Chapitre 1: Rituel

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Assis dans son lit miteux de Privet Drive, Harry attendait nerveusement, impatiemment. Il était installé dans le coin du mur, les jambes ramenés contre sa poitrine, le front enfoncé dans ses genoux alors qu'il se balançait légèrement. Il faisait nuit noire et il pleuvait à torrent, plongeant la pièce dans une obscurité totale. Et il attendait, le temps semblant avoir volontairement ralentis pour attiser un peu plus sa frénésie et sa nervosité intérieure. Il sentait cette colère qui ne le quittait plus bouillonner sous sa peau, lui donnant envie de frapper quelque chose, de tout casser, de hurler à pleins poumons. Presque deux semaines, deux semaines que Sirius était mort dans cette débâcle au Ministère. Sirius était mort, son parrain était mort, sa famille était morte et ses espoirs avec. Sirius était parti et depuis, il se sentait imploser et exploser tout à la fois.

Il était furieux, furieux contre lui même, contre sa stupidité, son impulsivité, contre sa naïveté. Par sa faute, Sirius était mort et il avait perdu ce qu'il avait de plus précieux. Depuis cette horreur, il s'était senti s'effondrer complètement. Sirius incarnait tout pour lui : quelqu'un qui se battait pour lui, qui l'aimait, qui le protégeait, qui l'écoutait, qui le conseillait... Sirius était son espoir de famille de parent, d'un avenir dans un véritable foyer, d'une échappatoire aux Dursley. Et il était mort par sa faute. Mais s'il était furieux contre lui même, il l'était encore plus contre d'autres. Contre l'Ordre d'abord, pour l'avoir tenu à l'écart, pour ne lui avoir rien dit, rien enseigné. On s'attendait à ce qu'il combatte Voldemort, à ce qu'il le tue, à ce qu'il fasse la guerre mais on ne lui disait rien, ne lui expliquait rien, ne lui apprenait rien et c'était aussi une raison de ce gâchis. Mais surtout, surtout il était en rage contre Dumbledore. Dumbledore qui lui aussi l'avait tenu à l'écart et n'avait rien fait pour le préparer à ce qui l'attendait. Il était le premier à l'envoyer contre Voldemort et le premier à ne rien faire pour lui apprendre ce qu'il avait évidemment besoin de savoir.

Dumbledore. Il ne pouvait plus voir le vieil homme. Il avait enfin ouvert les yeux. C'était pourtant si évident. L'homme se servait de lui comme d'une gentille petite arme stupide exécutant les ordres quand cela lui plaisait et comme il le disait. Et une arme n'avait pas besoin de savoir quoi que ce soit, ni d'apprendre quoi que ce soit puisqu'on se servait d'elle simplement. C'était ainsi qu'il se sentait maintenant. Comme une arme de l'Ordre, de Dumbledore et de ces hypocrites du monde sorcier, contre Voldemort. Une rage sans nom couvait en lui contre le vieil homme. Il savait pour la Prophétie et il ne lui avait rien dis, il savait pour les manipulations mentales que Voldemort pouvaient lui infliger et il n'avait rien dis. S'il l'avait fait, peut-être n'aurait-il pas fait cette erreur. Il le tenait à l'écart de l'Ordre et des actions menées, lui refusait toute information, soit disant pour que Voldemort n'apprenne rien par lui. Il était devenu suspect pour ses propres alliés à cause de ça. Mais il aurait pu lui apprendre l'occlumencie proprement bien avant, le préparer bien avant. Il y avait tellement de choses que Dumbledore aurait pu et aurait dû faire et qu'il n'avait pas fait. Comme s'opposer à sa participation au tournois, aider Sirius à être innocenté, éviter de cacher des choses comme la Pierre philosophale à l'école, dénoncer Ombrage pour ses tortures, ne pas se sauver en laissant les autres dans les problèmes... Mais non. Dumbledore ne faisait que ce qui l'arrangeait, ce qu'il voulait, comme il le voulait et tant pis pour les dégâts collatéraux. Sirius semblait être cela pour lui : un dégât collatéral. Et pour terminer d'enflammer sa rage, il lui avait refusé d'assister à l'enterrement de son parrain. Cela avait fini de le dévaster alors qu'il avait la sensation de ne pas avoir pu lui dire au revoir correctement.

La mort de Sirius avait été un choc atroce. Un choc qui avait définitivement fait éclater ses illusions, ses œillères, ce qu'il refusait de voir. Sirius avait été sa dernière perte, sa plus grande perte et il n'en n'accepterait plus aucune, jamais. Il en avait assez. Il n'en pouvait plus, tout ça devait s'arrêter, ça ne pouvait plus durer. Cette guerre, ces gens que ce soit Dumbledore, Voldemort, l'Ordre, le monde sorcier, les Dursley... Ils lui avaient tout pris, tout volé, tout caché... Et il avait fallu qu'on lui prenne Sirius pour qu'il s'en rende compte, pour qu'il réalise qu'il fallait que ça s'arrête. Il regardait les choses en face, se forçant à voir ce qu'il n'avait pas voulu voir jusque là. Cette guerre n'était même pas la sienne, il n'était même pas né lorsqu'elle avait commencé. Il n'adhérait vraiment ni à un camps ni à l'autre. Pourquoi serait-ce à lui de se sacrifier, de tout perdre pour résoudre cet enfer ? Ce n'était pas sa responsabilité. Il l'avait cru ces dernières années mais aujourd'hui, il réalisait qu'il avait été habillement poussé pour le croire. Ce n'était pas son problème. Il n'était qu'un adolescent qui peinait à s'en sortir, qui avait déjà tout perdu. Ce n'était pas à lui de régler ça et certainement pas parce qu'une femme avait fait une Prophétie ou que qui que ce soit le disait. Il ne voulait plus de cette guerre, il ne voulait plus se laisser utiliser, se laisser dicter sa conduite. Il n'y avait que trop perdu, il n'avait que trop subi, vu trop de mort, trop de douleur. Cela devait s'arrêter ou il n'y survivrait pas. Et il devait survivre, il devait vivre pour Sirius, pour Cédric, pour ses parents...

Mage SeigneurialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant