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Peut être que je l'avais cherché ? Quelle idée de lui balancer au visage « prouve le moi »! Je m'étais cru dans une série TV? Mon estomac se tordit. Je me jetai hors du lit et cinq secondes plus tard, je vomissais par dessus mes toilettes.

- Oh mon dieu, hoquetai je en m'affaissant au sol. Mon dieu, mon dieu, mon dieu...

Je me recroquevillai. Réel. Tout avait été réel. De la rencontre dans la bibliothèque où j'avais parlé avec lui, jusqu'à ce moment gênant où j'avais atterri sur... sur son lit. Je regardais mes mains trembler. Il avait tout le temps affirmé que c'était le cas. Il n'avait jamais dit que ce n'était que des rêves. Il savait donc que j'avais été à côté de lui, à un mètre, même moins certaines fois... Mais il n'avait pas tenté de m'attraper pour me traîner à l'Alliance. Je ne m'étais jamais attardée d'un certain côté. Ou bien, il savait qu'il suffisait que je m'endorme pour me traîner dans ces rêves. Il jouait avec moi. Je vomis à nouveau. La douleur dans mon ventre ne passait pas. Des à coups le transperçait les côtes et j'avais l'impression que mon cœur allait jaillir de ma poitrine.

- Héra, m'appela une voix féminine.

- Drew, murmurai je alors que les murs de ma salle de bain s'effaçaient.

Je me laissai aller sur le sol. Ses mains me saisirent les épaules et me redressèrent. Des mains froides vinrent se plaquer sur mes joues. Cela me fit le plus grand bien. Je fermai les yeux. De toute façon je ne voyais plus rien. Je me concentrai sur la présence de Drew.

- Tu fais une crise d'angoisse, entendis je.

Vraiment, pensai je. Après tout c'était possible. L'air semblait se raréfier de plus en plus dans mes poumons. Drew me quitta quelques secondes et revint avec un verre d'eau qu'elle pressa sur mes lèvres.

- Boit, me fit elle. En rythme. Cela aidera ton cœur à se réguler.

J'obéis sans réfléchir.

- Maintenant tu suis ma voix. Elle est calme... posée. Tu la suis...

Peu à peu, avec force de paroles apaisantes, je finis par reprendre peu à peu l'usage de ma vue. Elle se clarifia. Mes muscles contractés, se détendirent un peu. Je levai les yeux. Ma respiration se bloqua soudainement. Ce n'était pas les cheveux dorés de Drew que j'avais devant moi. Mais les boucles d'ébène de Katharina. Elle se laissa tomber en arrière en me dévisageant.

- Respire, bougonna t'elle. Je ne repars pas dans ce numéro si tu refais une crise.

- Euh, merci, bafouillai je en rougissant de honte.

Elle venait de me surprendre, en train de complètement perdre les pedales.

- Pas de souci, fit elle. J'en fais aussi, ajouta t'elle ensuite presque à contrecœur.

- De quoi ? Des remerciements ?

- Non des crises d'angoisse, idiote, soupira la jeune femme.

- Ah...

Nous restâmes silencieuses.

- Tu peux te relever, finit par dire Katharina.

Je hochai la tête et me remis sur pieds. Je tanguais l'espace d'une seconde. Je sortis de la salle de bain, raide comme un piquet. Je m'assis sur mon lit, aux couvertures sans dessus dessous et contemplai l'armoire devant moi. L'ensemble du mobilier était devenu noir. De même que les murs, le sol et cela assombrissait la chambre. Avec un soupir Katharina s'assit à côté de moi.

- Il est très doué pour manipuler les gens, fit elle en plantant ses yeux de glace droit dans les miens.

Je ravalai ma salive. Elle savait.

Les fiancés des ténèbres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant