Chapitre 20

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Huit était donc Walter. Depuis tout ce temps, les gros cauchemars qu'elle faisait, pendant que je la cherchais désespérément de partout, ce n'était qu'un prétexte pour s'enfuir dehors sous la pleine lune et se transformer en Walter. C'était elle depuis le début qui m'avait apporté de l'affection, qui m'avait accompagné dans les moments difficiles, qui m'avait sauvé des loups, qui s'était battue avec eux pour protéger notre territoire et qui était même devenue leur chef.

Même si toutes ses informations se bousculaient dans ma tête et me perturbaient, je n'étais pas dégoûté de Huit ou même un peu fâché, au contraire j'étais fasciné. Je savais qu'elle était extraordinaire, elle l'avait toujours été à mes yeux. Maintenant, j'apprenais qu'elle était littéralement extraordinaire. Comme moi, elle avait une sorte de pouvoir. Elle se transformait en un magnifique chien, agile et intelligent. Je n'avais pas les mots. J'étais bouleversé et fasciné...

Je me réveillai et elle était toujours contre mon torse, sa mâchoire contre mon bras. J'avais mal un peu partout. Il fallait avouer que j'étais dans un piteux état. En ayant décidé de ne pas résister, je l'avais laissée m'amocher. J'avais de longues entailles sur le torse, presque sur quarante centimètres. J'ignorais si c'était profond, en tous cas ça me faisait plutôt mal. De plus, mes bras étaient griffés profondément et saignaient abondamment. Quant à la partie qui était dans la bouche de Huit, c'était celle que je sentais étrangement le moins.

Ma tête était engourdie, comme le reste de mon corps, et j'avais très chaud. De plus, ma gorge était bien asséchée. Elle était pâteuse. J'avais besoin de boire et vite.

Je bougeai un peu pour me redresser contre le mur ce qui réveilla Huit. Elle ouvrit ses petits yeux que je reconnaissais maintenant très bien ce qui me soulageait. Fatiguée, elle se décala de moi pour s'adosser au mur et me laisser respirer. Je découvris alors ma chemise couverte de sang. Huit le remarqua aussi et me regarda affolée et désolée. Je lui souris tendrement.

"Je t'en veux pas, avouai-je. Tu ne savais pas ce que tu faisais, c'est pas grave."

Malgré ce que je venais de dire, elle continua de me fixer avec remord. Je lui laissai alors un baiser sur le front pour la consoler un peu.

Pour moi, rien n'avait changé. C'était toujours Huit et j'étais toujours amoureux d'elle. Néanmoins, nous n'avions pas le temps de penser à ça. Dorénavant, il fallait trouver le moyen de sortir d'ici.

"La Directrice doit être bien en colère que son plan n'est pas fonctionné, pensai-je à voix haute. Je me demande ce qu'elle va vouloir nous faire maintenant..."

Huit prit une grande respiration comme si une douleur venait de la prendre. Je me tournai donc vers elle. Sur son visage, je lis en effet un peu de souffrance tandis qu'elle se tenait le bras.

"Qu'est-ce qu'elle t'a fait?" demandai-je.

Elle posa alors ses beaux yeux dans les miens avec tristesse puis me montra son bras. J'aperçus une petite entaille d'un centimètre à peine au niveau de son avant-bras.

"Qu'est-ce que c'est? l'interrogeai-je avec inquiétude.

-Elle m'a enlevé la seule chose qui me permettait de me contrôler un peu... signa-t-elle.

-C'est-à-dire?

-Je n'ai pas le temps de te raconter tout ça maintenant, Cinq, soupira-t-elle. Nous devons sortir d'ici. Une fois dehors, je te dirai tout je te le promets, je ne te cacherai plus rien. Sache juste que je n'ai plus aucun contrôle sur moi, je pourrais à tout moment te dévorer", avoua-t-elle avec désolation.

Ses yeux étaient si jolis à travers toute cette tristesse que j'en oubliai presque leur couleur de la veille. J'étais perdu dedans alors qu'elle me signait des mots. Je m'approchai simplement de son visage et l'embrassai. Je ne savais pas, après toutes ses émotions j'avais besoin du goût réconfortant de ses lèvres. J'avais besoin de sa tendresse et de son amour un moment pour me redonner de la force.

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