre et mettre le moteur à fond pour arriver au plus vite. Ses cheveux mouillés volaient dans le vent, et je ne pouvais m'empêcher de le trouver mignon. Mais bon, là n'était pas la question. Le principal était que nous allions arriver sur l'île Ouessant. Cette même île pour laquelle je m'étais battue depuis des semaines.

J'allais enfin retrouver mon père et obtenir toutes les explications que je méritais. J'allais trouver sens à toute cette mésaventure.

Je me dirigeai vers le devant du canot pour regarder l'horizon. Nous nous rapprochions petit à petit de l'île. J'étais aussi excitée que nerveuse. Je scrutais l'île en plissant les yeux. Elle semblait être habitée par beaucoup de végétation. Je ne distinguais pas d'habitations ou de quartiers urbains.

- Je n'arrive pas à y croire, déclarai-je, ailleurs dans mes pensées.

- Que nous arrivons ? Je me doutais bien qu'il n'y en avait plus pour longtemps, fit Dylan.

- Non, pas ça. Je n'arrive pas à croire que l'île Ouessant soit aussi vaste et qu'elle paraisse aussi inhabitée. Comment trouverons-nous mon père avec autant de terrain à explorer ?

- Il nous faudra très certainement suivre Stevenson. Lui seul, de tous les membres de l'Infini, sait où se trouve ton père. Aucun de nous n'est jamais allé sur l'île Ouessant auparavant, c'est une première pour tout le monde. Lorsque nous sommes partis en mer, nous avons décidé de rejoindre ton père en lui apportant le matériel et les ingrédients dont il avait besoin pour trouver le « sérum anti-clones ».

Sa blague m'arracha un sourire. Dylan avait raison, nous devions suivre discrètement Stevenson. Encore fallait-il le trouver une fois arrivés. Je décidai de ne pas m'en occuper pour le moment, retardant mes inquiétudes le plus possible.

Je n'en revenais pas que la réponse à toutes mes questions se tenait si proche, désormais.

Que les sacrifices causés trouveraient peut-être raison.

Que j'allais revoir mon père.

- On y sera dans une demi-heure, je pense, annonça Dylan.

Je hochai la tête. L'île s'étendait sur deux ou trois kilomètres. Pour passer le temps, je décidai d'écrire dans mon journal.

Cher journal,

Que dire de plus que : nous arrivons ! Enfin, après tout ce temps... Mais je n'arrive pas à m'en réjouir comme il le faudrait, car je ne sais toujours pas où est ma sœur. Est-elle-même en vie ? Je me dois de le penser, sinon, je pourrais tout lâcher... J'espère de tout mon cœur qu'elle a réussi à se faire prendre par un navire, et qu'elle s'est souvenue qu'il fallait qu'elle aille sur l'île Ouessant. Quelle affreuse grande sœur je fais ! J'aimerais bien pouvoir me dire que ce n'est pas ma faute, que je n'y suis pour rien, mais, au fond de moi, je suis persuadée du contraire. Je m'en veux d'être celle qui s'en est bien tirée et qui arrive sur l'île Ouessant en bonne santé.

Dylan s'est ouvert à moi, du moins, j'en ai l'impression. J'aime savoir qu'à mes côtés il se sent aussi vulnérable que moi aux siens, que je lui fais le même effet que lui sur moi. Je trouve ça plutôt amusant de savoir que je le détestais initialement et que je suis venue à l'apprécier, voire à l'aimer... Je n'arrive pas à l'admettre. Je m'en veux, en fait. Maxime a sacrifié sa vie pour la mienne, ce qui est une preuve incontestable d'amour... Et moi, comment le remercie-je ? En tombant amoureuse d'un autre. Super Agathe, bravo !

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