Chapitre 18

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"Alors, mon cher Numéro Cinq, comment vous sentez-vous après cette longue sieste?" demanda la Directrice de son ton agaçant de maître de la situation.

La colère en moi ne me permettait pas de répondre. J'avais l'entière conviction que le but de la Directrice pour me faire regretter d'avoir rompu ce fichu contrat était de s'en prendre à ce à quoi je tenais le plus au monde: Huit. C'était ma pire crainte. On aurait pu me torturer, m'arracher les membres, ça n'aurait jamais été aussi douloureux que la femme que j'aime qui refuse de me regarder. Elle me cachait son visage comme si elle avait honte que je la regarde, comme si elle avait honte de m'aimer...

Ça me faisait si mal. Mon coeur était tout serré dans ma poitrine. J'avais imaginé le pire des scénarios possibles par rapport à ce que lui avait fait la Directrice. Malheureusement, j'étais loin d'imaginer les révélations qu'elle était sur le point de me faire. J'étais loin d'imaginer ce que Huit m'avait caché depuis tant d'années...

"Je présume que vous avez peur de ce que j'ai pu faire à votre petite-amie, n'est-ce pas ? dit-elle à travers le microphone d'une fausse voix empathique. Ne vous inquiétez pas pour ça, mon cher. Si cela peut vous rassurer, je ne lui ai absolument rien fait qu'elle n'ait pas déjà en elle."

Qu'elle n'ait pas déjà en elle... Mais que voulait-elle dire par là? Voulait-elle semer le doute dans mon esprit? Si c'était le cas, cela marchait très bien. Je ne comprenais plus rien et je commençais à douter de tout, même de la femme que j'aimais...

Je me tournai vers Huit pour essayer de trouver des réponses sur son visage, mais elle me le cachait toujours. Dans le coin de la pièce, en boule sur elle-même, elle tremblait terriblement.

C'était maintenant moi qui avais honte. J'avais tellement honte, mais pas d'elle, de moi. J'avais honte de douter d'elle. Depuis tant d'années, après tant d'épreuves passées ensemble, tant de bonheur aussi, comment je pouvais douter ne serait-ce qu'une seule seconde de Huit. Elle avait toujours été là pour moi. Elle avait éperdument confiance en moi, et c'était même cette confiance qui l'avait amenée à souffrir autant. Comment j'osais douter de cette merveilleuse femme qui m'avait tout donné: son corps, son cœur, son âme et maintenant sa confiance.

Je me ressaisis vite. Il n'était pas question de douter de ma Huit, pas face à la parole de cette affreuse Directrice! Pas face à la parole de n'importe quelle autre personne d'ailleurs! J'étais convaincu que je ne douterais jamais plus de Huit, et pourtant...

"Son état me dit le contraire, arrivai-je à dire et fixant d'un regard noir la caméra. Qu'est-ce que vous lui avez fait !?

-Ne vous énervez pas, voyons. Je ne vous dis que la vérité. Je ne lui ai rien fait, Numéro Cinq. Elle était déjà comme ça.

-Arrêtez de tourner autour du pot, qu'est-ce qu'il lui arrive !?

-Patience, Monsieur Cinq. Vous allez finir par comprendre de vous-même..."

Un léger son siffla dans la microphone. C'était un bruit très aigu, si aigu que mes oreilles ne le percevaient presque pas, et pourtant Huit se tordit de douleur face à cela. Elle monta ses mains à ses oreilles en pleurant. Ce sifflement semblait lui faire mal, profondément mal. Elle crispa tous ses muscles pour faire face à la douleur et tout en restant la tête cachée de moi, elle se mit à la taper violemment contre le mur.

"Arrêtez! hurlai-je de peur pour elle. Vous lui faites mal, arrêtez! "

Le son cessa doucement et Huit se calma petit à petit. Elle arrêta de se cogner au mur qui avait maintenant un peu de son sang, puis toute tremblante elle enleva ses mains de ses oreilles. Elle me semblait encore plus épuisée, encore plus faible. Ce son avait un effet atroce sur elle qui avait l'air de douloureusement la contrôler.

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