Chapitre 5

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Juin 2019

Cela faisait deux semaines que je travaillais là dessus et je venais juste de finir mon travail. Huit dormait encore alors que je devais partir à la chasse de bonne heure. Je déposai mon travail au pied du lit et m'en allais avec mes armes et mon sac.

Sur le chemin tout boueux d'un matin d'après pluie, j'avais en moi cette boule de stress indescriptible. La même qui apparaissait quand petit je voulais aller demander à mes frères de jouer avec moi. La même que j'avais ressentie le jour de ma fugue. Mais à la fois pas toute à fait la même, celle-ci était moins désagréable que les autres.

Je marchai avec précaution pour ne pas faire de bruit qui ferait fuir les animaux. Je n'étais pas doué en chasse mais j'avais déjà blessé un chevreuil une fois. Il était assez mal en point pour que je puisse me téléporter et finir le travail au couteau.

Malheureusement, ce fût ma seule réussite en deux mois d'essais. Je ne perdais pas espoir, mais cela devenait dur.

Dans la forêt, je ne trouvais plus beaucoup de choses. Je l'avais déjà arpentée tellement de fois que tout avait déjà été ramassé. Des fois, je tombais sur des champignons qui avaient poussé dans la nuit mais pas plus. Je commençais à me dire que je devrais changer de bois mais explorer l'inconnu était terrifiant dans l'apocalypse. J'avais l'impression que j'allais tomber sur de nouveaux cadavres, les centaines que j'avais déjà enterrées étaient bien trop pour mon esprit de préadolescent...

Les grands arbres bougeaient avec le vent, les oiseaux, que je n'essayais même pas d'attraper, chantaient à tue-tête, mais je ne me concentrais que sur les bruits sauvages des animaux.

J'entendais ses pas se rapprocher de moi et je préparais ma lance, décidé à l'abattre. Ils devenaient plus forts encore, plus incompréhensibles, plus lents... Je me tournai vers le dernier bruit et... c'est Huit qui sortit du buisson en souriant. Je baissai ma lance, déçu et content à la fois. Elle me rendait décidément fou cette fille...

Elle s'approcha en riant et me donna un énorme câlin. Tout mon corps frissonna à son toucher. Quand elle me lâcha enfin elle me regarda avec tant de reconnaissance. Les béquilles lui avaient donc plu, et mieux encore, elle avait compris comment les utiliser. Après tout, elle ne savait presque rien faire et apprenait tout de moi donc ça ne m'aurait pas étonné qu'elle ne sache pas se servir de béquilles.

"De rien", répondis-je à son sourire angélique.

Elle regarda brusquement vers sa gauche me faisant signe d'une main de ne pas faire de bruits. Je regardai dans la même direction mais ne vis rien de spécial.

Elle pris ma lance sous son bras et avança avec délicatesse dans cette direction. Je la suivis sans comprendre. Sur quelques mètres, je la pris pour une folle qui entendait des voix, mais c'est là que je découvris un énorme sanglier qui mangeait je ne sais quoi dans son coin.

On arriva dans son dos, sans bruit... Il était à quatre mètres de nous à peine, il n'y avait qu'à lancer l'arme et il était à nous, mais Huit ne fit rien.

Je voulus croiser son regard pour lui demander pourquoi elle ne faisait rien, pourquoi ne pas tuer l'animal pour nous nourrir. Elle leva une de ses béquilles et la tapa violemment au sol, sous mon regard presque énervé contre elle. Le sanglier, à ce bruit, partit en courant, et Huit fit demi-tour.

Je la suivis avec rage.

"Pourquoi tu l'as pas tué! criai-je. Il était juste là!"

Elle avança sans me répondre alors je l'attrapai un peu plus violemment que prévu par le bras et la tournai vers moi.

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