Chapitre 17

222 7 5
                                    

C'était un bruit sourd, celui d'un réveil douloureux. Mes oreilles sifflaient en un son bien trop aigu tandis que tout mon corps engourdi se remettait en marche doucement. J'ouvris les yeux et une aveuglante lumière m'attaqua, me privant de ma vue pendant quelques secondes. Lorsque finalement mes yeux se firent à la luminosité élevée, je pus découvrir l'étrange pièce dans laquelle j'étais coincé.

Les murs étaient couverts des petits carreaux blancs et le sol était de la même couleur. Il n'y avait qu'une grosse porte blindée qui se trouvait sur le côté où j'étais adossé. C'était une pièce d'environ douze mètres carrés je dirais, elle n'était pas très grande et ses quatres murs semblaient assez oppressants. Je notai aussi que dans le coin à droite du plafond il y avait une caméra en marche et un microphone.

Mon premier réflexe en me réveillant fut de chercher Huit. Je la trouvai rapidement, la tête contre le mur en face du mien, encore endormie. Elle était calée dans le coin de la pièce et ne semblait pas souffrante pour le moment ce qui me rassura légèrement. Néanmoins, elle était... très différente. Elle semblait si rajeunie, comme lors de notre rencontre. Je crus rêver mais non, c'était bien Huit. Des années auparavant... Elle n'avait plus cinquante-huit ans mais bien treize. Quant à moi, je regardai mes vêtements devenus bien trop larges pour moi et je devinai que j'avais subi la même chose.

Je cherchai alors à venir auprès d'elle mais mes gestes furent coupés par de grosses chaînes qui me tenaient les bras. J'avais la possibilité de les bouger à peut-être quatre-vingt centimètres du mur, mais c'était tout. Je soupirai donc, prenant conscience du danger dans lequel nous étions ici.

La Directrice me faisait peur. Je n'avais pas peur pour moi, mais pour Huit. J'avais peur qu'elle ne lui fasse du mal, c'était mon pire cauchemar...

Je repensais à ses derniers mots: Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que cela ferait de redevenir un enfant? Toute cette puissance que vous avez avec un corps d'adulte... tous ses muscles... tout ça, disparu à jamais si vous étiez coincés dans un corps d'enfant toute votre vie?... Je ne mis pas longtemps avant de conclure que la Directrice nous avait bel et bien rajeuni, et certainement à vie. Cela ne me plaisait absolument pas, mais ce n'était pas un inconvénient aussi gros qu'elle ne le prétendait, j'étais plus agile lorsque que j'étais jeune. Le problème était la puberté... La puberté à vie serait un inconvénient.

Quand je fus enfin complètement réveillé, je me mis à cogiter. J'essayai mes pouvoirs en vain, les chaînes devaient certainement être faites pour m'empêcher de m'en servir, puis je réfléchis aux meilleurs solutions pour nous en sortir. Je conclus très rapidement que la violence serait la seule et unique solution dans ce cas précis.

Aussi, je remarquai que je n'avais plus mon bracelet à mon poignet et Huit non plus. Cela me rassurait légèrement car j'avais peur de son utilisation par la Directrice. Je m'étais imaginé qu'elle pouvait facilement grâce à cela nous localiser, nous contrôler, peut-être même nous tuer... Sans lui, je me sentais déjà plus maître de mon corps.

Je restai ensuite un long moment à observer celle que j'aime. Je ne savais pas si je devais la réveiller... Je la regardai avec crainte. Je pensai alors que si l'occasion se présentait, je sacrifierais ma vie pour la sienne.

Au bout d'une heure peut-être, je décidai de la sortir de son sommeil.

"Huit, réveille-toi! dis-je assez fort. J'ai besoin de toi."

Elle bougea avec fatigue et ouvrit les yeux avec douceur. Elle se les frotta un peu, comme une enfant l'aurait fait, après tout elle était redevenue cette enfant, puis elle découvrit elle aussi les lieux et les changements. Elle se tourna vers moi avec un air perdu. Elle me dévisagea, comprenant bien qu'il s'agissait de moi, mais ne sachant pas comment réagir à mon rajeunissement.

AnimalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant