Les fiancés des ténèbres

16-

Ses mots planaient dans pièce tels une malédiction obscure. Le visage de Mr Torrence était fermé et ses yeux semblaient voir une scène que je ne pouvais voir.

- Et euh c'est mal?, me risquai je à demander.

Je tournai la tête vers Kallias qui n'avait pas changé de position. Et ses yeux ambrés me dévisageaient toujours.

- Alors, m'impatientai je.

- Bien sur que non, mon ange, pourquoi voudrais tu que ça change quelque chose? répondit t'il en souriant d'un air suffisant.

Il se leva brusquement et me tendis la main.

- Si vous voulez bien le permettre Mme Ramirez, nous avons beaucoup à faire.

Je me levai en le fixant, sans tenir compte de sa main tendue.

- Très bien, si Mr le sorcier l'ordonne, j'obéit.

Mon ton était sarcastique, mais il ne se départit pas de son sourire en coin. Loin de se vexer face à mon refus de prendre sa main, Kallias se contenta de la ramener vers lui.

- Qui aurait crut que tu serais obéissante, murmura t'il avec un clin d'œil.

Oh mon dieu. Des remous déferlèrent dans mon ventre et je faillis perdre contenance. Ses yeux me transperçaient et j'étais persuadé qu'un abruti avait augmenté le chauffage de vingts degrés dans les cinq dernières secondes. Sinon comment expliquer mon embrasement soudain. Je croisai les bras pour faire quelque chose. N'importe quoi qui ne trahissent pas mon émoi. Mais je dut échouer lamentablement car ses yeux d'ambre étincelèrent de rire.
Je fus sauvée par Mr Torrence qui se leva brusquement de son bureau. Je l'avais bien sûr complètement oublié.

- Je dois vous laisser, Mr Arcelo devrait arriver d'une minute à l'autre.

Qui était encore cet individu? Avec autant de nouveaux prénoms, je n'avais ni les neurones, ni l'envie de tous les mémoriser. En fait je voulais juste remonter dans ma chambre super cool et reprendre une douche magique qui me ferait oublier les événements. Mais l'on toqua à la porte et la porte s'ouvrît sur une Katharina plus belle que jamais avec à ses côtés Damon. Damon Arcelo donc, je déduisit.

Je remarquai immédiatement le regard haineux qu'elle me lança et celui langoureux qu'elle glissa vers Kallias.

Ah c'est bien beau ça, elle les veut tous ou quoi, fulminai je, ne comprenant pas les pointes de jalousie qui me transpercèrent. Je me mis à marcher afin de sortir de cette atmosphère lourde qui c'était installer à l'arrivée des deux.
A mi chemin, je sentis une main se poser sur mon bas du dos et me pousser un peu plus vers la sortie. Pas la peine de me retourner, l'odeur qui emplit mes sens me confirma qui se tenait derrière moi.

- Par les Dieux, avance plus vite, je ne supporterais pas plus longtemps cette situation.

Je croisai alors le regard de Damon qui paraissait lui aussi furieux. Mais ce n'étais pas moi qu'il regardait.
Kallias et moi passèrent devant eux et je fis un signe de la main à Damon. Il me répondit d'un sourire crispé. Tout le monde était devenu bizarre ou quoi.  Ma colère remonta à la surface et bouillonna dans mon esprit. Qu'est ce qu'il s'imaginait? Que j'avais choisit cette situation? J'étais dans la même histoire que lui.

La main de Kallias paraissait chauffer sur ma peau, et à la pensée qu'il ne faisait ça que pour attiser la colère de la belle jeune fille en face de moi, je sentis mon niveau de frustration atteindre de nouveaux sommets.

Je dépassais donc les battants de ce bureau et fonçai sans plus un regard en arrière.

Je me hâtais d'atteindre le bout du couloir, tournai pour ne plus être vu du duo, et me débarrassait d'un grand coup de la main de Kallias.

- Ouille, se plaignit t'il en agitant la main, calme toi sur les coups, il n'était pas mérité celui là.

- Écoute moi bien Harry Potter, persiflais je en agitant mon doigt sous son nez, je n'ai rien demandé à personne moi, je devais juste être adopté, avoir une nouvelle famille, pouvoir allez à l'école, faire du shopping et manger des fraises à ne plus en pouvoir. Au lieu de ça je me retrouve collé à des abrutis qui n'en finissent pas avec leurs révélations à la con, des responsabilités à deux balles et un « promis » qui me fait un tour de magie dès mon réveil, pour me faire un coup à là « tu es mon âme sœur, respecte moi à tout jamais». Donc vos petites histoires avec l'autre pimbêche qui me hait sans raison et ta main pour attiser sa jalousie, tu te les gardent pour toi, mon pote.

Mon doigt était enfoncé dans son torse désormais et je me tenais sur la pointe des pieds pour le regarder dans les yeux. Ces yeux qui étaient écarquillés et qui me regardaient comme sous le choc.

- Mais enfin pourquoi des fraises, me demanda t'il.

Je respirai brusquement. Il se foutait de moi?

- Tu as de nombreuses autres possibilités à faire après avoir était adoptée pourquoi vouloir manger des fraises, persista t'il.

Je le contemplais sans parvenir à comprendre comment un être censé pouvait sortir cette phrase après une tirade comme cela. Puis je vis ses efforts pour ne pas rire.

- Espèce d'abruti, criai je en le frappant. Du moins je le tentais car il referma sa main sur mon poings avant que j'aille plus loin.

Il se pencha vers moi. Et de nouveau l'étrange sensation de tout à l'heure m'envahît. Je pris peur et tentait de retirer mon bras mais il tint bon. Ses yeux étaient de nouveau dorés et accrochèrent mon regard. Puis sans prévenir il me lâcha. Je reculai de trois bons pas en reprenant mon souffle. Il glissa ses mains dans les poches de son pantalon et se balança sur ses talons en souriant.

- Tu sais on m'avait dis que tu serais petite, tarée et inintéressante mais en seulement une heure tu m'as prouvé cent fois le contraire.

- Quoi, me hérissais je.

Il repoussa ses cheveux en arrière. Fis un pas en avant.

- Ne te méprend pas, tu es assurément toute petite.

Il fit un pas de plus.

- Et probablement cinglée.

Un autre pas.

- Mais sûrement pas inintéressante, souffla t'il à deux centimètres de mon visage.

Avant que je puisse réagir il avait déjà fais deux autres pas de plus et s'éloignait déjà dans le dédale des couloirs.

- Allez viens mon ange, comme je te l'ai déjà dis notre programme est très chargé. Sans parler qu'une nouvelle tâche y a été rajoutée : te trouver des fraises avant tu ne commettes un meurtre...

Je serrai les poings, inspirai une grande goulée d'air, avant de tourner les talons et de m'engager après lui.