Chapitre 15

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78 jours à la Commission

Je la regardai dormir paisiblement contre moi... Elle était si belle. L'âge ne l'avait aucunement enlaidit, elle avait gardé ses profonds yeux, son magnifique corps, sa belle bouche, son nez, ses joues rougies... Tout. Elle avait à peine vieilli comparé à moi. J'avais beaucoup de rides maintenant, mes cheveux étaient blancs, mes yeux étaient fatigués et mon corps faiblissait légèrement, mais elle... Elle était adulte certes, néanmoins elle n'avait presque pas de rides, son corps semblait en pleine forme et elle continuait d'avoir cette âme enfantine qui m'aidait à tenir au quotidien. Du moins, elle l'avait jusqu'à maintenant...

"J'espère vraiment avoir fait le bon choix..." je pensais parfois la nuit, quand je la regardais somnoler sur moi.

La vie à la Commission n'était pas si affreuse, enfin je crois... La chambre était assez grande. Il y avait une grande table avec des chaises au centre. Dans un coin, on trouvait un canapé, des fauteuils et une vieille télévision que Huit appréciait beaucoup. Dans un autre, c'était le dressing avec une énorme armoire, un miroir et un petit meuble de rangement. Puis il y avait la grande porte d'entrée, qui contenait deux portes automatiques au-dessus desquelles on voyait une horloge. Pour finir, dans le fond il y avait le gigantesque lit, et d'un côté de la chambre, une porte donnait sur une grande salle de bain avec une baignoire deux places qui ressemblait plus à un jacuzzi, une douche en verre et deux robinets surplombés d'un long miroir, ainsi qu'une autre petite porte qui donnait sur les toilettes.

Tout était assez impressionnant mais tous les objets n'étaient pas de la même époque. La télévision et le salon étaient assez ancien quand la salle de bain était plutôt moderne. Le lit datait peut-être de l'Antiquité mais la porte et l'horloge étaient plus futuristes. Nous possédions nos bracelets, que l'on bipait sur un boîtier pour sortir ou rentrer dans la chambre, ainsi que pour le reste, tel que la cantine, la bibliothèque, le cinéma, la salle de sport ou celle de jeux. Il y avait aussi une infirmerie qui ressemblait plutôt à un mini hôpital et une épicerie gratuite pour les quelques personnes qui ne voudraient pas manger à la cafétéria ou qui auraient besoin de quelques objets du quotidien.

J'avoue que j'étais perplexe. L'endroit était bien conçu, nos conditions de vie étaient très bien comparées à celles que nous avions connues, mais le travail à faire était des plus atroces.

Étrangement, ici, je me sentais un peu à ma place, enfin plutôt dans un endroit familier... Cela ressemblait fortement à l'Umbrella à vrai dire. La Commission fonctionnait un peu comme l'académie avec ses entraînements et ses missions affreuses à effectuer pour ne pas se faire renvoyer. La seule différence était les gens. Ici, ils étaient affreusement malveillants, aigris, tristes ou froids, alors qu'à l'Umbrella j'avais mon frère Klaus, le rigolo, Allison et Luther qui flirtaient régulièrement, Ben, Vanya, Diego, Pogo et même Grace! Plus j'y pensais, plus j'avais envie de les retrouver et de les sauver...

Néanmoins, en attendant, nous devions obéir et accomplir nos missions sans broncher. Les premières fois furent assez simples car nous n'avions qu'à attraper un type ou deux, mais après tout s'accélèra...

Quand on dut tuer pour la première fois, ce fût un moment horrible. Huit tremblait, j'avais envie de vomir... Après cet acte affreux que Huit fut la première à exécuter, on décida d'enterrer au moins le cadavre et Huit laissa quelques fleurs...

Les missions s'enchaînèrent rapidement, et on comprit vite que faire cela à chaque fois devenait impossible. Alors à la place, Huit laissait toujours une petite fleur dans la poche de la cible avant de le confier aux crématorium de la Commission...

Lorsque l'on rentrait le soir, on se lavait et se frottait les mains avec rage, voulant enlever ce sang, cette honte, ce dégoût de nous, mais en vain. On comprit qu'il était trop tard pour faire demi-tour, que ces morts nous suivraient à jamais.

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