Chapitre 6

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Juillet 2019

Je me souviens bien de cette nuit... C'était un jour assez bon, la température était agréable, la nuit était douce, la lune éclairait faiblement les alentours, et blotti contre Huit, je dormais comme un bébé. J'avais presque entièrement arrêté les cauchemars depuis que nous dormions ensemble...

La jambe de Huit était guérie, d'après moi, dès le lendemain, elle pourrait courir comme elle le souhaite et marcher sans même boiter.

J'entendais le vent souffler à travers la maigre porte que nous avions construite du côté nord de la chambre pour empêcher le froid de trop rentrer. J'étais bien, au chaud collé à la peau brûlante de Huit, mais je ne rêvais pas pour autant.

Un grincement me réveilla, le petit vent faisait sûrement grincer le bois de la porte, rien de plus. Je levai néanmoins la tête pour m'assurer que tout aille bien, que Huit soit bien là, mais rien ne retint mon attention alors je recalai ma tête dans ses doux cheveux et fermer les yeux pour m'endormir de nouveau.

Un singulier bruit, comme un objet que l'on racle au sol... Des souffles lointains pleins de rage et des... grognements.

Je me redressai encore avec cette petite crainte montante en moi... Cela faisait quelques mois que j'étais là, j'avais vu pas mal d'animaux dangereux, mais jamais ils ne s'étaient approchés de l'abri, jamais ils n'étaient venus en ville. Je ne sais pas comment cette nuit-là j'avais deviné que les animaux étaient là, par quelle magie je m'étais réveillé pour les entendre, mais je l'avais fait.

Je sortai du lit sans un bruit, prenant soin de remettre la couverture sur la jeune fille pour ne pas qu'elle prenne froid, et marchai discrètement en direction du bruit.

Dans la pièce principale, aucune bête, mais une longue trainée de sang qui partait du feu et sortait de l'abri. Je pris alors une arme et suivis la trace du regard. Elle me conduisit à, une quinzaine de mètres plus loin, deux animaux affamés dévorant à pleine dent notre gibier chassé dans la journée.

Maintenant, j'entendais les grognements plus fortement, je sentais bien les souffles puissants des bêtes. Je me rapprochai lentement, de quelques mètres seulement, pour entrevoir ce qu'ils étaient, des chiens, des loups, des ours...

L'un d'eux bougea et je pus voir sa belle silhouette de loup des bois, un mâle sûrement tant sa carrure était imposante.

Je voulus alors faire demi-tour, me cacher avec Huit dans la chambre, leur laissant le chevreuil mort, mais sans doute mon poux battant plus rapidement, ma respiration un peu affolée, l'angoisse de voir ces énormes bêtes ou bien la brindille qui craqua sous mon pied me trahirent car les deux monstrueux et bestiaux animaux tournèrent leur yeux rougeoyants dans ma direction, grognant à la mort, à ma mort. Il était trop tard pour faire demi-tour.

Mon corps se pétrifia. Je ne bougeai pas, ne respirai plus, ne fis plus rien. La peur, pour la première fois de ma vie, envahit tout mon corps, et je ne contrôlai plus rien. J'étais à vingt mètres de la chambre, je me rendais bien compte que courir n'aurait rien changé, et se téléporter là-bas pourrait peut-être même les conduire à Huit, et ils la dévorerait elle aussi.

Je restai planté là, regardant droit dans leurs yeux terrifiants. Allaient-ils partir? Me dévorer? Continuer leur festin? Je n'en savais rien jusqu'à ce que de leurs lourdes pattes velues ils s'approchent lentement de moi. Je devinai leurs crocs acérés dégoulinant de bave à l'idée de me manger.

Je réfléchissais comme je le pouvais. Peut-être que si je me téléportai à la dernière minute je pourrais m'en sortir? Je récupérais même si c'était risqué Huit, je trouverais un endroit pas loin d'ici, en hauteur, d'où nous serions en sécurité, et personne à part le chevreuil dont le sort était déjà scellé ne se ferait dévorer.

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