Chapitre 10

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Janvier 2024

Nous avions continué notre route vers l'ouest en prenant notre temps. Régulièrement nous croisions quelques lièvres égarés ou des chevreuils qui nous nourrissaient. Sinon, il fallait rationner, ne manger qu'une fois tous les deux jours, boire beaucoup pour couper sa faim et avancer sans se plaindre. La période de survie avait recommencé et elle ne nous avait pas tant manqué.

Nous avions passé en un peu plus d'un mois énormément de recoins nouveaux. Des villes désertes dans lesquelles nous retrouvions quelques merveilles, des forêts superbes où il y avait deux ou trois animaux, mais jamais les loups ne s'arrêtaient à ses endroits car le gibier continuait d'avancer. On ignorait combien de temps il allait falloir pour les rattraper mais on abandonnerait pas.

On traversa une nouvelle forêt inhabitée, on s'arrêta un peu près du ruisseau pour remplir nos gourdes, nous laver, nous reposer un peu et puis on reprit notre route. Les branches nous empêchaient de marcher alors on devait nous frayer un passage à coups de machette. C'était long et épuisant. Personnellement, je commençais à capituler. Les animaux ne voulaient plus de nous, pourquoi nous battre? Je n'étais pas à l'aise en forêt, les légumes de notre potager me suffisaient emplement, et si la faim était trop grande je me contenterais de manger des cafards ou des rats morts. J'étais mentalement et physiquement épuisé par tout cela. Chaque soir, je continuais ce calcul interminable qui nous permettrait de rentrer à l'Umbrella et sauver le monde, mais malheureusement il me manquait certaines notions en therme de voyage dans le temps pour conclure. J'avais réfléchi à cela des milliers de fois, je voulais que Huit vienne avec moi, qu'elle rejoigne l'académie et qu'après l'apocalypse elle vive avec moi. J'ignorais ce que nous aurions fait ensuite, mais je voulais que ce soit avec elle.

Huit était étrangement à l'aise dans la forêt. Elle ne se plaignait pas et avançait sans se retourner. Cette détermination me fascinait et me donnait le courage de la suivre. Dès que je fatiguais, elle m'offrait son sourire et j'étais reparti pour une autre demi-journée.

On arriva devant une façade rocheuse de quatre ou cinq mètres. J'examinai les alentours avec appréhension.

"Il va falloir qu'on grimpe, je ne pense pas qu'on puisse faire le tour, ou sinon on perdra l'ouest de vue et des jours de marche", expliquai-je.

Cela ne nous arrangeait pas dutout, notre charette était très lourde, nous étions fatigués et le mur était très pentu. On retira nos sacs et les posa au sol. Je sortis une grosse corde que je plaçai sur mon épaule.

"Ok... soupirai-je. Je monte en premier, ensuite tu accrocheras la charette et je la monterai à la force de mes bras. Je te repasserai la corde et tu t'y agripperas pour monter à ton tour. Compris?"

Elle ne semblait pas certaine que ce plan soit fiable mais elle hocha la tête quand même. Je repris mon sac et commençai mon ascension. La paroi ne glissait pas mais il fallait trouver de bonnes prises pour se hisser. Je montai les premiers mètres avec difficulté. Mes jambes et mes bras tremblaient de fatigue mais il fallait que je monte. Je continuai avec le peu d'énergie mais ce qui devait arriver arriva et je manquai une prise et sur trois mètres retombai violemment au sol, rapant mes membres contre la roche.

Huit s'empressa de venir me voir. Je n'étais pas inconscient mais néanmoins je n'avais pas "rien de casser". Mon bras me faisait un mal de chien. Je l'examinai en me redressant pour m'assoir.

"Fais chier! jurai-je. Une entorse. Il manquait plus que ça!"

Je m'énervai sur mon cas pendant que Huit retirait son t-shirt pour ne se retrouver qu'en brassière et attachait soigneusement mon bras.

"J'ai sous-estimé ce mur, et surestimé mes talents en escalade", continuai-je de me lamenter en me levant.

Je me tournai vers la charette puis regardai mon pauvre bras en soupirant de nouveau. C'était dans ces moments que mes nerfs chauffaient le plus et Huit le savait.

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